Lancé en juin, l’appel d’offres de reprise pour l’usine Alteo de Gardanne a déjà reçu huit propositions durant l’été. Elles émanent de fonds d’investissements et d’industriels français et étrangers (Capza, Tiger Hill, New Day aluminium…). Interrogé par Gomet’, le président d’Alteo, Frédéric Ramé, se félicite de ces réponses : « Les candidats ont des profils très divers et internationaux. C’est un témoignage positif de l’intérêt des investisseurs pour l’entreprise qui possèdent des atouts indéniables », commente-t-il. Maintenant, le processus de reprise peut-être long et la direction d’Alteo souhaite aboutir le plus rapidement possible « Nous avons tous intérêt à trouver une solution le plus rapidement possible pour pérenniser l’activité ». Et Frédéric Ramé d’ajouter : « On va tout faire pour avoir des offres fermes pour le mois d’octobre ».
Les syndicats refusent une reprise partielle de l’activité
Sur la qualité des différentes offres de reprise, Frédéric Ramé refuse d’émettre le moindre avis. Du côté des syndicats par contre, la position est claire : « Les offres d’un plan aval (sans transformation de bauxite, ndlr) ne sont pas concevables. La priorité est et restera la continuité pleine et entière de notre activité avec tous les emplois associés », insistent-ils dans un communiqué mercredi 2 septembre. Parmi les huit offres déposées, deux candidats évoquent un abandon de l’activité de transformation de bauxite, à l’origine des fameuses « boues rouges » déversés en mer jusqu’en 2015. L’option d’une reprise partielle de l’activité impliquerait certainement des licenciements parmi les 500 employés de l’usine. La CGT estime à 200 suppressions de postes environ les conséquences de cet arrêt. Une option inenvisageable pour l’intersyndicale qui assure en plus que l’usine « rend désormais les eaux résiduelles de production à 100% conformes aux normes environnementales en vigueur ».
Un nouvel investissement de 6 millions pour respecter les normes environnementales
Alteo a inauguré officiellement sa nouvelle usine de traitement des eaux vendredi 4 septembre. Ce nouvel outil construit par Veolia permet à l’industriel de respecter toutes les normes de rejets en mer, surtout les deux derniers éléments que sont la demande chimique en oxygène (DCO) et la demande biologique en oxygène (DBO5). « Aujourd’hui, on a une qualité de l’eau comparable à celle d’une station d’épuration communale classique et nous sommes pour certains éléments jusqu’à 500 fois en dessous des normes », assure Frédéric Ramé.
Alteo a dépensé six millions d’euros dans cette nouvelle unité de traitement après avoir déboursé sept millions l’an dernier pour un équipement du même type. Ces efforts financiers pour respecter les normes environnementales seraient d’ailleurs l’une des causes des difficultés de l’entreprise en redressement judiciaire depuis décembre 2019.
Une cession prévue depuis décembre 2019
« L’an dernier, on a souffert de la crise des industries automobile et électronique avec une chute de plus de 30% du chiffre dès novembre, explique Frédéric Ramé. Nous avons malgré tout continué à investir dans l’environnement et ces plusieurs facteurs ont creusé fortement notre trésorerie, nous obligeant à nous placer sous la protection du tribunal de commerce » observe-t-il. Pourtant, en 2020, l’activité est repartie à la hausse : « Nous avons eu un regain d’activité et retrouvé un résultat conforme à nos attente au premier trimestre de l’année », indique le directeur. Mieux, malgré le confinement et la crise sanitaire, le deuxième trimestre s’est révélé « équivalent à celui de l’année précédente », affirme-t-il. Malgré ces bons résultats, le propriétaire de l’usine, HIG, semble avoir pris sa décision de vendre depuis le début : « C’était prévu depuis la fin de l’année dernière. La Covid a simplement repoussé le processus » conclut Frédéric Ramé.
Liens utiles :
> Alteo se conforme aux dernières normes avant de connaître son nouvel actionnaire
> [Industrie] Alteo mise en vente par les administrateurs judiciaires
> [Tribune] Alteo, le bouc émissaire des renoncements écologiques de notre société