Le gouvernement a communiqué en 2023 sur d’excellents chiffres en ce qui concerne le nombre d’étudiants en alternance en France. Ils étaient 979 538 dans ce type de cursus sur l’ensemble du territoire national. Pour les experts, il ne fait aucun doute que le seuil symbolique du million d’alternants sera franchi. Néanmoins, au plus ce dispositif se développe, au plus il est questionné sur son coût, au sein même de la majorité présidentielle.
Alternance : entre fin du chômage et fin du « quoi qu’il en coûte »
Alors que le nombre d’étudiants en alternance était resté stable entre 2015 et 2018 (autour de 400 000 contrats en vigueur entre 2015 et 2018), ce nombre a connu une importante accélération dès 2020 avec les aides à l’embauche mises en place pendant la pandémie de Covid-19. Celles-ci, de l’ordre de 6000 euros pour l’embauche d’un alternant de moins de 30 ans pendant sa première année de contrat, n’ont pas été modifiées depuis malgré la fin progressive du « quoi qu’il en coûte », et la volonté affichée par Bercy de réduire le déficit public de la France.
L’arbitrage en faveur de la prolongation des aides à l’embauche de jeunes alternants vient du sommet de l’Etat. L’objectif affiché est de franchir le million de contrats d’alternance en France, et de réduire durablement le chômage, l’alternance étant considérée comme la meilleure solution pour l’insertion professionnelle des jeunes.
La Cour des comptes pointe le coût de cette mesure pour les finances publiques
Néanmoins, les nuages s’amoncellent au-dessus de cette mesure phare du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. La Cour des comptes qui a déjà pointé à deux reprises le coût de cette politique. Dans une note remise au ministre de l’Economie pour l’aider à préparer le budget 2024, les magistrats financiers faisaient remarquer que « le coût pour les finances publiques s’est élevé en 2022 à plus de 16,8 milliards d’euros pour la seule politique d’alternance ».
Le rapporteur du budget 2024, le député Jean-René Cazeneuve, et une vingtaine d’autres parlementaires souhaitaient conditionner ces aides pour éviter un dérapage budgétaire. Parmi les options sur la table, empêcher une personne titulaire d’un Bac+5 d’en bénéficier pour une reprise d’études, voire limiter le dispositif aux diplômes jusqu’au Bac+2. Mais, le ministre du Travail de l’époque, Olivier Dussopt avait balayé ces propositions affirmant que le gouvernement ne voulait «pas envoyer un contre-signal aux employeurs et casser une dynamique lancée ». Une dynamique qui devrait donc se poursuivre, a priori jusqu’en 2027.