Salon-de-Provence : les portes de la base aérienne s’ouvrent sous contrôle aux visiteurs. Pour tout un chacun, la base 701 est le point de décollage de la patrouille de France et de ses célébrissimes panaches tricolores. En fait, nous sommes à la fois sur une base aérienne, dans une grande école d’ingénieurs et dans un centre de recherche, le Crea, (Centre de recherche de l’École de l’air) nouvelle génération. Lors du salon Aero-Sud marqué par le marché des drones, avec une trentaine d’exposants, qui s’est tenu le 9 novembre dernier sur le site de la base, la Direction générale de l’armement (DGA) et Safe, le pôle de compétitivité des filières aéronautique et spatial, sécurité et sûreté, défense environnement et risques, ont annoncé la naissance d’un nouveau pôle, NovAero, qui sera la porte d’entrée pour les PME régionales vers les marchés et les financements de la DGA.
Cet été un événement est en effet presque passé inaperçu, l’École de l’air de Salon-de-Provence est devenue École de l’air et de l’espace s’ouvrant ainsi aux drones satellites et technologies spatiales. L’établissement qui était jusqu’en 2019 une unité de l’armée, est devenu « un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel, placé sous la tutelle du ministre des armées, constitué sous la forme d’un grand établissement. », doté d’une personnalité morale et d’une autonomie financière qui lui offrent plus de libertés dans sa stratégie de développement.
La Général, Dominique Arbiol, Commandant de la base aérienne 701 de Salon-de-Provence, directrice générale de l’École de l’air et de l’espace a rappelé que cette école est le seul lieu de formation des pilotes de l’armée de l’air, des futurs combattants et des experts, et que le mot Espace a été délibérément ajouté à école de l’air pour l’ouvrir à de nouvelles compétences. « La vision que nous avons, a-t-elle affirmé est de gagner la guerre avant la guerre ». Elle a souligné que ce passage dans le giron des grandes écoles devait se traduire par une ouverture au territoire
L’École a ainsi tissé des liens avec l’École centrale de Marseille, Science PO, avec le CEA ou avec Aix Marseille université. Le professeur Éric Blanco, directeur général de l’enseignement et de la recherche de l’École de l’air et de l’espace, souligne pour Gomet’ que « c’est une grande école d’ingénieur à part entière qui allie à la fois la recherche et l’enseignement avec 50 chercheurs, une dizaine de doctorants et des partenariats industriels » . Le statut de grandes écoles ouvre les portes à des projets issus des problématiques qui peuvent venir de l’armée ou des PME, comme un projet de drone à hydrogène avec le CEA ou des calculs pour faire sauter un chien en parachute !
Arnaud Demichelis, de la DGA à Istres se réjouit de la naissance de ce Pôle NovAero. Six délégations de l’Agence internationale de défense ont déjà été créées dans d’autres régions, Provence Alpes Côte d’Azur était un peu à la traîne. Aujourd’hui ce pôle va s’enrichir, des compétences de l’École de l’air, de l’espace, de la DGA d’Istres, de ses 500 agents, pilotes d’essai, ingénieurs d’essai, mécanicien et son expertise d’essai au sol, mais surtout du réseau du pôle Safe qui voit dans cette création l’opportunité pour les PME régionales d’accéder aux financements et aux projets nationaux
La composition du pôle NovAero
Atelier industriel de l’aéronautique de Cuers-Pierrefeu
État-major de la force de l’aéronautique navale
Centre d’expertise aérienne militaire
Centre d’expérimentations pratiques et de réception de l’aéronautique navale École de l’aviation légère de l’armée de terre
École de l’air et de l’espace
Groupement aéromobilité de la section technique de l’armée de terre
Pôle de compétitivité Safe
Le comité de pilotage de NovAero est co-présidé par le directeur de DGA Essais en vol et le directeur général du pôle Safe.
Né symboliquement sur la Base 701 ce premier pôle d’innovation aéronautique et spatial de défense en région Sud, NovAero veut « Innover plus haut, plus vite, plus loin » . Il est porté en région par la DGA-Essais en vol et résulte d’un partenariat entre la direction technique de la DGA, les États-majors d’armées, l’École de l’air et de l’espace, et le pôle Safe. Selon le communiqué de lancement le pôle « traitera plus particulièrement les thèmes de la sécurité aérienne, les interfaces homme système complexes, les hélicoptères, la connectivité, les drones, les plus légers que l’air, la formation et la gestion d’une crise majeure sur les opérations aériennes. De la connaissance du besoin des utilisateurs à l’intégration dans les systèmes en service, en passant par l’identification et l’expérimentation de nouvelles technologies susceptibles de répondre au besoin des systèmes d’armement, NovAero se veut un catalyseur de l’innovation en rapprochant le monde industriel et académique des besoins des forces. »
NovAero sera le bras armé en région Sud de l’Agence de l’innovation de défense (AID) qui détient les cordons de la bourse des financements en R & D. Pour André Soulage, directeur général de Safe, « c’est tout l’intérêt de ce pôle que d’ouvrir aux PME une voie vers des financements nationaux ». Safe précise-t-il « jouera un rôle majeur pour mobiliser les PME, les accompagner et porter leurs projets, via le pôle NovAero, vers l’Agence de l’innovation de défense (1)» .
Il aura pour objectifs de proposer à l’AID des projets innovants et d’intérêt technique, opérationnel et industriel, mais également de contribuer à la réalisation et à l’accélération des projets d’innovation ayant reçu un avis favorable de l’AID. Pour ce faire, le pôle donne l’opportunité aux entreprises et laboratoires de la filière de proposer des projets d’innovation et d’avoir accès à des appels à manifestation d’intérêt issus des besoins exprimés par les forces armées. Arnaud Demichelis espère que le nouveau pôle sera en mesure lancer un AMI début 2022.
Lien utile
Site internet : www.pole-novaero.com
(1) Placée sous la responsabilité du Délégué général pour l’armement (DGA), l’Agence de l’innovation de défense (AID) a été créée le 1er septembre 2018 par Florence Parly, ministre des Armées. L’AID fédère les initiatives d’innovation du ministère en assurant la coordination et la cohérence de l’ensemble des démarches d’innovation. Tout en poursuivant les travaux relatifs à l’innovation technologique sur le temps long, l’Agence est le capteur des innovations d’opportunité au bénéfice de tous les utilisateurs finaux quels que soient leurs domaines : conduite des opérations, équipements, soutiens, fonctionnement, administration. (Source DGA)