Le rendez-vous était donné jeudi 31 mars devant les grilles du jardin de la Mathilde (9e). L’endroit n’est pas anodin ; il s’agit du débouché de l’actuel boulevard urbain Sud (BUS). Un axe routier encore inachevé, dont le premier tronçon a été livré en 2020, et qui relie pour le moment la L2, au niveau de Saint-Loup (10e), au Cabot (9e). Contrarié par les “pistes de réflexion” publiées en mars par l’agence d’urbanisme marseillaise (Agam) concernant la deuxième partie de la rocade, Lionel Royer-Perreaut, maire DVD des 9e-10e, organise cet après-midi là une marche exploratoire et contestataire dans les quartiers Sud.
Une « balade urbaine » jusqu’à l’obélisque de Mazargues (10e), à laquelle sont conviés la presse et les CIQ du 9e, pour « montrer concrètement les limites » des tracés alternatifs du BUS vantés par la mairie. « L’ouvrage a été pensé global, il doit être réalisé global », tonne Lionel Royer-Perreaut, pas prêt de changer de cap. Décidément, ce vieux dossier d’aménagement urbain confirme son statut de “serpent de mer”, dans lequel les visions de la Mairie et de la Métropole divergent. Une querelle idéologique et politique devenue l’un des symboles du clivage droite-gauche à Marseille.
Rappel du contexte
La mise en service du deuxième tronçon du BUS, trois kilomètres de voirie jusqu’à la Pointe-Rouge (8e), prévue à l’origine pour cette année, prend du retard. Et la majorité municipale fustige toujours les tracés métropolitains (cf. schéma ci-dessous). Elle réclame dans ce dossier un raccordement aux transports en commun, aucune imperméabilisation supplémentaire, et aucune destruction des espaces verts. Trois invariants que la gauche marseillaise martèle sans modération.
Plus précisément, la Ville souhaite consacrer un tracé de BHNS jusqu’à la future station de tramway de la Gaye. Une manière selon elle de favoriser l’intermodalité. Elle réclame également une piste cyclable connectée aux axes structurants. La mairie a d’ailleurs commandé une étude à l’agence d’urbanisme (Agam), pour de nouveaux plans. Le document de 60 pages, remis aux élus en décembre dernier et rendu public en mars, séduit la mairie, mais agace la Métropole. En effet, les options alternatives (cf. piste n°3 ci-dessous) sont bien plus complexes et coûteuses puisqu’elles nécessitent un réaménagement de la voierie existante. « Ces scénarios et pistes de réflexion ont fait l’objet d’une analyse multicritères », se défend l’Agam.
Étape par étape, le vice-président métropolitain démonte les plans soutenus par la mairie. Ces propositions sont selon lui, « totalement irréalisables, pour ne pas dire loufoques (…) un véritable gymkhana ». Épaulé par Didier Réault (LR), conseiller départemental sur le canton, et Philippe Yzombard, président de la confédération des CIQ, le maire de secteur mène la marche dans les quartiers Sud. À noter l’absence de Laure-Agnès Caradec (LR), présidente de l’Agam et vice-présidente métropolitaine, « par soucis de neutralité », explique Didier Réault. Et pour cause, l’élue s’oppose aux tracés alternatifs dessinés par ses équipes, et soutient le projet d’origine.
La Métropole dit vouloir « rétablir une circulation normale »
Lionel Royer-Perreaut défend le projet métropolitain. Au fil de la “balade urbaine”, celui qui est également président du bailleur social 13 Habitat pointe les « incohérences » du tracé encensé par la Ville. Il signale au passage que le temps joue contre les citoyens, et décrit la situation actuelle comme une « prise d’otage (des habitants) de la partie haute (…) du Cabot, de Redon, de Panouse, de Luminy, du Vallon de Toulouse, de Mazargues ». Pour Didier Réault, « ce n’est plus acceptable » en matière de circulation. Mais sur ce dernier point, tous les partis sont d’accord. Il faut dire que le BUS s’achève sur un rond-point des plus dangereux, face à un mur, avec une signalétique au sol illisible.
Une dizaine de citoyens, alertés par la presse locale, se sont joints à la promenade. Certains soutiennent l’étude de l’Agam, et s’opposent de facto au tracé métropolitain, d’autres défendent le projet d’origine. Lionel Royer-Perreaut entend les arguments de chacun, mais maintient sa position, invoquant pour chaque suggestion alternative un manque de moyen, et/ou de temps. De son côté, la mairie ne lâche rien non plus. « Ce rapport de l’Agam nous permet de requestionner ce projet, rapporte à La Marseillaise l’adjointe en charge de l’urbanisme, Mathilde Chaboche, pour prendre le temps de réfléchir et essayer de faire au mieux pour les habitants ». La Ville vient d’ailleurs de présenter une liste de 139 révisions du plan local d’urbanisme (PLUi) – un texte voté lors du conseil métropolitain de décembre dernier.
Document source : l’étude de l’Agam
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