Après une première extension en 2007, la gare Saint-Charles s’apprête à connaître un nouveau grands chantier, dans le cadre du projet de la ligne Nouvelle-Provence-Côte d’azur (LNPCA) qui doit permettre de fluidifier et augmenter le trafic ferroviaire de la région d’ouest en est, en passant par la gare Saint-Charles.
En somme, « l’un des projets ferroviaires les plus importants de la décennie à venir » selon les termes de Matthieu Chabanel, président directeur général de SNCF Réseau. La gare Saint-Charles agrandie doit donc permettre d’accueillir 20 000 trains par an et s’inscrit également dans la perspective des Services express régionaux métropolitains (Serm) voulus par Emmanuel Macron.
Le projet d’extension de la gare a été présenté plus en détails, lundi 2 décembre, au cours d’une cérémonie à la préfecture de région, en présence des porteurs du projet : Etat, Région, Métropole, et la SNCF. Il doit permettre de faire de la gare « une référence en matière de modernité ferroviaire », affirme le préfet Christophe Mirmand en préambule.
Trois nouveaux espaces publics créés au sein des « Halles de Saint-Charles »
En surface, le projet de “Halles de Saint-Charles“, nom donné à l’extension, prendra ses quartiers à l’extrémité du parvis principal de la gare, côté sud, une zone appelée « plateau des Abeilles ». La SNCF a confié la conception de ce projet à l’une de ses filiales l’Arep, appuyé par le cabinet paysagiste Atelier Roberta (Paris).
En revanche, sa concrétisation va nécessiter des aménagements conséquents. En effet, pour le réaliser, il sera nécessaire de « décaisser totalement le plateau des Abeilles » pour l’abaisser de plusieurs mètres, au niveau de l’angle boulevard Voltaire / boulevard national, explique à Gomet’ Mélanie Doremus, directrice de studio pour l’Arep. Situé dans cette zone, l’hôtel Ibis de la gare « n’est pas concerné par la déclaration d’utilité publique du projet » précise à ses côtés Chloé Sanson, de l’Atelier Roberta. Le nouvel espace ainsi créé doit prendre le nom de parvis National-Voltaire et permettra notamment d’accéder à la gare souterraine. Au total deux autres espaces publics seront créés en plus du parvis Voltaire-National : le jardin des vents et la place Crimée (voir les croquis ci-dessous).
Le projet comporte également 4300 m² d’espaces verts, dont un jardin incliné, qui remontera vers la gare déjà existante , mais aussi une nouvelle entrée rue Honnorat, qui permettra de rejoindre directement l’extension de la gare, et de ressortir, par exemple pour rejoindre le futur tramway vers la Belle-de-mai dont le tracé sera acté lors du conseil métropolitain jeudi 5 décembre. Un nouveau tracé dont il a fallu tenir compte dans la mesure où il passera par le boulevard national .. où les travaux de l’extension de la gare Saint-Charles doivent rogner quelques mètres au niveau du tunnel.
Le projet présenté par l’Arep a, fait rare, généré l’unanimité auprès des différentes parties prenantes. L’objectif, in fine, est « d’ouvrir la gare à 360° » afin qu’elle ne forme plus « un mur séparant la gare du reste de la ville », se réjouit l’adjointe aux transports de la Ville de Marseille Audrey Gatian.
Un calendrier « strict » dans la perspective des JO d’hiver 2030
Le projet de LNPCA est sur les rails depuis 2018. Outre la gare Saint-Charles, il comprend aussi la modernisation de neuf gares multimodales. Mais avec la confirmation de la tenue des Jeux olympiques d’hiver dans les Alpes-du-Sud en 2030, la Région, autorité organisatrice des transports interdépartementaux, souhaite mettre un coup d’accélérateur. Une première phase des travaux sera donc finalisée à cette échéance : elle concerne principalement trois nouvelles voies de trains express régionaux (TER) et la gare de Nice-aéroport, qui fait partie du projet LNPCA. Pour le reste, il faudra encore patienter.
« Entre 2025 et 2027, nous allons faire place nette au dessus de la gare. Ce projet s’intitule Marseille Surface. Entre 2028 et 2032, il va falloir creuser les huit kilomètres de tunnel pour créer la gare souterraine, entre 20 et 30 mètres sous l’actuelle gare. A compter de 2032, une fois la partie immergée terminée, nous pourrons compléter avec les composantes émergées de la gare », précise pour Gomet’ Jacques Paulet, directeur du projet LNPCA au sein de SNCF Réseau.
Un coût de 3,6 milliards d’euros à sanctuariser dans un contexte budgétaire tendu
Côté financement, les porteurs du projet se partagent la note globale à 3,64 milliards d’euros (dont un milliard pour la seule gare Saint-Charles) : l’Etat abonde ainsi à 40% (1,4 milliard), la Société LNPCA (réunissant la Région et les départements et collectivités concernés) à hauteur de 40% également, complétés par 20% de financements de l’Union européenne.
Dans un contexte économique tendu, encore faut-il que les financements soient sanctuarisés … « Effectivement, dans le contexte budgétaire actuel, il faut obtenir les financements rapidement et en une seule fois de la part de l’Afit (Agence de financement des infrastructures de transports). C’est ce à quoi nous nous employons Renaud Muselier et moi-même. Pour l’instant, les nouvelles ne sont pas si mauvaises que ça … », confie le préfet Christophe Mirmand, sans donner davantage de détails. Pour l’heure, sur l’année passée, 200 millions d’euros ont déjà été engagés pour la réalisation d’études diverses, ajoute Didier Mamis, secrétaire général pour les affaires régionales.
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