Pour la 4e matinée consécutive, les principaux axes autoroutiers autour de Marseille risquent encore la congestion, les taxis en colère ayant reconduit leur mouvement de protestation et les opérations escargots (voir ci-dessous).
Mercredi matin, comme les jours précédents les taxis ont bloqué le premier Prado jusqu’à la Place Castellane point de convergence de leurs cortèges entraînant de fortes perturbations au niveau de la circulation. Sur place, Sébastien Ribbe, président des Taxis Marseillais, affiche sa détermination « Il y a deux revendications principales : le déremboursement de la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie), qui veut faire peser sur les entreprises taxis sa réforme, et le deuxième point, c’est sur la concurrence déloyale des VTC. »
De fortes perturbations attendus ce jeudi 22 mai dès 7 heures
Les manifestations des taxis se poursuivent ce jeudi. De fortes perturbations sont attendues dès sept heures du matin. Plusieurs points de regroupement ont été annoncés par les manifestants :
• Aéroport Marseille-Provence : point de filtrage/blocage. Il est fortement conseillé aux voyageurs de se rendre à l’aéroport par le train, jusqu’à la Gare de Vitrolles Aéroport, puis de prendre le car jusqu’à l’aéroport.
• Gare TGV d’Aix-en-Provence : point de filtrage. Il est conseillé aux voyageurs d’anticiper très fortement leur arrivée à la gare TGV.
• Marseille – Avenue du Prado / Place Castellane : point de rassemblement, occasionnant une gêne importante de la circulation.
• Gare Saint-Charles : point de filtrage.
• Rassemblement des taxis à 7h au niveau d’Ollioules (Var) pour emprunter l’A50 et entrer dans Marseille en opération escargot.
Sébastien Ribbe dénonce que les lois ne soient pas appliquées pour les VTC : « Depuis que les lois sont sorties, elles ne sont pas appliquées, donc ils ne respectent aucune réglementation. Et ils ne sont pas soumis aux mêmes règles fiscales et sociales que les taxis, alors qu’on fait pratiquement le même métier. » Ainsi, « les VTC n’ont aucune réglementation, aucun contrôle, pas d’assurance, rien du tout. Et ils font ce qu’ils veulent des prix. Donc à partir de là, on est là pour longtemps », ajoute Denis.
Le président Sébastien Ribbe précise que les taxis ne veulent pas un « monopole » : « On veut juste qu’ils aient les mêmes règles que nous (fiscales et sociales). C’est-à-dire qu’ils paient leurs impôts, et qu’ils paient leurs cotisations sociales. »
Il critique aussi le fait que « la maraude électronique » soit utilisée par les VTC, c’est-à-dire la pratique qui consiste à stationner sur la voie publique dans l’attente de nouveaux clients. Il rappelle notamment que c’est inscrit dans la loi : « L’article 2 de la loi Grandguillaume permet au gouvernement d’aller contrôler les plateformes pour la géolocalisation, de voir où les courses sont distribuées, et voir si le siège social des entreprises de VTC… C’est là qu’ils doivent recevoir la course, et non pas sur la voie publique… ça, c’est réservé aux taxis », affirme-t-il.
Sébastien Ribbe explique que cette lutte ne date pas d’hier : « Ça fait plus de cinq ans, il y a eu un médiateur qui était monsieur Laurent Grandguillaume, qui a été nommé suite aux premières manifestations, qui a écrit la loi de 2016. Au bout d’un moment, ce n’est plus audible de la part des taxis, on entend qu’on ne peut rien faire et qu’on n’a pas les effectifs. Mais ce n’est pas du ressort des taxis, c’est du ressort du gouvernement. »
Taxis : « Ils veulent nous mettre à la rue »
« Ils veulent nous mettre à la rue », déclare Denis, un chauffeur de taxi qui repart pour ultime combat. « Cela fait 32 ans que je fais des manifestations, c’est ma dernière parce qu’après j’arrête. Tant qu’il y a ce fou au gouvernement (Emmanuel Macron, ndlr), il n’y a plus d’espoir. Ils ne veulent rien savoir, et il n’a jamais aimé les taxis. » Denis demande que l’État « revienne sur sa décision, nous laisse tranquilles, et nous laisse travailler. En sachant qu’on est taxés par l’Urssaf, la TVA, les compteurs, les taxes de ci et de ça… Il faut voir ce qu’un taxi rapporte à l’État, sachant qu’on est 55 000. Il va falloir trouver une solution. »
Côté passants, les avis divergent : l’une comprend que la concurrence soit rude et que les prix des taxis sont bien plus chers par rapport à ceux des VTC : « Tu pars à l’aéroport, ils te prennent 50 euros. C’est très très cher, il faut faire attention. » Un autre donne raison au mouvement de protestation en évoquant notamment le prix de l’essence pour les taxis qui est « de plus en plus cher ». Enfin, un troisième, plus radical, affirme que « les taxis sont des voleurs et des arnaqueurs » et qu’il a désormais arrêté d’en prendre.
Appel à se mettre « vite autour de la table »
De son côté, Sébastien Ribbe insiste sur la nécessité de recevoir « les fédérations à Paris » et de se mettre « vite autour de la table pour trouver une solution. Parce que sinon, à mon avis, on va rester longtemps dans nos villes », conclut-il alors.