Deux jours après l’officialisation de la création du Groupement d’intérêt public (GIP) Transports par Jean Castex, la mobilité est au centre des débats du dernier conseil de Métropole de l’année 2021 jeud 16 décembre. Tout d’abord, Martine Vassal rajoute à la dernière minute un rapport pour valider la naissance de cette société dédiée et « être opérationnel le plus rapidement possible ». Dans la foulée, les élus se penchent sur le plan de mobilités, nouvel avatar de l’agenda de la mobilité métropolitaine lancé en décembre 2016, un copieux document de plus de 1 500 pages qui fixe les orientations stratégiques de l’institution pour les dix prochaines années.
Un plan de mobilités imparfait pour la Ville de Marseille
Pour ouvrir les débats, le conseiller marseillais d’opposition Roland Cazzola salue globalement un « engagement bienvenu » mais regrette cependant que « les demandes de la Ville ne soient que partiellement intégrées » au document. A la suite des discussions avec la mairie de Marseille, la Métropole a consenti quelques modifications sur le tramway tout d’abord. Le plan de mobilités inclut désormais la prolongation du projet de tramway de la Belle de Mai jusqu’au Merlan et Saint-Jérôme. « Mais la réalisation du tramway entre la préfecture et les Catalans reste toujours prioritaire », remarque Roland Cazzola.
Ensuite, le projet de tramway des collines soutenu par les écologistes entre les Aygalades et la Valentine est également inscrit « mais il mérite plus de considération. Aucune projection programmatique ni financière n’est précisée » regrette l’élu socialiste. Enfin, sur l’extension du tramway T3 vers le Nord, le groupe « Pour une Métropole du bien commun » réclame toujours une prolongation jusqu’à l’hôpital Nord quand le projet actuel s’arrête à la Castellane.
Sur le plan vélo qui prévoit 1 200 km de pistes cyclables supplémentaires d’ici 2030, Roland Cazolla se réjouit de « cette ambition » mais rappelle que « pour l’instant, seulement 8% sont réalisés. Le rythme actuel ne permettra pas de remplir les objectifs ».
Pas de modification sur le BUS entre le Cabot et le Roy d’Espagne
Au final, le groupe d’opposition conditionne son vote à l’adoption de deux amendements déposés par des élus écologistes de son groupe. Le premier, porté par Hervé Menchon, concerne le boulevard urbain sud (BUS). Si la Métropole accepte de revoir sa copie concernant le dernier tronçon de cette nouvelle artère, la mairie de Marseille demande de revenir également sur la partie entre le Cabot et le Roy d’Espagne qui « suscite l’exaspération des automobilistes car il est déficitaire en transports en commun ». Hervé Menchon souhaite ainsi le modifier pour y prévoir « uniquement des voies réservés aux mobilités douces et aux transports en commun ». L’amendement propose également d’éviter les jardins Joseph Aiguier et le parc de la Mathilde. Une possibilité aussitôt rejetée par la majorité de droite par la voix du maire des 9e et 10e arrondissements Lionel Royer-Perreaut : « Vous avez commandé une étude à l’Agam (agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise, NDLR) pour proposer des alternatives. La première propose de passer par la Gaye, au pied du groupe scolaire Château Sec et sur la forêt urbaine qui relie l’obélisque de Mazargues, un choix qui m’étonne venant d’élus qui se disent défendre la nature en ville. La deuxième option passe par Michelet, le centre de formation de l’OM et le cimetière militaire britannique qui dispose d’un statut d’enclave étrangère, donc intouchable. Votre proposition est tout simplement irréaliste », conclut-il.
