C’est une vaste étendue d’eau de 20 hectares, à cheval entre La Roque-d’Anthéron et Rognes. Le bassin de Saint-Christophe joue un rôle essentiel dans l’acheminement de l’eau potable jusqu’à Marseille et constitue un premier filtre. Propriété de la Métropole Aix-Marseille, opéré par la Société des eaux de Marseille (Veolia Eau), il se situe précisément à la jonction entre la Durance et le Canal de Marseille et concentre vingt millions de mètres cubes d’eau – deux fois le volume d’eau du Vieux-Port.
« C’est ici que tout commence : l’eau est acheminée depuis ce bassin jusque dans les centres de traitement de l’eau, pour alimenter les robinets des Marseillais. Il s’agit d’un décanteur et non pas d’une réserve d’eau car c’est un outil de traitement primaire de l’eau », explique Sandrine Motte, directrice générale de la Société des eaux de Marseille. Le bassin, en effet, permet une première décantation de l’eau, afin de la débarrasser des limons – mélange de boue et d’autres résidus naturels, rejetés dans la Durance – qui se déposent dans des “cavaliers” qui sillonnent le fond du bassin et facilitent la décantation et le dévasement.
15 000 tonnes de limons évacués tous les deux ans
Jusqu’à 15 000 tonnes de limons sont ainsi évacués tous les deux ans vers la Durance. « Au départ, un arrêté préfectoral nous permettait de procéder au délimonage tous les ans, mais aujourd’hui, avec le système de régulation de l’eau qui nous permet de ne prélever dans la Durance que l’eau dont nous avons besoin, une fois par an suffit », précise Laurent Chapon, directeur du département patrimoine de la Sem.
Un suivi est assuré en interne par la Sem en matière d’impact sur la biodiversité. Selon la Sem, le renvoi de limons dans la Durance n’influe pas sur la faune et la flore locale – poissons, algues et autres batraciens.
Un fonctionnement entre modernité et tradition
L’ouvrage a été construit en 1882, soit trente ans après la construction du Canal de Marseille en 1843. Il a donc connu quelques améliorations technologiques, notamment pour s’assurer qu’il n’y a pas de fuites dans la cuve. La structure ancienne, en pierre, peut présenter ce risque, à l’inverse des infrastructures modernes en béton.
A chaque opération de délimonage, de l’eau doit être évacuée. Cela est réalisé grâce à des vannes : le système, daté lui aussi de 1882, a été amélioré grâce à un dispositif de télégestion qui permet d’ouvrir les vannes à distance. Mais les bonnes vieilles méthodes ne sont pas pour autant mises au placard : « Anciennement, ces vannes étaient manuelles. Elles sont aujourd’hui motorisées mais la sécurité manuelle marche toujours. En cas de panne électrique ou si une météorite tombe sur le bassin, on peut toujours continuer grâce au système de 1882 ! » souligne Denis Giraud, responsable de la division régulation.
Après ce premier filtrage, l’eau, toujours à l’état brut, est acheminée par le Canal de Marseille pour rejoindre les stations d’épuration, notamment celles de Saint-Barnabé ou Sainte-Marthe à Marseille. Après de nouveaux filtrages pour ôter les particules les plus fines, l’eau est traitée à l’ozone, et non au chlore – sauf cas exceptionnel – comme dans le reste de la France. Une technique qui, selon la Sem, vaut à l’eau de Marseille sa réputation de meilleure eau du monde …
A la découverte du bassin de Saint-Christophe en vidéo
En savoir plus :
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