Pour la conférence annuelle de l’engagement, Jean-Luc Chauvin, président de CCI métropolitaine Aix-Marseille Provence, a reçu le soir du 4 décembre, Virginie Guyot, dans le salon d’honneur du Palais de la Bourse de Marseille, et tous les mandataires du monde économique local engagés dans les missions collectives de la Chambre de Commerce de notre territoire.
Virginie Guyot, par son parcours de pilote de chasse et leader de la Patrouille de France en 2010, en était l’invitée d’honneur, pour parler d’engagement, performance, dépassement de soi, esprit d’équipe, pour inspirer les entrepreneurs et tracer des parallèles entre les domaines de l’aviation extrême et de l’entreprise.
De la passion d’enfance à la reconnaissance d’élite
Passionnée très jeune d’aviation, Virginie Guyot passe son baptême de l’air à 12 ans, au collège, grâce à son internat. Dès lors, par le travail, elle se donne les moyens de realiser son rêve de devenir pilote. Elle dit avoir été soutenue par ses parents, qui lui ont transmis à la fois la confiance, le goût de l’histoire de son pays et la découverte du monde militaire et aérien, ainsi que plus tard par sa propre famille et tous ses encadrants.
Après l’Ecole de l’Air et de l’Espace, à Salon-de-Provence, ingénieur diplômée et officier de carrière, elle devient la première femme affectée à l’avion de combat monoplace Mirage F1, pour des missions de reconnaissance et d’appui au feu. Elle gravit l’échelle des grades et termine sa carrière militaire comme lieutenant colonel de l’Armée de l’Air. Elle capitalise 2 300 heures de vol et 76 missions, est Chevalier de la Légion d’honneur et décorée de l’Ordre National du Mérite, et a reçu les médailles de l’aéronautique et de la défense nationale.
Leader de la Patrouille de France
En 2008, à 31 ans, elle rejoint la Patrouille de France dont elle devient leader en 2010, une année, commandant de l’Armée de l’Air : Virginie Guyot est ainsi la première femme au monde, et la seule à ce jour, à avoir dirigé une patrouille acrobatique nationale.
Pour faire vivre à son auditoire une fraction de son métier, elle décrit les figures de voltige, appelées boucles, trèfles, barriques alternées, les passages publics à 100 m du sol et les pointes de vitesse jusqu’à 900 km/h, ourlées de fumigènes bleu-blanc-rouge.
Elle communique jusqu’aux sensations, les accélérations, la vitesse et l’altitude, autant ressenties que lues sur le tableau de bord, le risque de troubles visuels ou d’évanouissement, les précieux repères au sol… Elle explique l’équipement : vêtements ignifugés, gilet de combat, masque à oxygène et matériel de survie pesant 7 kg. On imagine le mécanicien la glisser et la sangler dans l’Alphajet, sur le siège éjectable, casquée, visière ajustée.
Mais il ne s’agit pas d’une discipline solitaire : la Patrouille de France, ce sont huit avions cadencés, qui évoluent à seulement deux ou trois mètres les uns des autres à très grande vitesse en haute altitude. Certes, un seul, le meneur, décide à quel moment “tirer sur le manche”, mais la performance de chacun et la confiance mutuelle sont indispensables au succès d’une figure, d’une mission périlleuse, ou du défilé du 14-Juillet, un des buts les plus exigeants et symboliques de la patrouille.
En cadence, tous ensemble
C’est en partageant les pratiques et valeurs de la Patrouille de France avec Virginie Guyot qu’on peut esquisser, toutes proportions gardées, des parallèles avec le monde économique : s’appuyer sur le collectif, être plus forts ensemble, regarder dans la meme direction, partager une vision et ambition collectives, orchestrer une équipe plurielle, gérer le stress, maîtriser les risques…
Mais aussi donner à la confiance mutuelle autant, voire plus, de prix qu’aux savoir-faire et performances individuelles : le leader en vol ne suit et ne voit personne, ne regarde pas derrière ou à côté mais devant, il annonce le moment d’agir à ses équipiers et sait que les mouvements seront parfaitement exécutés. Il incarne les valeurs de la patrouille et met en jeu son leadership personnel. Mais aussi il responsabilise chacun : toute l’équipe, en vol, au sol, en mécanique, à la tour de contrôle, peut avoir un impact déterminant à un moment sur la mission dans son domaine de compétence. “La fonction prime sur le grade”, même dans la hierarchie de l’armée de l’air, le pilote sait suivre la recommandation avisée de son technicien, pour le succès de la mission et la vie des équipiers.
Deux étapes liées aux ressources humaines ont particulièrement intéressé les mandataires.
Recrutement et communication
Depuis sa création il y a 70 ans, la Patrouille de France est très exigeante dans son mode de sélection. Sur neuf pilotes sélectionnés, huit volants et un remplaçant, trois par an sont renouvelés, dont le leader, après trois ans de service seulement. Le recrutement, clé et perpétuel, ne se fait pas de façon centrée sur les pilotes (comme dans le film Top Gun !), mais est aujourd’hui centré sur la mission. De tous les candidats volontaires, tous forts d’au moins 1500 heures de vol, sera retenu le candidat le plus fiable, qui comprend le mieux la mission de la patrouille et comment y dédier ses qualités, son intelligence, rationnelle et émotionnelle, son contrôle, son inter-operabilité et sa curiosité. Une fois engagé dans la patrouille, le nouveau pilote d’élite, avant d’y voler, effectuera un parcours d’intégration en mécanique et en tour de controle, pour mieux comprendre l’écosysteme de la patrouille et la motivation de tous.
Le maître-mot de la patrouille, bien que seule pendant ses minutes de vol, reste de communiquer : depuis la préparation, au briefing, à l’exécution de la mission en vol, puis au débriefing. La communication y est factuelle, sans rétention d’information, collective et ouverte, avec anticipation. Après avoir tout préparé, en n’omettant aucune éventualité (what if ?), la patrouille a la culture du “feeback” : l’objectif est il atteint et pourquoi ? Les huit pilotes ont la parole à tour de rôle, expriment, apprennent, et progressent continuellement, tant pour leur performance que pour leur protection.
Un parcours inspirant
Après un récit captivant et une belle leçon de management, Virginie Guyot a conclu la conférence en citant Antoine de Saint Exupery : « la grandeur d’un métier est d’unir les hommes. »
Enfin, la commission des mandats de la Chambre de commerce, présidée par Christine Bord Le Tallec et représentée par Laurence Pont, a mentionné les 200 nominations dans les conseils où siège la CCI AMP et a rappelé le rendez-vous annuel de la conférence de l’engagement. C’était avec Virginie Guyot en 2023 la deuxième, la précédente en décembre 2022 ayant convié le rugbyman Fabien Pelous. La prochaine conférence annuelle de l’engagement de la CCIAMP, réservée aux mandataires, est d’ores et déjà programmée le 2 décembre 2024, avec Alex Caizergues, marseillais, recordman en kite-surf, cofondateur de Syroco et porteur de la flamme olympique. Encore une personnalité qui saura être source d’inspiration.
Liens utiles :
L’actualité de la CCI AMP dans les archives de Gomet’
Les acteurs économiques se préparent à la révolution écologique de l’étang de Berre