Nouveau coup de frein pour le tout-voiture à Marseille. La Métropole Aix-Marseille lance lundi 17 janvier une grande consultation publique, avec l’appui de la mairie, concernant la création d’une zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) de 19,5 km² au cœur de Marseille.
Dans le cadre de cette collaboration, la Ville propose de « mettre à la disposition de la Métropole les lieux nécessaires à l’organisation de cette concertation » qui court jusqu’au 1er mars, « afin que l’ensemble des habitants puissent être inclus dans le dispositif », renseigne un communiqué de la Métropole. Chacun peut participer à la consultation via le registre numérique dédié, en mairie de secteur, au siège de la Métropole ou bien par l’envoi d’un mail aux services compétents (zfe-m@metropole.fr).
Les deux institutions locales ont convenu de travailler main dans la main suite à une réunion tenue le 13 décembre dernier entre Amapola Ventron, conseillère métropolitaine délégué à la protection de l’environnement, et Audrey Gatian, adjointe au maire de Marseille en charge des mobilités. Cette dernière soutient le projet d’une ZFE-m à Marseille depuis sa prise de fonction (lire notre interview en octobre 2020).
La ZFE est une condition indispensable à la baisse de la pollution atmosphérique. Elle doit s’accompagner d’une politique de transports ambitieuse.
Audrey Gatian, communiqué du 17 janvier 2022
Une ZFE-m à Marseille ?
Le principe d’une zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) consiste en la possibilité pour une collectivité de limiter l’accès à une partie du territoire aux véhicules les plus émetteurs de polluants atmosphériques pendant une période donnée (jours, heures, etc.), selon des critères de son choix, dans l’objectif d’améliorer la qualité de l’air et protéger la santé des populations. Dans le périmètre d’une ZFE-m, seuls les véhicules les moins polluants – en fonction de leur certificat crit’air – ont le droit de circuler. L’obtention d’une vignette crit’air coûte 3,67 euros.
Calendrier de la ZFE-m marseillaise (source : Métropole)
Cinq ZFE-m existent déjà en France – métropole de Lyon, Grenoble, Paris et Grand Paris, Toulouse métropole et Rouen-Normandie. D’ici 2025, toutes les communes de plus de 150 000 habitants devront s’approprier le dispositif pour se plier aux exigences de la nouvelle loi climat et résilience, votée en juillet dernier à l’Assemblée. Une vingtaine de ZFE-m françaises sont en préparation. Selon le service de la donnée et des études statistiques (SDES), dans le parc automobile métropolitain, un véhicule sur dix est un mauvais élève en terme de pollution atmosphérique (8% sont crit’air 4, et 2% sont crit’air 5).
Considéré comme un des piliers structurant du programme « Marseille change » lancé en mars 2019, le dossier « ZFE-m Marseille » végète dans les tiroirs métropolitains depuis le 16 avril de la même année – date à laquelle l’institution présidée par Martine Vassal a remporté l’appel à projet lancé par l’Ademe, décrochant au passage 1,3 million d’euros pour mener à bien les études préalables. Le périmètre dessiné par la Métropole couvre la quasi-totalité de l’hypercentre marseillais (Prado 2, Rabatau, le Jarret, Lesseps, Littoral, Plombières, Euromed 1 et 2) – une aire urbaine habitée par environ 315 000 Marseillais.
37 000 Marseillais sont exposés à un taux d’émissions polluantes supérieur aux valeurs limites européennes.
Métropole AMP, communiqué du lundi 17 janvier 2022
Initialement prévue pour décembre 2021, afin de rentrer dans les clous de la nouvelle loi d’orientation des mobilités (LOM), la ZFE-m marseillaise est finalement annoncée pour la fin d’année 2022. Elle entrera en vigueur au mois de septembre 2022, pour une première phase pédagogique. À partir de 2023, la Métropole avertit que de nouvelles restrictions seront progressivement introduites « afin que la ZFE-m du centre de Marseille puisse jouer pleinement son rôle et agir pour permettre à chacun de mieux respirer ».
La ZFE-m est encore sujet à quelques polémiques. Les usagers marseillais n’ont pas tous les moyens de s’offrir un véhicule « éco-friendly », plus respectueux de l’environnement, certes, mais aussi plus coûteux. Dès septembre prochain, les véhicules polluants (crit’air 5) ne pourront plus circuler dans le centre-ville de Marseille.
Côté financements, les élus métropolitains ont voté en décembre dernier une enveloppe de 2,5 millions d’euros « pour la mise en œuvre technique », renseigne le communiqué. Des panneaux de signalétiques – plusieurs centaines selon le journal 20 minutes – seront installés cet été pour délimiter la zone ciblée.
Document source : présentation du projet ZFE
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