Les partenaires des Dialogues de l’urbain étaient réunis à La Villa Méditerranée vendredi 24 novembre pour lancer une 2ème saison qui sera itinérante, fermeture oblige du fameux porte-à-faux ancré sur le J4. Le collectif de la quinzaine de structures impliquées dans la démarche depuis janvier 2017 Mucem, Amu, AFD, Fondation Camarguo, EHESS, Ensa.m, MSSH, …) emmené par l’Avitem (Agence des villes et territoires méditerranéens durables), garde une foi intacte dans sa volonté d’aller décrypter et de débattre des mouvements de l’urbain et des mutations en tous genres (démographie, architecture, paysage, climat) à l’oeuvre dans les villes de Méditerranée, au Nord comme au Sud.
Le premier volet des Dialogues de l’urbain 2017-2018 s’ouvre de manière spectaculaire avec une journée entière consacrée aux « connectivités contemporaines. » Un thème choisit à la faveur de l’ouverture de la nouvelle galerie de la Méditerranée qui propose une exposition sous ce même titre.
« Les villes méditerranéennes chères à Fernand Braudel ont longtemps formé un réseau urbain favorisant des échanges le plus souvent maritimes. Aujourd’hui un réseau de villes s’est substitué aux villes en réseau : l’urbanisation rapide que nous connaissons passe par une interconnectivité à l’échelle mondiale et des formes d’échanges inédites comme celles que dessinent les câbles sous-marins » expliquent les organisateurs. Les questions sont multiples : « Qu’en advient-il des dynamiques urbaines dans un monde où la connexion est le moteur principal ? Face à la connectivité contemporaine comment l’urbanité peut-elle encore trouver une place ? ». Pas sûr que la journée suffise à épuiser le débat qui sera forcément animé, vu notamment le niveau très relevé des intervenants et experts. Des personnalités du monde scientifique comme du monde professionnel, acteurs contemporains des connectivités d’aujourd’hui… Dialogues de l’urbain #9, début à à 9h30 ce matin au Mucem. A ne pas manquer.
Le programme de la journée des Dialogues de l’urbain sur le thème des Connectivités contemporaines : géographie, économie et politique
L’événement est coordonné et animé par Olivier Mongin, éditeur et essayiste en collaboration avec Aude Fanlo et Malika Akbi (Mucem). Avec le concours de la revue Tous urbains ! et dans le cadre des « Dialogues de l’urbain ».
9h30 : Ouverture par Olivier Mongin (éditeur, essayiste) : « La mutation en cours : du réseau des villes aux villes en réseau »
> 10h : Michel Lussault (géographe) : « Monde liquide et hyperlieux »Si les flux de tous ordres font pression sur les territoires et les transforment, on assiste à une reconfiguration de ceux-ci où les « hyperlieux » sont les mailles décisives du réseau mondialisé.
> 10h45 : Michel Foucher (géographe et diplomate) : « Le projet chinois de la route de la soie, une connectivité déclinée au pluriel » Nouveau projet « impérial » qui relie la Chine à l’Europe et à l’Afrique, la route de la soie est non seulement maritime, mais aussi terrestre, ferroviaire, aérienne et câblée.
> 11h30 : La plateforme maritime de Marseille, levier d’action entre proximité et interconnectivité. Cette table ronde rassemble des professionnels de la mer et de l’aménagement du territoire pour évoquer la manière dont la ville-port de Marseille répond aux enjeux de la connectivité. Avec Fabrice Coquio (président Interxion), Jean-François Suhas (président Club de la Croisière Marseille Provence), Jean Michel Guénod (architecte et réalisateur), Xavier Daumalin (historien), Christine Cabau-Woehrel (directrice générale du Grand Port Maritime de Marseille).
Vers de nouvelles configurations urbaines: 14h30-17h30 « Flux tendu, stock zéro » : quel avenir pour les villes face aux défis de la connectivité ? Assiste-t-on à la naissance d’un nouvel esprit urbain ou bien les villes seront-elles coupées des pôles de la mobilité qui sont toujours plus décontextualisés ?
> 14h30-16h00 : Des villes face à un tournant historique : scénarios méditerranéens. En prenant les exemples d’Istanbul, du Caire, de Marseille ou d’Alger, on se demandera comment se recomposent aujourd’hui les milieux urbains. Table-ronde avec Jean François Pérouse (géographe), Dominique Lorrain (directeur de recherche CNRS), Taoufik Souami (directeur de l’Institut français d’urbanisme), Bernard Morel (économiste et urbaniste).
> 16h00-17h30 : Ports et connexions : métamorphoses de l’imaginaire urbain Ce sont aussi les images et les représentations qui façonnent les espaces urbains et « la forme d’une ville », diraient Baudelaire et Gracq.
> 16h : « L’imaginaire portuaire entre connectivité et patrimonialisation », Pierre Gras (journaliste et historien) Les connexions engendrent un imaginaire paradoxal des ports, qui oscille entre la muséification des « vieux ports » et l’évocation de plateformes hyperconnectées coupées des espaces urbains.
> 16h45 :« Traversées cinématographiques », Carole Desbarats (historienne du cinéma) Si Jim Jarmush met en scène un monde urbain à plusieurs vitesses, Aki Kaurismaki s’arrête au port du Havre et Steven Spielberg s’enferme dans un aéroport.
> Table ronde : Dans un monde de connexions, quel avenir pour les espaces publics ? 18h-19h Avec Judit Carrera (Centre de culture contemporaine de Barcelone) et Jean- Philippe Béja (CERI/Sciences-Po).
> Soirée-débat : « Entre Méditerranée et Amérique latine : les chantiers d’une histoire globale » 20h30-22h. Proche de Fernand Braudel, Maurice Aymard (EHESS) est un fin connaisseur de la Méditerranée. Serge Gruzinski (CNRS/EHESS) connaît comme personne l’histoire des Amériques latines. Ensemble, ils discuteront des perspectives d’une histoire globale qui passe aussi par la géographie. En amont de la rencontre, signature du livre « La Machine à remonter le Temps » de Serge Gruzinski, qui vient de paraître aux éditions Fayard de 20h à 20h30.