Le président de la République, Emmanuel Macron, subit, un peu plus d’un mois après son élection pour un second mandat, un revers cuisant aux élections législatives. La plus petite majorité de la Ve république lui est accordée mais elle est loin de la majorité absolue (289 sièges) de l’Assemblée nationale sortante. Selon les projections des différents instituts, le bloc Ensemble comprenant La République en Marche, le Modem et Horizons, obtiendrait de 225 à 240 sièges. La coalition de gauche (EELV, PS) et d’extrême gauche (LFI, PCF) constituerait le second groupe de l’Assemblée dans une fourchette de 155 à 170 parlementaires devant un bloc rassemblement national (85 à 90 sièges) et un groupe LR-UDI aux environ de 70 sièges.
Dans les Bouches-du-Rhône et à Marseille en particulier, l’affaiblissement de la majorité présidentielle au profit du Rassemblement national et de la Nupes est particulièrement marqué. A Marseille, Claire Pitollat est la seule rescapée LREM de l’ancienne Assemblée. Heureusement pour la majorité présidentielle, Lionel Royer-Perreaut et Sabrina Roubache sont élus dans les quartiers est de la ville. Dans le département hors Marseille l’extrême droite gagne cinq sièges sur les neuf en jeu.
La majorité contrainte à passer des accords
« Cette configuration constitue un risque pour notre pays » a reconnu dans la soirée la Première ministre Elisabeth Borne commentant les résultats nationaux du second tour. C’est en effet la première fois qu’un président réélu se voit confronté à une telle majorité relative sous la Ve République.« Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d’actions. Il n’y a pas d’autre alternative.(…) Les sensibilités multiples devront être associées (…) Les Français nous appellent à nous rassembler pour le pays» observe Elisabeth Borne, élue elle-même pour le première fois, mais de justesse dans le Calvados.
La soirée n’a pas été brillante pour le majorité sortante. Plusieurs caciques du pouvoir en place ont été battus à l’instar de Christophe Castaner, le président du groupe LREM à l’Assemblée, perdant dans son fief des Alpes de Haute Provence. Battus également Richard Ferrand, qui trônait au perchoir du Palais Bourbon tout comme la ministre de la transition écologique Amélie de Montchalin.
L’arrogance d’Emmanuel Macron pointée du doigt
Les commentaires politiques durant la soirée ont été particulièrement sévères à l’égard de la majorité présidentielle. Les critiques des différentes oppositions, revigorées par les scores obtenus, ont particulièrement ciblé le président de la République, accusé d’avoir été particulièrement arrogant dans l’exercice de son pouvoir.« Ila joué aux apprentis sorciers et il s’est brûlé» estime le LR Eric Ciotti, réélu dans les Alpes-Maritimes.« Le roi est nu» déclare de son côté Jean-François Copé (LR).
Pour Jean-Luc Mélenchon, initiateur du rassemblement Nupes,« la déroute du parti présidentiel est totale.» PourMarine Le Pen, ce dimanche est un véritable« ressourcement démocratique.» Et d’ajouter :« Nous incarnerons une opposition ferme sans connivence mais respectueuse des institutions.» Sandrine Rousseau d’EELV estime que« c’est le numéro de marionnettiste » d’Emmanuel Macron qui est sanctionné.
Au sein du gouvernement, on tente de laisser passer l’orage. Gabriel Attal, actuel ministre Ministre de l’Action et des Comptes publics, réélu dans les Hauts de seine, le résultat est loin d’être ce qu’il espérait.« Il s’agit maintenant de bâtir des consensus » annonce-t-il dans la perspective de gouverner la France. Il reste à savoir qui voudra d’un tel consensus proposé par un pouvoir affaibli que les Français viennent en partie de désavouer.
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