Tous les semestres, retrouvez sur Gomet’ le baromètre des levées de fonds Crowe Ficorec – Région Sud Invest – Gomet’. Il recense toutes les opérations connues sur le territoire de la Métropole Aix Marseille Provence au cours des six derniers mois. A l’instar de l’économie au global, la deuxième moitié de l’année 2021 affiche des résultats exceptionnels pour l’activité du capital-investissement et du soutien aux entreprises, flirtant avec le record de 2019.
L’économie régionale termine l’année en beauté. Dans le nouveau baromètre des levées de fonds sur le deuxième semestre, Gomet’ retrouve des performances proches des années avant le Covid-19 avec un total de plus de 250 millions d’euros apportés par les investisseurs sur les six derniers mois. C’est près du double de la même période de l’année précédente et à 60 millions près du record atteint au deuxième semestre 2019.
Un deuxième semestre beaucoup plus haut que le début d’année
Premier constat, l’accélération de la croissance économique se retrouve dans les opérations de capital-investissement de la région. Le deuxième semestre est beaucoup plus dynamique que la première moitié de l’année qui n’avait enregistré que 72 millions d’euros de fonds levés, soit près de quatre fois moins. Et le nombre d’opérations est équivalent : quinze tours de table comme au premier semestre. L’écart sur le montant s’explique notamment par la finalisation de très gros investissements au second semestre. La plus grosse opération est à mettre au crédit de Provepharm, la société marseillaise spécialisée dans la réhabilitation des médicaments anciens. Elle a annoncé en septembre une levée de 120 millions d’euros mais il faut cependant noter que cet apport d’argent frais est essentiellement réalisée via de la dette bancaire auprès de ses partenaires historiques : Tikehau, Société Générale, Banque populaire… Les nouvelles lignes de crédits s’étalent cependant sur du long terme et peuvent donc s’apparenter à du haut de bilan.
Après une année 2020 clairement handicapée par la crise sanitaire, les opérations de capital-investissement repartent de plus belles en 2021. Tandis que l’épidémie est encore loin d’être finie, les entreprises ont tout de même profité d’une forte reprise économique et des aides publiques pour continuer à lever des fonds pour financer leur croissance et leurs projets de développement. Avec 254 millions d’euros, le score du second semestre de l’année 2021 retrouve presque le niveau record de 2019 et témoigne d’un net rebond de l’activité.
Une année 2021 sur les standards du monde avant covid
Sans déflorer le baromètre complet sur l’année 2021 à paraître bientôt sur Gomet’, la compilation des données sur le deuxième semestre confirme la reprise d’activité avec un montant global sur l’année qui atteint les 320 millions d’euros levés sur le territoire Aix-Marseille Provence, soit 100 millions de plus que l’exercice précédent. Les spécialistes du secteur se réjouissent de ces bonnes performances au niveau local. « La progression est fulgurante. Nous passons de la cinquième à la quatrième place sur treize régions alors qu’en terme de population Paca est la septième région de France », commente Camille de Guillebon, le responsable Sud-Est du cabinet de consulting EY interrogé par Gomet’ à l’occasion de la publication de leur propre rapport sur les opérations de venture capital en 2021 (lien). Il relève également la prédominance des secteurs santé et cleantech dans la région quand les grandes licornes nationales sont davantage positionnées sur le numérique et la fintech.
L’avènement des cleantech
Habituellement, les entreprises du digital sont les plus dynamiques pour les levées de fonds aux côtés des sociétés de la healthtech. Mais si la santé est toujours aussi présente dans ce nouveau baromètre, le numérique est pour la, première fois étonnamment peu représenté. Deux opérations seulement, celles de Eho-link et Carbookr, concernent les technologies digitales. Et signe de l’évolution des mentalités, ce sont les sociétés engagées dans la transition énergétique et écologique au sens large qui sont désormais les plus attractives pour les fonds d’investissements et les banques.
Une fois de plus, la santé truste les premières places et cette domination est ultra-dominante avec les deux premières opérations qui représentent 80% de l’argent total réuni lors des six derniers mois . La biotech marseillaise Provepharm participe grandement à cette domination avec la levée de 120 millions d’euros réalisée en septembre dernier essentiellement en dette auprès de ses partenaires bancaires. Mais elle est talonnée par une nouvelle pépite de l’immuno-oncologie marseillaise Emergence Therapeutics qui boucle un tour de table impressionnant de 87 millions d’euros. Les premières cleantech arrivent derrière avec des opérations plus modestes comme Enogia et son introduction en bourse qui lui permet de lever 11 millions d’euros et Ombrea, la start-up aixoise, qui passe un cap avec une opération à 10 millions d’euros.
