Séïsme politique dans le Var. L’homme fort du département, Hubert Falco, maire de Toulon et président de la métropole Toulon Provence Méditerranée a été démis vendredi 14 avril de ses mandats avec effet immédiat par la justice pour avoir « totalement bafoué » son devoir d’exemplarité dans une affaire de détournement d’argent public.
L’élu, ex-membre du parti Les Républicains rallié à Emmanuel Macron, a été condamné par le tribunal correctionnel de Marseille à trois ans de prison avec sursis, à la confiscation de 55 000 euros qui avaient été saisis sur son compte et à une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire, c’est-à-dire applicable immédiatement, même en cas d’appel.
Âgé de 75 ans, Hubert Falco qui avait publié en début de semaine sur compte Twitter un message d’indignation devant le traitement qui lui était réservé (voir ci-dessous) chute sur une affaire de repas et de pressing réglés, illégalement selon la justice, sur des fonds publics du conseil départemental.
𝗠𝗲𝘀𝘀𝗮𝗴𝗲 𝗱'𝗛𝘂𝗯𝗲𝗿𝘁 𝗙𝗮𝗹𝗰𝗼
— Hubert Falco (@hubertfalco) April 11, 2023
Après de longues années de vie publique régulièrement contrôlée, comme le veut la règle en matière de gestion des collectivités, par des enquêtes et rapports divers, jamais un emploi abusif d’argent public de ma part n’a été relevé. pic.twitter.com/AanLcjm4TI
« Hubert Falco, a quitté le tribunal tête baissée, sans un mot. C’est un vrai séisme pour Toulon où il avait été réélu trois fois au premier tour et où il se présentait comme un rempart au Rassemblement national à qui il avait repris la ville en 2001» relate l’AFP.
La présidente du tribunal Céline Ballerini citée par la même source a estimé que lorsqu’il venait déjeuner gratuitement à la cafétéria du conseil départemental du Var alors qu’il n’en était plus président, il avait « manifestement profité d’un service qui ne (lui) était pas dû ». Comme pour les repas du soir qui étaient préparés pour lui et sa femme et stockés dans un réfrigérateur dédié -d’où le nom de l’affaire du « frigo de Falco »- aux frais du contribuable.
Au total, ces repas privés servis à Hubert Falco et son épouse, employée du conseil départemental, auraient coûté au contribuable au moins 64 500 euros entre 2015 et 2018, selon les enquêteurs. Les faits avaient été révélés par un ancien responsable de la cuisine qui s’est suicidé durant l’enquête, puis confirmés par d’autres, dont un directeur des services précise l’AFP. Sur les frais de pressing que le couple Falco faisait aussi régler « pourquoi faire assumer par le conseil départemental des sommes aussi risibles ? », s’est demandéCéline Ballerini. Ces faits, « par leur petitesse », témoignent « d’un manque de respect évident » des institutions et montrent que « le conseil départemental restait votre territoire » dénonce-telle dans les propos repris par Le Parisien qui précise que le procureur, qui avait fait des réquisitions conformes aux peines prononcées, avait lui qualifié le dossier de « vrai scandale ».
Le soutien de Renaud Muselier et Christian Estrosi
Le président de la Région Sud, Renaud Muselier, et le maire de Nice Christian Estrosi, alliés politiques du désormais ex-maire de Toulon ont rapidement réagi à travers un communiqué commun.
« Grand serviteur de Toulon, Hubert Falco est aussi un grand serviteur de l’Etat puisqu’après avoir été plusieurs fois ministre des présidents Chirac et Sarkozy, le président de la République Emmanuel Macron lui avait récemment confié une mission nationale sur la modernisation de la sécurité civile et la protection contre les risques majeurs, au regard de sa grande expérience du sujet en région Provence Alpes-Côte d’Azur. Aujourd’hui, alors que cette épreuve vient le toucher, nous voulons lui redire notre amitié et lui renouveler notre soutien » ont déclaré Renaud Muselier et Christian Estrosi (communiqué ci-dessous).
De son côte le Rassemblement national par la voix du député des Bouches-du-Rhône, Franck Allisio, également président du groupe RN au Conseil régional« prend acte » de la décision de justice« qui vient rappeler que, dans notre démocratie, personne n’est au-dessus des lois et que bien souvent les plus grands donneurs de leçon s’avèrent manquer malheureusement d’unité de vie. »