Nous publions ci-dessous le point de vue* d’Yves Delafon concernant la réforme des retraites. Yves Delafon, chef d’entreprise, président de l’association Africalink, est l’ancien président du Gepa, a été le relais territorial En Marche ! en Pays d’Aix pendant la campagne des présidentielles. Il vient de rejoindre la candidature d’Anne-Laurence Petel à la mairie d’Aix.
Une réforme majeure est en négociation aujourd’hui dans notre Pays. Moment difficile, conflictuel et passionné, qu’il faut appréhender en le dissociant d’une approche conjoncturelle principalement liée à une obsession « anti-Macron » qui aveugle nombre d’acteurs et de commentateurs. Justifiée ou non, cette posture émotionnelle n’est pas le sujet.
Trois caractéristique fondamentales doivent être rappelées pour revenir à la raison :
La réforme du système des retraites s’impose au regard de chiffres dont la brutalité est impitoyable. En 1960, la durée moyenne de la retraite était de 11 ans, en 2020 elle est de 26 ans. En 1960 toujours, le ratio actifs/retraités était de 4 actifs assurant le financement d’un retraité. En 2020, ce ratio est passé à 1.7 actif assurant la pension d’un retraité. Ce système ne peut, à l’évidence se poursuivre !
La nécessité d’une réforme est reconnue unanimement (gouvernement, partenaires sociaux, opinion publique) Mais sa forme, ses moyens et sa mise œuvre divisent les acteurs politiques, syndicaux et catégoriels.
La complexité du sujet, avec ses implications profondes, le rend difficilement compréhensible pour la majorité d’entre nous.
La retraite… ll y a ceux qu’elle terrifie, ceux qui ne l’imaginent même pas, et ceux qui la voient comme l’objectif d’une vie…
Yves Delafon
La plupart ne sachant, ou ne pouvant, en avoir une vue d’ensemble, chacun focalise sur ce qu’il sait, ou suppose, des conséquences personnelles d’un changement des règles. Entre injustice avérée et égocentrisme borné. A cela s’ajoute des appréhensions très variées de la retraite : il y a ceux qu’elle terrifie, ceux qui ne l’imaginent même pas, et ceux qui la voient comme l’objectif d’une vie…
Les dernières déclarations du Premier Ministre sur l’abandon de l’âge pivot à 64 ans, conditionné par un accord qui respecterait l’obligation de l’équilibre financier, est un signal fort (et inhabituel au cours des dernières décennies) d’une volonté d’écoute, de dialogue et de consensus.
Ceci est exemplaire d’une méthode de relance du dialogue social, prônée par le Président de la République, et dont la réussite pourrait être une véritable révolution dans nos comportements sociétaux. Sa mise en œuvre, qui prendra du temps, suppose à la fois une pédagogie et une communication dont nos élites n’ont pas l’habitude, et une volonté commune d’acceptation qu’un avis différent ne fait pas de notre voisin un…ennemi.
Cette approche d’un nouveau débat positif ne doit se limiter, ni au sujet propre des retraites, ni aux sphères parisiennes.
Yves Delafon
Il faut toutefois accepter l’idée que certains groupes politiques ou syndicaux sont structurellement opposés au débat. Leurs motivations n’étant ni le consensus, ni la paix sociale, mais exclusivement inspirées par des positions corporatistes, des ambitions personnelles, des projets politiques mortifères, et, d’une façon générale, des impératifs de survie comme groupe de pression, dont la CGT actuelle est un exemple remarquable. Avec ceux-là, le débat est encore illusoire et la confrontation inutile. La vraie réponse réside dans un rappel du périmètre d’exercice du droit constitutionnel de grève, en particulier la continuité du service public et les atteintes aux besoins essentiels du pays.
La France se redresse (attractivité, croissance, emploi), mais ne pourra confirmer cette tendance (en particulier en matière de comptes publics et d’endettement) sans une réflexion partagée, dans l’intérêt commun, dans l’écoute positive et dans l’acceptation de compromis dont aucun ne sort défait ou humilié.
Cette approche d’un nouveau débat positif ne doit se limiter, ni au sujet propre des retraites, ni aux sphères parisiennes. Elle peut, et doit, être utilisée dans les territoires, à l’échelon de proximité que sont les communes. En particulier lors de l’élaboration et la mise en œuvre des projets municipaux.
Yves Delafon
(*) Gomet’, média local attaché à l’animation du débat sur notre territoire, ouvre régulièrement ses colonnes à des contributeurs extérieurs. Les points de vue exprimés dans ces tribunes n’engagent pas la rédaction de Gomet Media.