Coup d’envoi pour le festival de photographie aixois Phot’Aix le jeudi 9 octobre au musée des tapisseries d’Aix-en-Provence. Un comité limité a pu découvrir les 13 photographes choisis pour incarner les « regards croisés » Afrique de l’Ouest-Provence, le thème de l’édition 2020. Covid-19 oblige, la conférence a dû être divisée en deux pour en diminuer la jauge, la première à 16 heures et la seconde à 17 heures. La majorité des artistes africains n’a malheureusement pas pu faire le déplacement. Ils ont cependant pu envoyer une vidéo détaillant leur processus de création. Le débat était animé par Samantha Rouchard, journaliste pour Le Ravi et Libération.
Dans la première pièce de l’exposition, les silhouettes noires sur fonds de tissus colorés (« Qui sont ces hommes d’ombre ») du photographe burkinabé Saïdou Dicko viennent côtoyer les « chasseurs de l’invisible » de Dany Leriche et Jean-Michel Fickinger. Deux démarches qui visent à remettre en question notre représentation de l’autre. «J’ai toujours été fasciné par l’ombre […] j’aime éliminer l’apparence pour permettre d’imaginer et d’identifier autrement ». Les deux professeurs, respectivement à l’université Panthéon Sorbonne et aux Beaux-arts de Nancy ont choisi de photographier des chasseurs africains sur un fond très neutre, pour mettre en valeur leur apparences et leurs attributs. « On ne peut échapper à son identité, il n’est pas montré comme un objet d’étude ou un objet de marchandise, comme les anthropologues ont pu le faire par le passé »
Dans une deuxième pièce bien plus sobre, l’univers onirique de Maguy Lentini (« reconstruction »), invite au voyage aux côtés des montages photographiques de Nomwindé Sawadogo, originaire de Ouagadougou (« Faire de la photo une fête »). Pour lui « s’habiller c’est manifester sa joie ou ses sentiments par ses vêtements » Sur ses oeuvres, différentes silhouettes sont remplacés par des textures et des motifs évoquant des wax africains. « L’Afrique est un continent dont on parle dans la presse étrangère de manière pessimiste, j’ai voulu plutôt présenter les sourires, la poésie et la joie »
Quelques mètres plus loin, Les portraits aux textures craquelés du béninois louis Oké-Agbo, choisis pour illustrer cette édition du festival, côtoient les Portraits BarOques du duo père-fille Philippe et Claire Ordioni. Pour l’artiste africain, les différentes textures de ses oeuvres représentent la « superposition de deux matières, le corps humain et le corps de la terre ». Egalement dirigeant d’un cabinet d’Art-thérapie, l’important est pour lui de respecter les éléments de la vie et de la nature. Une démarche de soin et de réparation qu’on retrouve dans les photographies du duo Ordioni qui dépeint la marginalité et l’étrange « On essaie de s’adresser à tout le monde à travers une fiction du quotidien ».
Dans la dernière pièce de l’exposition, la reconstitution d’une chambre capte notre regard vers les « empreintes de mes rêves » du malien John Kalapo, des photographies de chambres figées, portant les traces de leurs propriétaires. Le temps est également figé dans les années 70 dans les photographies de Nathalie Garrigou « chambre avec prise de vue », tirées sur papier aquarelle.
Enfin une robe en canettes de soda recyclés nous accueille dans le coin majestueux consacré à la collaboration entre l’ancien photographe de mode Eric Bottero et le styliste béninois Prince Toffa (« Matières mutantes ») une série de photographies suivant les codes du magazine de mode mettant en valeur les créations de Prince. L’oeil du photographe et la main du styliste viennent transformer le mégot et la canette en habit royal. « C’est une démarche exceptionnelle propre à l’Afrique […] de transformer le déchet en précieux » confie l’artiste français, désolé de ne pas pouvoir présenter l’exposition au côté de son acolyte « Il aurait fait dans ces lieux une performance extraordinaire ». A ses côtés, repose l’oeuvre toute en couleurs de la suissesse d’origine guinéenne Namsa Leuba, inspirée par Paul Gauguin.
Phot’Aix, un festival de photographie dans la ville
Phot’Aix, c’est aussi des parcours photographiques dans la ville du 8 au 31 octobre. Cette année, cinq parcours, déclinés en cinq thèmes permettent de redécouvrir les lieux de la ville, commerces comme galeries d’art, à travers la photographie
Informations utiles :
Le festival Phot’Aix se déroule du 8 octobre au 28 décembre
Regards croisés Afrique de l’Ouest/ Provence
Musée des tapisseries
28 place des Martyrs de la Résistance – 13100 Aix-en-Provence
Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h
entrée générale au musée : 3,70€
Les parcours photographiques dans la ville
Afrique : visite commentée le vendredi 9 octobre à 16h30, départ de Karré Saint Roch, 6 rue Matheron
La nature en partage : visite commentée le samedi 10 octobre à 10 heures, départ Hôtel Concorde, 68 boulevard du Roi René
Thème libre : Visite commentée le samedi 10 octobre à 15 heures, départ de L’oiseau bleu, 24 rue Granet
Colères : Visite commentée le samedi 17 octobre à 10 heures, départ The red Door Gallery, 7 rue Jacques de la Roque
Enfantillages : Visite commentée le samedi 17 octobre à 16h30, départ Cinéma le Renoir, 24 cours Mirabeau
Liens utiles :
> Toutes les informations sur le festival sur le site de l’événement
> Phot’Aix 2018 : place à la photographie contemporaine autrichienne