Cet été, France Nature Environnement dressait un constat alarmant sur la pollution des navires sur le littoral marseillais. Sur l’esplanade de la Major, à 100 m des navires, l’association relevait une concentration de 300 000 particules ultra-fines contre 15 000 sur la Canebière démontrant ainsi le danger pour les habitants à proximité des terminaux de croisières et des ferries. L’association Air Paca apporte d’autres données sur la participation du trafic portuaire à la pollution urbaine. Il représente un tiers des émissions d’oxydes d’azotes, trois quarts des émissions de dioxyde de soufre et entre 5 % et 10 % de la pollution globale sur l’année à Marseille. « A proximité des ports, l’impact écologique de l’activité des navires est supérieur, notamment dans les zones surélevées », ajoute Dominique Robin, le directeur d’Air Paca. Pour l’instant, l’association effectue ses mesures à partir de sa station installée aux Cinq-Avenues dans le 4e arrondissement mais elle prépare une nouvelle étude plus précise pour évaluer l’impact sanitaire pour les riverains des zones les plus touchées par les fumées des bateaux.
Des capteurs chez les habitants de Mourepiane
Air Paca veut connaître en détail la composition de ces fameux panaches de fumées expulsés par les navires. Au début de l’année prochaine, l’association va installer des capteurs chez des habitants du plateau de Mourepiane, surplombant les ports. « Nous allons nous concentrer sur les effets et la composition des panaches qui sont parfois directement envoyés sur les immeubles d’habitation », explique Dominique Robin. Air Paca va s’associer avec le laboratoire de chimie de l’environnement d’Aix-Marseille Université pour travailler sur la composition chimique exacte des fumées et détecter ses composés au sein de l’ensemble des polluants aériens. Cette étude débutera au début de l’année prochaine et devrait durer environ six mois. Les premiers résultats seront publiés fin 2018. « Un premier pas sur une meilleure connaissance de la réalité qui doit être suivi par des opérations plus poussées », prévient Dominique Robin.
Une cartographie plus poussée pour le Smart Port
Dans un deuxième temps, Air Paca souhaite, dans le cadre du projet Smart Port, créer un maillage plus resserrer du littoral urbain marseillais afin d’affiner un peu plus les mesures. L’association imagine un réseau de petits capteurs répartis sur les quartiers en contact direct avec les terminaux portuaires comme Euroméditerranée et Mourepiane afin de cartographier les zones les plus touchées en fonction de l’activité : « Cela nous permettra d’anticiper les pics de pollution et de prévenir les compagnies maritimes en fonction de l’activité », explique Dominique Robin. Cette étude approfondie est toujours en cours d’étude par les services du port de Marseille. La question sera certainement abordée lors de la journée méditerranéenne de l’air dédiée aux Ports organisée par Air Paca en novembre.
AGENDA
Des pistes de solutions abordées le 14 novembreComme annoncé mercredi dernier, Air Paca organise le 14 novembre prochain au City Center du Vieux-Port une grande journée de concertation et d’échanges sur la pollution des navires à Marseille. Les élus locaux, les acteurs portuaires et les industriels sont invités à présenter leurs solutions pour réduire les émissions de particules nocives pour la santé. Antoine Laffite, chargé de mission du Plan Bleu pour le ministère de la transition écologique, interviendra notamment sur la réglementation européenne et internationale. L’Etat français a financé une étude de faisabilité pour la mise en place d’une zone de contrôle des émissions des navires en Méditerranée.
« Les fameuses zones ECA (Emission Control Area) ont déjà été mises en place dans la Baltique ou en mer du Nord. En Méditerranée, les états peinent encore à avancer pour des raisons politiques. Sur les rives européennes et africaines, les enjeux économiques ne sont pas les mêmes », analyse Pierre-Charles Maria, le président d’Air Paca. Une chose est sûre, la création de cette zone d’émission contrôlée ne devrait pas voir le jour avant la nouvelle limitation à 0,5 % de dioxyde de soufre dans le carburant marin imposée par l’organisation maritime internationale à partir de 2020. « On ne doit pas attendre quatre ou cinq ans avant de mettre en place de nouvelles mesures », prévient Pierre-Charles Maria. La journée du 14 novembre doit permettre à de nouvelles initiatives de naître à l’image de l’électrification des postes à quai, du passage au gaz naturel liquéfié ou encore l’équipement des scrubbers, ces gros filtres à particules pour les paquebots.