Une patrouille de police, diligentée par la préfète Frédérique Camilleri, vient de partir. « Tout est nettoyé, vous ne verrez plus rien ! » lance Alain Gargani, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, venu soutenir jeudi 21 juillet les commerçants de Noailles (1er arrondissement), un quartier populaire entre le cours Lieutaud, la Canebière et la rue de Rome. « On a fait la demande à la préfète de Police. Les gendarmes sont venus, mais dans deux heures il n’y aura plus rien. Les vendeurs à la sauvette vont revenir… » déplore l’élu.
Depuis la fin du confinement en septembre 2021, les commerçants dénoncent une augmentation de l’insécurité dans le quartier avec l’installation des vendeurs à la sauvette en pleine journée. « Avant on arrivait à cohabiter car ils s’installaient en soirée quand on fermait. Maintenant, ils arrivent dès huit heures du matin. Ça nous fait de la concurrence. Mais surtout, ça fait peur aux touristes et aux clients » explique Mohammed, le fils du propriétaire de la boucherie du grand marché.
Pertes de chiffre d’affaires de 30%
Sa boucherie, installée sur le marché des Capucins, accuse une perte de 30% de son chiffre d’affaires depuis un an comme plusieurs de ses confrères. « C’est l’effet du Covid, mais depuis leur installation c’est pire… » s’attriste le commerçant. Plus haut, au début la rue d’Aubagne, Isabelle Verhes, la fleuriste à l’initiative du collectif « Noailles engagés », est à bout de force : « J’ai ouvert ma boutique en 2018, mais là je vais fermer. J’ai une telle baisse de chiffre d’affaires… Le mois dernier (juin) j’ai fait 6 000 euros contre 16 000 en septembre dernier. »
Pour les commerçants, la solution est simple : une patrouille récurrente des forces de l’ordre qui sillonne le quartier plusieurs fois par jour. « C’est la première fois que l’on voit la police venir plus d’une heure tourner » déplore Mohammed qui garde pourtant son sourire. Dans un tweet, la préfète de Police Frédérique Camilleri, se félicite pourtant de soutenir les commerçants avec l’adjoint à la sécurité de la ville de Marseille, Yannick Ohanessian. Et promet de continuer le travail engagé.
📍A Noailles @prefpolice13 et @yann_ohanessian ont assisté cet après-midi à l’une des opérations quotidiennes de lutte contre les ventes à la sauvette.
— Préfète de police des Bouches-du-Rhône (@prefpolice13) July 21, 2022
✅Etat et ville poursuivront tant qu’il le faudra les efforts engagés ! pic.twitter.com/uR52gH5lGO
Les commerçants pointent l’’inaction des pouvoirs publics
Pourtant, la fleuriste Isabelle Verhes, porte-voix des commerçants, regrette « un mépris de la mairie de ne pas nous répondre… et c’est pire que tout. » Plusieurs commerçants l’approuvent et sont remontés par l’inaction de la municipalité, malgré ce déplacement. « Ce dossier c’est la patate chaude. La municipalité de secteur renvoie à la Ville, qui renvoie à l’Etat… On n’en peut plus. C’est urgent ! » alarme la fleuriste.
La commerçante veut donner sa dernière énergie pour régler cette tension dans la ville. « Je n’ai plus peur, je n’ai plus rien à perdre. Je vais passer mes dernières semaines à lutter » lâche-t-elle derrière ses grandes lunettes de soleil. Mohammed, veut aussi continuer à se battre. « Partir ça serait trop facile, affirme ce boucher de père en fils, Nous on veut rester pour améliorer les choses, même si ça devient de plus en plus difficile à vivre… »
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