Il est des jours où l’actualité percute une tout autre actualité… sans grand rapport apparent. Quoique ! Michel Blanc vient de nous quitter nous laissant seuls avec nos fous rires ou nos larmes.
A se remémorer sa singulière filmographie, on ne peut s’empêcher ici, à Marseille, de s’amuser de quelques correspondances avec un monde politique qui continue à faire son cinéma, sans pour autant nous garantir de détendre nos muscles zygomatiques.
A gauche toutes donc avec, c’est selon, « Mauvaise passe » ou « Grosse fatigue ». La gauche, nous l’avons déjà dit ici, après des élections législatives contrastées côté résultats (un PS, deux LFI, un ex LFI, 3 RN), commence à trembler sur les fondements qui firent le Printemps Marseillais. Ils mirent fin à plus d’un quart de siècle de règne de la droite marseillaise cornaquée par Jean-Claude Gaudin. Un Insoumis hésitant entre « Les Cadors » ou « les Tuches 4 », Sébastien Delogu, s’invite désormais dans le scénario de 2026, réclamant à Benoît Payan le rôle qui lui parait légitime de tenir, en raison de l’emprise de la formation mélenchoniste à laquelle il appartient, sur des quartiers dont communistes et socialistes semblent avoir été durablement chassés. Il peut s’appuyer, pour étayer son script à venir, sur l’insistance de seconds rôles à vouloir bâtir un casting qui irait de l’extrême gauche à la social-démocratie.
Barles prend la plume
Cette production inédite est notamment envisagée par un autre Sébastien, Barles celui-là, qui, au nom d’une écologie en panne dans la deuxième ville de France, réclame un fauteuil d’orchestre pour sortir du strapontin que la gouvernance de Payan lui a attribué. Pour faire bonne mesure l’acteur des EELV et néanmoins adjoint vient de consigner cette espérance de dialogue dans Marseille 2030 : La ville des possibles, édité par les éditions de l’Aube de Jean Viard. Il n’y propose pas « Les nouvelles aventures d’Aladin » mais de réveiller Marseille, après la longue parenthèse Gaudin, en créant notamment de « nouvelles solidarités » antidote selon lui à la montée du RN.
Barles en profite pour réécrire la « fable » que l’on nous a servie, dit-il, avec l’épisode de Michèle Rubirola. Elle a renoncé prématurément au premier rôle pour lequel les Marseillais l’avaient élue, pour une raison aussi obscure qu’une salle de projection. Evidemment il ne doit pas s’attendre à une Palme ou un César et les critiques côté municipalité ont fusé lui reprochant de faire « Chambre à part ». On attend la suite pour savoir si d’autres s’inscriront dans cette démarche et si le public s’enthousiasmera pour, comme il l’appelle de ses vœux, « bâtir un horizon commun », et « créer de la solidarité, de la culture, de la transition ». Les électeurs avaient déjà pris un billet pour voir ce film en 2020, il n’est pas certain qu’un remake les tente.
A droite c’est plutôt « Voyez comme on danse » qui est à l’affiche. On aura la bonté de ne pas rappeler « Une petite zone de turbulence » que vient de traverser une partie des troupes républicaines, invitant quelques vieux électeurs en état de faiblesse à aller voir une œuvre dont les sous-titrages leur étaient incompréhensibles. Exit l’affaire des fausses procurations, le rideau tombera dans quelques semaines sur ce nanard infâme. C’est plutôt « La montre, la croix et la manière » qui vient de se jouer chez les LR ou les macronistes.
En cause le film qui s’est joué récemment au Dock des Suds, avec Frédéric Collart proposant à ses troupes d’en finir avec les acteurs fatigués de la droite républicaine. Trop pressé le cardiologue à qui Renaud Muselier a désigné la courbe des sondages pour mesurer le pouls de son éventuelle popularité. Le message est clair dans cet hémisphère-là, c’est « Marche à l’ombre ».
Agresti-Roubache en instance de divorce avec Marseille
Mais de qui ? Là est la question, d’autant que ce camp est désormais lesté par son néo-macronisme et que deux guest-stars du pôle présidentiel, les anciennes députées Sabrina Agresti-Roubache et Cathy Racon-Bouzon, jouent désormais leurs propres partitions. La première a décidé de faire carrière à Paris, la seconde est chargée de mission à la mairie de Marseille. Vous avez dit bizarre ? Mais après tout, c’est comme au cinéma « Les héros n’ont pas froid aux oreilles ».
On attend donc la distribution pour la prochaine sortie de la droite républicaine qui hésite encore entre franche comédie et nouvelle tragédie. Avec tout ça, on en oublie presque que « La diable est dans la boîte ». Le RN s’est installé au premier rang avec « Le point de mire » des municipales. Certains, qui redoutent de se projeter, tentent de se rassurer en rappelant quelques « navets » qui, de Vitrolles à Fréjus en passant par Toulon ou Nice, ont vu que l’extrême-droite n’était pas « La meilleure façon de marcher ». Oui mais au pas cadencé ou feutré elle fait son chemin en attendant que « La fête commence ». Michel Blanc dans sa filmographie riche et désormais culte (dont on le remercie) a inscrit aussi son nom au générique de « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ».
Droite et gauche marseillaises seraient inspirées de proposer « Vous n’aurez pas l’Estaque, la Belle de Mai, le Roucas Blanc, La Plaine… ». Le scénario reste à écrire. La bande son a déjà La Marseillaise.