Suspendues mercredi dans la soirée, les recherches pour retrouver d’éventuels survivants sous les décombres des immeubles 63, 65 et 67, rue d’Aubagne ont repris jeudi 8 novembre à 13 heures. Elles avaient été interrompues pour permettre une opération de « déconstruction » sur deux immeubles mitoyens au numéro 69 et 71, menaçant de s’effondrer sur les sauveteurs. Jean-Claude Gaudin, a signé mercredi soir, « en parfait accord », avec le préfet, un arrêté pris sur la base du pouvoir de police général du maire, prescrivant cette opération.
Elle visait à grignoter les immeubles progressivement de manière à rendre la sécurité. « Depuis trois jours les marins-pompiers du 13 avec leurs collègues du Var et du Vaucluse travaillent sous ces immeubles dégradés et qui, par effet, de chaîne se sont dégradés de plus en plus. On surveille en tous temps et en tous lieux que les gravats ne tombent pas. Il y a des gens avec des sifflets et des télémètres lasers et à la moindre alerte, on se jette pour se retirer de la zone de risque le temps que ça se stabilise, a expliqué le vice-amiral Charles-Henri Garié, commandant du bataillon des marins-pompiers de Marseille, participant à la conférence de presse, qui se tenait ce jeudi à l’Hôtel de Ville. L’immeuble 67 d’abord, puis 69 s’est gonflé, il a donc fallu envisager de se retirer et malheureusement d’interrompre les secours, parce que les marins-pompiers et toute l’équipe, malgré toutes les précautions nécessaires, étaient véritablement menacés par un mur de plus 20 mètres de haut, boursoufflé, qui menaçait à chaque fois de tomber ».
Un septième corps retrouvé
Le commandant nourrissait ce matin, l’espoir « mince, très mince, mais réel » de retrouver des survivants. Mais vers 18 heures, un nouveau corps sans vie a été découvert, portant à sept le nombre de victimes. Cinq (trois hommes et deux femmes) ont d’ores et déjà été identifiés par les enquêteurs de la police judiciaire et par leurs collègues de l’unité d’identification des victimes de catastrophes (IPIVC) rapporte La Provence. Les secouristes sont toujours à la recherche d’au moins une victime. Elle pourrait se trouver sous les décombres du 65, le seul des trois immeubles qui était officiellement habité. Les deux autres étaient murés et théoriquement vides, même si, selon des témoignages recueillis dans le quartier par l’Agence France-Presse le numéro 63 était souvent squatté par des sans-papiers ou des vendeurs de cigarettes de contrebande.
Des questions demeurent sur l’immeuble 65 de la rue d’Aubagne qui avait fait l’objet d’un arrêté de péril « grave et imminent » le 19 octobre. Malgré cette mesure aucune évacuation n’avait été programmée, sauf pour le seul appartement du 1er étage. Comment les locataires ont-ils donc pu réintégrer leur immeuble 65 ? A cette question posée par l’un des nos confrères de La Marseillaise, lors de la conférence de presse, le maire a simplement répondu de « laissez faire l’enquête ».
L’enquête judiciaire ouverte lundi 5 novembre devra établir toutes les responsabilités. « A ce stade », les causes précises de l’effondrement des immeubles 63 et 65 ne sont toujours « pas établies » a indiqué mercredi 7 novembre, dans la soirée le procureur de la République, Xavier Tarabeux, ajoutant qu’il « serait prématuré d’imputer des responsabilités pénales ».
Solidarité et marche blanche samedi
« 180 personnes ont été prises en charge et relogées dans des hôtels du secteur et des repas leurs sont apportés », a indiqué, quant à elle, Sabine Bernasconi, maire des 1er et 7e arrondissements de Marseille. La mairie de secteur est devenue depuis lundi le centre névralgique « pour soutenir les personnes en difficultés ». Pour les solutions de relogements concernant les locataires des immeubles détruits, « 80 logements sociaux ont été rendus disponibles par les bailleurs sociaux ». Lionel-Royer Perreaut, président de 13Habitat a indiqué que « 19 logements sont mobilisables pour le relogement ». Des équipes ont aussi été rapatriées de Salon-de-Provence pour accueillir les personnes et les aider dans l’élaboration des dossiers. « A cet égard, l’Etat serait bien inspiré de nous permettre de déroger à la règle pour accélérer les procédures », a déclaré M. Perreaut.
Samedi 10 novembre, une marche blanche en souvenir des victimes du drame doit avoir lieu entre le quartier de Noailles et le Vieux-Port.
Liens utiles :
> Au banc des accusés, la Ville de Marseille défend sa politique du logement
> Effondrements rue d’Aubagne : le temps des questions et des responsabilités
> La Ville de Marseille face à la catastrophe de la rue d’Aubagne : mobilisation et précisions
> Deux immeubles s’effondrent à Marseille : le point sur les derniers développements
> Effondrement rue d’Aubagne : les habitants du secteur pris en charge
> [Mobilisation] Lancement du #solidaritéhabitantsruedAubagne à Marseille