Avec sept opérations au total, les cleantech (qui regroupent ici les secteurs environnement, énergie et électronique) sont pour la première fois très clairement dominantes dans les opérations de capital-investissement de la Métropole. Elles devancent même la santé, habituel leader dans le domaine qui comptabilise tout de même cinq levées sur les six derniers mois. Le secteur Cleantech regroupe des innovations variées allant des ombrières intelligentes pour l’agriculture au calculateur d’itinéraire écologique pour les transport de marchandises en passant par la miniaturisation des chargeurs électriques…« Ce sont des projets de plus en plus matures qui atteignent l’étape industrielle», relève Pierre Joubert, le directeur général de Région Sud Investissement. La filière du développement durable commence à convaincre les fonds d’investissements de financer des tours de table significatif au-delà des 10 millions d’euros. Mais elle ne rivalise pas encore avec les pépites de la santé qui restent les championnes en consommation de cash.
A regarder la répartition des levées de fonds par secteur, la santé regroupe a priori toujours le plus grand nombre d’opérations avec cinq levées sur quinze au total. L’environnement a proprement parlé arrive en deuxième position avec seulement trois opérations. Mais si l’on regroupe ce qu’on appelle les « cleantech », les entreprises impliqués dans la transition écologique sous toutes ses formes, il faut ajouter Enogia avec ses micro-turbines, Iadys et son robot nettoyeur des mers ou encore Entent et sa solution de transformation de la chaleur en électricité. Ces nouvelles technologies écologiques prennent alors la tête du classement avec six opérations.
Sur les montants, il n’y pas photo. Le secteur santé affiche un score total de 214 millions d’euros quand les cleantech dépassent tout juste les 30 millions d’euros. Les deux plus grosses opérations de ce semestre sont réalisées par Provepharm (120 M€) et la nouvelle biotech marseillaise spécialisée dans le traitement du cancer Emergence Therapeutics qui a bouclé en fin d’année une série A de 87 millions d’euros. A elles seules, elles pèsent pour plus de 80% des fonds levés au deuxième semestre.
Pour ce baromètre du second semestre 2021, la santé reste sur des montants très largement supérieurs par rapport aux cleantech malgré leur très belle progression. Les fabricants de médicaments sont traditionnellement très gourmands en cash et si le risque est important pour les investisseurs, les promesses de retour sur investissement sont énormes en cas de succès et de mises sur le marché. L’argent investi dans les technologies de la transition écologique sont pour le moment beaucoup plus modestes à l’image d’Enogia qui ne réunit finalement que 11 millions d’euros sur le marché Euronext quand les introductions en bourse avoisinent traditionnellement plutôt les dizaines de millions.
Le territoire attire de plus en plus de gros fonds étrangers
Du côté des fonds d’investissements, ce deuxième semestre est aussi celui de l’arrivée de gros opérateurs étrangers : des industriels comme l’allemand OHB pour Searoutes ou des fonds spécialisés comme l’israélien Pontifax qui a mené l’opération pour Emergence Theraputics. Les acteurs locaux restent tout de même les plus actifs avec notamment Région Sud Investissement, le véhicule du conseil régional, toujours le plus présent avec encore sept opérations réalisés sur les six derniers mois. Il devance le Crédit Agricole qui abonde dans quatre levées avec ses filiales CAAP Création et Sofipaca. Pour fermer la marche du podium, la banque nationale, plutôt discrète habituellement localement, BNP Paribas, intervient sur deux opérations pour des sociétés où elle était déjà présente comme partenaire.
Pour ce nouveau baromètre semestriel des levées de fonds, Région Sud Investissement conserve son titre de fonds le plus actif du territoire avec des participations dans sept opérations. Le fonds du Conseil régional Provence-Alpes Côte d’Azur est à l’image de notre baromètre essentiellement actif dans les cleantech avec trois participations et la santé avec deux opérations. Le deuxième fonds le plus actif reste également le même. Il s’agît du Crédit Agricole qui signe quatre opérations avec Sofipaca et Caap Creation.
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