L’amendement que je portais était une main tendue, il a été caricaturé par Guy Tessier et le maire de secteur Royer-Perraut, réconciliés quelques minutes dans leur volonté de blocage. Martine Vassal ne m’a pas laissé y répondre. #mobilité #boulevardUrbainSud https://t.co/ltuY4aTtJT
— Hervé Menchon (@Menchon_Herve) December 16, 2021
La droite vote pour l’amendement de l’opposition sur la logistique urbaine
Le deuxième amendement de la mairie de Marseille trouve davantage grâce auprès de la majorité de droite. Sebastien Barles propose d’ajouter au plan de mobilités un huitième levier d’actions prioritaire au document : « la création d’un schéma directeur de la logistique préservant le vivant et la nécessaire décarbonation du transport de marchandises ». Le vice-président aux mobilités Henri Pons accueille positivement l’idée : « Je connais bien ce sujet et j’ai commencé à travailler sur des solutions alternatives non-polluantes pour la logistique urbaine ». L’amendement est adopté par l’assemblée, « preuve que quand c’est constructif, on peut avancer ». Avec un texte sur deux validé, les élus marseillais coupent finalement la poire en deux et choisissent de s’abstenir sur le vote du plan de mobilités. Ce dernier est adopté.
Nous nous sommes engagés pour transformer la #mobilité des habitants de la Métropole. Le vote du Plan de Mobilité et de la création du GIP Aix-Marseille Mobilité va permettre un réel coup d’accélérateur en matière de transports.
— Martine VASSAL (@MartineVassal) December 16, 2021
Les mairies d’Aix et Marseille demandent le report du budget primitif 2022
Malgré le contexte sanitaire qui empêche la tenue présentielle du conseil métropolitain, Martine Vassal et sa majorité ont également tenu à voter le budget primitif 2022. Un choix critiqué par l’opposition marseillaise : « On ne peut pas se contenter de débats en visio sur ce sujet (…) J’aurais préféré qu’on reporte le vote », regrette Sophie Camard, la présidente du groupe Pour une Métropole du bien commun qui s’oppose au rapport.
Pour faire entendre leur voix sur les finances, les élus aixois annoncent leur démission du Groupe d’intérêt communal (voir aussi plus bas la lettre de Sophie Joissains à Georges Cristiani) et s’abstiennent sur le budget : « Le vote par groupe empêche l’expression de positions personnelles », justifient-ils. Un choix qui interrogent le maire de Grans Yves Vidal : « Vous avez participé à la construction de ce budget et il n’a pas changé en quelques mois. Je me demande si c’est un choix politique qui fait suite à certaines lettres », avance-t-il faisant allusion à la bataille épistolaire que se livre depuis plusieurs semaines Maryse Joissains et Martine Vassal. Le nouveau président du Pays d’Aix, Gérard Bramoullé, lui répond : « Je ne mets pas en doute la sincérité de ce budget mais il s’appuie sur des données non fiables. On ne sait pas par exemple quelle sera la valorisation des valeurs locatives. La loi autorise le report jusqu’en avril pour attendre d’avoir des prévisions fiables », rappelle-t-il.
Outre ses critiques sur la forme, le socialiste aixois Marc Pena attaque ce budget sur son contenu : « Ce qui le caractérise, c’est l’immobilisme », estime-t-il. Sophie Camard lui emboîte le pas évoquant « un véhicule qui a bien du mal à rouler et va revenir au garage parlementaire pour une révision quinquennale ».
Les premiers millions de l’État inscrits au budget transports 2022
Pour défendre ce budget, son rapporteur et vice-président dédié Didier Khelfa convient tout d’abord : « Oui, c’est un budget prudent avec peu d’évolutions par rapport aux années précédentes ». Mais il rappelle la difficulté de l’exercice avec des maigres moyens : « On a réussi à boucler ce nouveau budget et ça il faut le saluer », insiste-t-il. Enfin, sur les transports, il annonce l’inscription des des premières aides annoncées par l’État sur l’exercice 2022 : 132 millions d’euros dont 32 millions en subvention sur le milliard prévu. « Cela nous permet de doubler les investissements sur les transports par rapport à 2021. Nous allons enfin pouvoir accélérer dans ce domaine », se réjouit Henri Pons, le vice-président mobilités de la Métropole.
Sophie Joissains à Georges Cristiani :« Je vous aurais invectivé… soyons sérieux»
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