Après la publication de son témoignage sur la campagne du Printemps Marseillais par la Fondation Jean Jaurès (lire notre précédent article), Olivia Fortin, 4ème adjointe à la mairie et présidente du collectif Mad Mars, a accepté de répondre à nos questions. Dans cette interview (*), elle évoque l’arrivée à la mairie du Printemps marseillais et les prochaines échéances électorales. L’élue revient également sur son intervention aux université d’été du Parti Socialiste à Blois le week-end dernier.
Deux mois après les élections et la victoire du Printemps Marseillais, comment se passe votre arrivée à la mairie ?
Olivia Fortin : Ce qui est extraordinaire à Marseille, c’est d’avoir une maire qui joue le collectif pour de vrai contrairement à d’autres villes où les adjoints peuvent être plus cadrés. J’ai la chance d’avoir établi une relation de confiance avec Michèle Rubirola au fur et à mesure de l’aventure. J’ai beaucoup de latitude pour pouvoir proposer des projets et en discuter avec elle. Ce qui est vrai pour tous les adjoints. Le projet municipal continue d’être collaboratif. Il y a des réunions entre nous sur des problématiques communes et sur des sujets transversaux. Par exemple, pour un dispositif de coopération large avec ceux qui portent des projets d’intérêts généraux, je suis amenée à collaborer entre-autre avec Jean-Marc Coppola à la culture, Audrey Garino à l’inclusion, Marie Batoux au périscolaire mais aussi avec les maires de secteur. Nous avons en plus régulièrement des réunions de groupe. La dernière en date était sur la rentrée des classes.
Les agents sont très heureux de nous rencontrer. Ils ont beaucoup de projets à nous proposer.
Olivia Fortin
Vis-à-vis de l’administration, c’est encourageant de voir que dans les services, les agents sont très heureux de nous rencontrer. Ils ont beaucoup de projets à nous proposer. Notamment des projets sur lesquels ils travaillaient déjà les années précédentes mais qui prennent un écho différent aujourd’hui avec de nouveaux interlocuteurs.
Dans votre note publiée par la Fondation Jean Jaures, vous revenez sur la création du Printemps Marseillais. Aujourd’hui, comment le mouvement continue-t-il d’exister chez les élus et chez les militants ?
Olivia Fortin : Nous cherchons en ce moment à reprendre contact avec les militants. Nous aurions adoré pouvoir faire une vraie fête mais avec les restrictions sanitaires cela n’a pas été possible. De plus, l’été a été un moment où il a fallu se consacrer à la rentrée des classes. Tous les élus ont été mobilisés pour la préparer mais aussi pour gérer la crise sanitaire.
Nous aimerions proposer à l’ensemble de nos militants trois types d’engagement
Olivia Fortin
Maintenant, nous aimerions proposer à l’ensemble de nos militants trois types d’engagement sur lesquels nous travaillons. Le premier se situe dans le cadre du Printemps Marseillais. Il s’adresse à ceux qui veulent continuer à militer en vue des prochaines échéances, notamment dans le 6e secteur (un recours a été déposé à la suite de l’affaire des procurations, NDLR) et les élections régionales et départementales. La deuxième proposition concerne le côté institutionnel. Nous voulons mettre en place des dispositifs de participation citoyenne pour ceux qui veulent proposer des choses, débattre et décider. Ce sera le cas prochainement avec le budget participatif. Enfin, le troisième niveau de participation sera destiné aux personnes porteuses de projets précis pour lesquels un modèle de coopération doit être inventé entre la mairie et les acteurs extérieurs (associations, entreprises, citoyens etc.). Ce projet nécessite du temps car nous sommes confrontés à la réalité de l’administration, par ses cadres à respecter et le temps des concertations.
