Le gouvernement a lancé ce jeudi 3 septembre France Relance, le plan à 100 milliards d’euros, « dont 40 milliards sont issus de financements obtenus de haute lutte auprès de l’Union européenne » souligne Emmanuel Macron, qui doit permettre à la France de retrouver en 2022 son niveau de développement d’avant le coronavirus. France Relance présenté par le Premier ministre Jean Castex s’étend sur deux années budgétaires et prévoit des mesures chiffrées détaillées dans un document de 296 pages (voir le document source en dernière page).
Le premier écueil qui hante tous les économistes est la relance ratée de 2010 : ni U, ni V, mais une non-reprise qui a plombé les entreprises et l’emploi. Faiblesse des investissements, instabilité fiscale, restrictions budgétaires ont fait que la France, qui avait bien passé le cap de la crise des subprimes, a raté son redécollage. Le Premier ministre s’est donc engagé et il garantit la stabilité fiscale : pas d’augmentation d’impôt ni pour les particuliers ni pour les entreprises. Le financement devra venir de la croissance retrouvée et de la reconversion de notre économie.
Financer l’investissement productif… en France
Le second écueil serait d’alimenter le tonneau des Danaïdes d’une économie importatrice et non productrice d’emploi. Si les mesures massives de soutien aux salariés, aux indépendants pendant le confinement étaient vitales, elles produisent économiquement des effets pervers. Les Français, les plus aisés naturellement, ont accumulé une épargne de 100 milliards d’euros qui demeure improductive et lorsqu’ils dépensent, ils achètent le plus souvent à la machine industrielle asiatique qui ne crée dans notre pays que des emplois de vente et de logistique. Une allocation de rentrée scolaire par exemple, va améliorer la vie des familles, mais les parents vont acheter des fournitures et de l’informatique « made in China » ou des vêtements produits en Asie où toute la mode enfantine est localisée.
Le gouvernement s’est donc livré à un travail de micromécanique pour instiller l’argent public là où il peut produire de la valeur en France et donc de l’activité. Le gouvernement en confie les clefs à Bercy, mais avec une clause astucieuse : le plan n’est pas dans le budget : « La mise en œuvre concrète du plan de relance passera par une mission budgétaire unique « Relance » pour 2 ans (2021-2022), pilotée par le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance. L’objectif est de séparer les dépenses du plan de relance sur 2021-2022 des dépenses habituelles des ministères. » Ce qui protège autant que faire se peut, des coups de rabot des cost-killers publics sur le plan. Au niveau local, les « comités de suivi régionaux » veilleront à informer l’ensemble des acteurs locaux des modalités de mise en œuvre du plan, à suivre l’avancement des projets sur les territoires et à identifier et résoudre les points de blocage éventuels.