Une élection peut en effet en cacher une autre, et malgré les efforts de quelques collectifs (Le Mouvement, Métropole des citoyens), la thématique majeure du territoire n’affleure pas dans le débat. Exception notable : l’écologiste Sébastien Barles organisait à Marseille mardi un meeting métropolitain.
La Métropole Aix Marseille Provence c’est pourtant un enjeu à plus de 4 milliards d’euros et de la clé de toutes les grandes politiques publiques. Pour la première fois, les citoyens des 92 communes de l’espace métropolitain vont savoir qui ils délèguent pour gérer ce budget. Lors de la constitution de la Métropole actuelle, l’assemblée avait été constituée à partir des six intercommunalités existantes. Si le vote des 15 et 22 mars prochains est encore dispersé en 92 communes, l’assemblée des 240 conseillers qui se réunira en avril prochain sera élue avec plus de transparence.
Par un arrêté du 30 octobre 2019, le préfet des Bouches-du-Rhône a publié la répartition des 240 sièges en fonction de la démographie des communes au 1er janvier 2019. Marseille perd quelques fauteuils passant de 108 à 102. La même composition à une unité près que le conseil municipal qui compte 101 élus. Le paysage évolue peu : Aix-en-Provence aura 17 conseillers; quatre villes envoient cinq conseillers : Aubagne, Martigues, Salon-de-Provence, et Istres; une ville disposera de trois conseillers : Miramas ; et quatre villes en auront deux : les Peines Mirabeau, Allauch, Gardanne, Pertuis. Toutes les autres communes seront représentées par leur maire.
Si le score de Marseille est impressionnant et massif, il faut avoir en tête que les conseillers métropolitains seront désignés dans les huit secteurs avec les aléas que l’on connaît de ce mode électoral. Comme une répartition bipartite, qui dégage une large majorité des trois quarts, comme sous Jean-Claude Gaudin, semble exclue à ce jour, il est tout à fait possible que la délégation phocéenne comporte des couleurs politiques qui refléteront tout l’échiquier : du Rassemblement national au Printemps Marseillais.
Celui ou celles qui voudra briguer la présidence devra alors séduire les 78 maires de petites communes qui vont fortement se renouveler. Le rassemblement hétéroclite des Maires de Provence qui se disent « ni de droite ni de gauche » et qui dénoncent la Métropole telle qu’elle est aujourd’hui vont peser à ce moment-là pour l’élection d’un président redistributeur plutôt que d’un président investisseur. Principal enjeu : la manne annuelle de 200 millions d’euros dont ils ont pris l’habitude de disposer avec l’accord de gouvernance institué par Jean-Claude Gaudin.
Les 427 conseillers territoriaux actuels disparaissent le 15 mars en tant que tel : seuls les membres du conseil métropolitain représenteront les communes au sein des Conseils de territoires qui n’auront plus qu’un rôle consultatif sauf délégation du Président.