Comment prendre Marseille quand on est nombreux, déterminés, avec du poulet ? Decouvrez ma note publiée ce jour à la Fondation @j_jaures dans laquelle j’essaie de tirer quelques enseignements de notre campagne, de Mad Mars jusqu’à la victoire ! https://t.co/B33sueCNH4
— Olivia Fortin ☀️ (@olivia_fortin) August 29, 2020
Vous étiez à Blois samedi dernier pour parler des services publics, pouvez-nous en dire plus sur les raisons de votre présence ?
Olivia Fortin : Nous sommes dans une ville avec assez peu de moyens financiers et beaucoup de problèmes. Marseille est en pleine transformation, sur le plan administratif mais aussi sur le plan des politiques publiques. Pour moi la réponse c’est la coopération. D’abord à l’intérieur de la mairie: sortir des directions et valoriser la fonction publique. C’est ce que nous cherchons à faire par exemple en partageant le portrait de nos agents. Ensuite à l’intérieur de la ville, en travaillant avec des gens porteurs de projets. Il faut aussi coopérer entre les villes. Comme ces dernières élections municipales l’ont montré, beaucoup sont porteuses de projets convergents.
« En allant s’inspirer des projets qui ont déjà été mis en place ailleurs, nous gagnons en temps.»
Olivia Fortin
Aujourd’hui, nous aurions tout à gagner à travailler ensemble. Premièrement parce qu’en allant s’inspirer des projets qui ont déjà été mis en place ailleurs, nous gagnons en temps. Les îlots de fraicheur qui sont développés à Paris, « la Ville du ¼ d’heure » à Nantes en sont de beaux exemples. Le deuxième objectif est de valoriser la fonction publique dans ce qu’elle fait de bien pour qu’elle retrouve sa fierté. A Blois, j’ai pu discuter avec différents maires avec qui nous sommes en train de réfléchir à cet élan de coopération.
Pour les prochaines échéances électorales, envisagez-vous une candidature commune comme un « Printemps provençal » ou un « Printemps régional » ?
Olivia Fortin : Olivier Faure a proposé samedi, dans son discours de conclusion, de mettre en place un printemps social et écologique (la référence a été relayée sur le compte Twitter de l’élue, voir ci-dessous, NDLR). C’est un bel hommage à la réussite de Marseille et qui inspire tous ceux qui défendent ce projet de réunir l’ensemble des forces au cours des prochaines échéances. Il y a effectivement des acteurs politiques sur le plan national qui guettent cette démarche.
Sur la question des élections départementales et régionales, il y a clairement un format à construire.
Olivia Fortin
Notamment des personnalités d’EELV dont le maire de Grenoble, Eric Piolle. Nous savons que pour les prochaines élections nous avons besoin de travailler ensemble pour pouvoir y aller de manière forte. Mais dans notre calendrier, il y a aussi les élections sénatoriales le 27 septembre. Des élections importantes qui nous permettraient d’être représentés nationalement car les sénateurs sont ceux qui vont porter au sein de l’instance nationale les problématiques et les enjeux du territoire. Mais pour revenir sur la question des élections départementales et régionales, dont la teneur diffère de celle des municipales, il y a clairement un format à construire.
Marseille inspire la gauche ! https://t.co/MSgZve06R4
— Olivia Fortin ☀️ (@olivia_fortin) August 29, 2020
On observe un retour en force des partis politiques avec les universités d’été. Comment maintenir l’ ADN citoyen du Printemps Marseillais ?
Olivia Fortin : C’est notamment un enjeu pour Mad Mars, partie-prenante de ces aspects citoyens. Nous prévoyons de convoquer une assemblée générale en septembre car nous avons besoin de voir les militants, de discuter et de débattre. Ce qui n’est pas facile avec la situation sanitaire. La question est “comment nous allons avancer avec le collectif” et “quel rôle pouvons-nous jouer dans ses démarches ?” Mad Mars reste aujourd’hui la force la plus lisible et la plus consistante de coordination des forces citoyennes. Nous devons nous structurer sur cette base.
Lien utiles:
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(*) Entretien réalisé lundi 31 août.