Dernière séance du conseil municipal d’Aix-en-Provence en 2021. L’heure pour la majorité aixoise de présenter son « rapport annuel sur le développement durable », un exercice obligatoire depuis le décret du 17 juin 2011. C’est un état des lieux, comme un bilan vert, qui présente les mesures prises cette année par la Ville en faveur d’une transition écologique-énergétique locale. Plan vélo, gestion des espaces verts, qualité de l’air… la mairie d’Aix a-t-elle été exemplaire en 2021 ? Devant un hémicycle partagé, et face aux vagues acerbes de l’opposition, la nouvelle édile Sophie Joissains (UDI) défend un bilan qui est surtout celui de sa mère, Maryse Joissains – l’ex-maire a démissionné à la mi-novembre. Une fois de plus, le conseil municipal, marqué en début de séance par le duel Joissains-Petel, tourne rapidement à la cacophonie.
[Le chiffre] Les émissions de gaz à effets de serre à Aix-en-Provence en 2021
8493 tonnes de CO² (consommation énergétique des bâtiments, déplacements, éclairage public). Soit les émissions de 5300 allers-retours Paris New-York en avion, ou encore celles de 834 tours du monde en voiture. Ce chiffre est provisoire et doit encore être affiné selon la mairie. Pour rappel, la Ville a voté cette année la création d’une zone à faibles émissions mobilités (ZFEm) en centre-ville. Annoncée pour 2023, les études de chantier n’ont pas encore été lancées.
C’est Anne-Laure Bajon, chargée de mission “développement durable et stratégies” pour la mairie d’Aix, qui présente à l’assemblée une synthèse du rapport. « Ce document doit donner plus de lisibilité sur les actions de la ville », précise-t-elle. Notamment sur les labels convoités par la majorité aixoise : “territoire durable” (à reconduire en 2022) et “territoire engagé pour la nature” (candidature en cours).
Les labels ne remplaceront jamais les résultats.
Anne-Laurence Petel (LREM)
Pas de quoi convaincre l’opposition qui reste sur sa faim. Anne-Laurence Petel (LREM) se montre très critique envers ce rapport 2021. Elle dénonce notamment une « course aux médailles, un leurre sans trajectoire chiffrée, pour n’avoir aucun compte à rendre l’année prochaine ». La députée passe en revue ce qu’elle considère comme des zones d’ombre du rapport. « Pas un mot sur les 91 hectares de terres agricoles en cours d’artificialisation à Aix », déplore Anne-Laurence Petel dans un premier temps, avant d’être interrompue dans sa démarche par Sophie Joissains. La députée s’agace, le ton monte. « Écoutez madame, je n’ai pas de leçons à prendre de vous, avec votre petit ton prétentieux de maîtresse d’école, peste Sophie Joissains, et d’ajouter en haussant la voix : c’est moi la présidente de séance ». La maire assure que 300 hectares ont été sanctuarisés par la Ville et que 1600 ont été classés en zone N (zone naturelle du plan local d’urbanisme).
Madame Petel, arrêtez de faire votre campagne électorale.
Sophie Joissains (UDI)
Plan vélo : un changement de braquet ?
La mairie d’Aix développe jusqu’en 2026 un programme de « résorption des discontinuités cyclables ». Ce plan vise notamment à améliorer les liaisons “centre-ville – quartiers villageois”, et à équiper les 76 écoles en parkings vélo (25 le sont à l’heure actuelle). « La ville respire très mal sur le plan de la circulation », reconnaît Sophie Joissains. Attaquée sur les « incohérences » des tracés, et du réseau de pistes cyclables à Aix, la maire UDI se défend : « on ne peut pas perturber le sens de circulation d’une ville uniquement par rapport au vélo (…) On n’a jamais été Amsterdam en France ». Sur son site internet, la Ville d’Aix explique investir chaque année entre trois et quatre millions d’euros en moyenne dans les aménagements cyclables. Les objectifs 2022 du plan vélo sont à découvrir en fin d’article.
La mairie promet 3000 arbres plantés d’ici 2030
Malgré de belles promesses, la gestion du patrimoine arboré par la Ville est également sujet aux critiques de l’opposition municipale. « Vous parlez de planter 3000 arbres d’ici 2030, mais le nombre d’arbres abattus, notamment par les promoteurs, est incroyable », lance Anne-Laurence Petel, qui passe bel est bien en revue le rapport 2021 point par point. « Tout ce qui est coupé est replanté », rétorque Sophie Joissains. La maire UDI ajoute qu’il est aujourd’hui impossible de construire à l’emplacement d’un arbre de haute tige. Mais Anne-Laurence Petel persiste, et regrette l’absence de recensement des arbres aixois dans le rapport. « Vous pouvez les compter, ça nous rendra service », ironise finalement Sophie Joissains.
Après avoir remarqué « des oublis comme le handicap ou le numérique », la députée LREM Anne-Laurence Petel clôture son inspection du rapport 2021 en reconnaissant « un frémissement communicationnel » sur la politique environnementale portée par la mairie aixoise. Le rendez-vous est donné en décembre 2022 pour un nouveau bilan vert.
Document vidéo : revoir la séance du conseil municipal d’Aix (15/12/21)
Document source : les objectifs 2022 pour le plan vélo d’Aix
Liens utiles :
> « Attitude schizophrène », l’opposition aixoise blâme Sophie Joissains après sa démission
> [Document source] Les résultats de l’enquête-vélo menée par l’Adava Pays d’Aix