La Société du Canal de Provence, historiquement impliquée dans le pilotage de l’irrigation, a monté un partenariat avec la start-up Fruition Sciences (Montpellier et Californie), spécialisée dans la gestion de données pour l’agriculture et tout particulièrement la viticulture. Le résultat : une plateforme web spécialement conçue pour les exploitations agricoles provençales, SCP AgriData. « La SCP dispose déjà de capteurs dans le sol pour connaître les besoins en eau des cultures, explique Alice Ract Madoux, ingénieur agronome. Auparavant, les agriculteurs devaient effectuer leurs relevés mécaniquement, ce qui était fastidieux. Cet outil de gestion permet désormais de traiter l’avalanche de données de ces capteurs, et de bien d’autres, pour mieux appréhender la variabilité d’une exploitation agricole et ainsi économiser les intrants et optimiser l’irrigation. »
Le réseau SCP dispose d’une trentaine de capteurs mais AgriData a été conçu pour être totalement interopérable avec de nombreux fournisseurs : données de sol (teneur en eau, sonde tensiométrique), mais aussi stations connectées de météorologie (cumul de précipitations, vents). SCP AgriData permet également d’intégrer une cartographie NDVI (Normalized Difference Vegetation Index). « Selon les besoins de l’exploitant, nous avons la possibilité, grâce à un avion, d’effectuer une photo aérienne de la parcelle, dans le visible et l’invisible, qui mesure la vigueur des plantes. » Un outil utile, par exemple, lors de la préparation des vendanges, afin de suivre la maturité des plantes et ainsi positionner les échantillonnages et différencier la fertilisation. Grâce à une technologie développée par Fruition, des capteurs de flux de sève peuvent également se placer directement sur la plante pour mesurer son stress hydrique.
« Notre objectif est de démocratiser ces outils d’aide à la décision, d’ordinaire réservés à des techniciens. L’irrigation a longtemps été une affaire de spécialistes et les différents mondes liés à l’exploitation agricole étaient cloisonnés. SCP AgriData permet de raisonner l’irrigation en fonction de tous les facteurs et y associer différents intervenants comme les coopératives d’engrais par exemple. » Cet outil, lancé en mai dernier, compte une vingtaine de clients dans la viticulture comme le domaine de Beaulieu à Rognes, et le Château de Berne à Lorgues. La SCP souhaite à présent élargir sa clientèle et travaille désormais avec l’arboriculture fruitière. « Nous avons mené des expérimentations sur la pomme, l’amande et l’olive et nous sommes à présent capables de proposer des services sur ce secteur là », précise Alice Ract Madoux.L’objectif 2018 pour la SCP, c’est ainsi d’augmenter le nombre d’abonnés et de déployer son outil pour de nouvelles cultures.
Mais la SCP expérimente également l’irrigation à la commande. « Depuis la plateforme web, l’utilisateur pourra ouvrir ou fermer l’électrovanne qui permet de contrôler l’irrigation. » Les prototypes de ces électrovannes, conçues en partenariat avec la start-up montpelliéraine Sensing Labs, ont été testés au Château de Pourcieux. Et pour bénéficier de ce nouveau service disponible dans les prochaines semaines sur SCP AgriData, peu d’investissements sont nécessaires. « Il suffira d’ajouter sur les vannes existantes un module. Notre objectif est de ne pas dépasser un surcoût de 100 euros par vanne. »