Le président de la République Emmanuel Macron s’est catégoriquement opposé, mardi 13 mai, à une reprise par l’Etat des sites français d’ArcelorMittal, réclamée par les partis de gauche et les syndicats depuis l’annonce d’un plan de suppression de 600 postes dans le Nord de la France.
« Je ne vais pas nationaliser ArcelorMittal parce que ce serait dépenser des milliards d’euros (…) Nationaliser une entreprise qui n’arrive pas à s’installer sur un marché, ce n’est pas une bonne utilisation de l’argent de nos compatriotes », a expliqué le chef de l’État, interpellé sur le sujet par Sophie Binet, le secrétaire générale de la CGT, qui a aussi pointé les « 300 millions d’aides publiques » dont a bénéficié le deuxième groupe sidérurgique mondial, au cours d’une émission spéciale sur TF1.
« La réponse, ça n’est pas nationaliser mais d’avoir des clients et d’être compétitif » (E. Macron sur ArcelorMittal)
« La réponse, ça n’est pas nationaliser mais avoir des garanties de développement. Ce qui compte, ce n’est pas le capital mais d’avoir des clients et d’être compétitif », a ajouté Emmanuel Macron, qui a rappelé que les aciéries européennes subvenaient, en 2015, à 85% des besoins du continent et que, depuis 10 ans, l’Asie, et notamment la Chine, a grignoté 10 points de parts de marché.
Pour le chef de l’État, la réponse ne peut être qu’européenne : « Il faut mettre en place ce qu’on appelle des clauses de sauvegarde, c’est-à-dire protéger le marché européen. On a commencé à prendre cette décision sous la pression française : la Commission l’a annoncé en février, nous avons commencé à légiférer sur le sujet et nous allons continuer », a-t-il appuyé, évoquant également le “plan acier” adopté par Bruxelles cet hiver, destiné à aider les aciéristes européens face à la concurrence asiatique.
600 emplois supprimés à ArcelorMittal, un « tsunami industriel et social »
Quelques centaines de salariés d’ArcelorMittal venus de toute la France se sont rassemblés, mardi 13 mai, devant le siège français du groupe à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, pour la défense de leur emploi et l’avenir de l’acier en France. « On refuse totalement ce PSE (plan de sauvegarde de l’emploi, ndlr) », a déclaré à l’AFP Gaétan Lecocq, de la CGT d’ArcelorMittal Dunkerque, souhaitant « tout faire pour stopper le processus », évoquant un « tsunami industriel et social » alors que se déroulait en même temps un CSE, premier round de négociations.
Des salariés sont venus mardi de Dunkerque (Nord), mais aussi de Florange (Moselle), de Basse-Indre (Loire-Atlantique), du Luxembourg ou encore, bien sûr, de Fos-sur-Mer, le site des Bouches-du-Rhône qui a lui aussi été touché par une réduction d’effectifs de 10% en septembre 2024 (le site emploie aujourd’hui environ 2 500 personnes et environ 1 500 en sous-traitance).
Une proposition de loi de nationalisation d’ArcelorMittal porté par LFI, le PCF et le PS
ArcelorMittal avait annoncé en février qu’il envisageait la délocalisation de certaines de ses activités support d’Europe vers l’Inde tandis qu’il avait gelé à l’automne dernier ses investissements dans la décarbonation. « ArcelorMittal est en train, clairement, d’organiser la délocalisation de la production depuis des années, et là on est face à une urgence, c’est vraiment une question de semaines », a déclaré la députée (Seine-Saint-Denis, LFI) Aurélie Trouvé, qui a déposé le matin même une proposition de loi de nationalisation d’ArcelorMittal, démarche également portée par le PCF et le PS.
« Les Italiens l’ont fait, les Anglais l’ont fait (…) alors pourquoi nous, Français, on n’est pas capable de le faire ? », s’est interrogé Gaétan Lecocq.
« Nous allons sauver et Dunkerque et Fos, je vous le dis les yeux dans les yeux » (Emmanuel Macron)
A rebours de ces déclarations, le géant de la sidérurgie, a annoncé, mi-mars un plan d’investissement de 53 M€, en fonds propres, pour moderniser le haut-fourneau N.1 sur son site de Fos. Et ce, quelques mois après avoir inauguré dans la même usine, en septembre 2024, un « four poche » destiné à produire de l’acier décarboné, fruit d’un investissement de 76 millions d’euros abondé par l’État.
« Nous allons sauver et Dunkerque et Fos, je vous le dis les yeux dans les yeux, pas en nationalisant mais en ayant une politique européenne qui protège notre acier de la concurrence de l’acier indien et chinois », s’est engagé le chef de l’Etat. Une prise de position loin de convaincre Sophie Binet, à l’issue d’un échange tendu, mais saluée par Renaud Muselier, le président (Renaissance) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. « Ravi de l’annonce par Emmanuel Macron du maintien du site de Fos d’ArcelorMittal. L’État prend sa part dans un effort crucial pour notre région », a réagi ce dernier sur X.
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