En amont du CES (Consumer Electronics Show) Las Vegas du 5 au 8 janvier, Gomet’ organisait son premier « Café de l’innovation » mardi 13 décembre. La délégation régionale va présenter 16 start-up pour ces trois jours intenses. Parmi elles, trois fondateurs sont venus échanger avec nous sur leurs attentes et leurs besoins avant de décoller pour ce rendez-vous incontournable du monde de la Tech.
Didier Parakian, invité du débat en tant que grand témoin, soulève son trophée de la « e-capitale de l’innovation » reçu le 7 décembre à la Commission européenne à Bruxelles. L’ancien chef d’entreprise, aujourd’hui vice-président de la Métropole Aix-Marseille en charge des relations internationales, ne cache pas sa fierté d’avoir été retenu face à l’espagnole Valence et la finlandaise Espoo. « Contre toute attente, nous avons été choisi car nous avons un magnifique écrin d’entreprises innovantes. Quand c’est l’Europe qui nous juge, on a des résultats ! », s’enthousiasme Didier Parakian à notre micro.
Pour l’élu, cette distinction va générer de l’attractivité sur le territoire toute l’année 2023 et au delà. « Il y aura un avant et un après capitale de l’innovation », assure Didier Parakian ambitionnant de faire de la Métropole « un phare » dans le bassin méditerranéen. « Fini le bashing, maintenant on brille à l’international ! On croule déjà sous les demandes de partenariats : la ville de Valencia veut faire un jumelage avec Marseille et Miami veut renforcer les liens avec notre métropole », affirme l’élu. Avec cet « award », la collectivité va percevoir un million d’euros de fonds européens à distribuer entre plusieurs projets innovants sur son territoire. Parmi les innovateurs du territoire, trois entrepreneurs sont autour de la table : Alain Lunati le PDG de SP3H, Jean-Luc Dorel le fondateur de Quantia et Hadi Moussavi, le directeur de Chargepoly.
Le CES, un atout pour déployer une filiale américaine
Installés au Technopôle de l’Arbois à Aix-en-Provence, les trois dirigeants ont déjà vécu une première expérience au CES Las Vegas alors que leur produit était encore en développement (R&D). Ils avaient fait le voyage au Nevada pour « gagner en visibilité » , « tester l’idée » et « se faire connaître ». Cette fois, leur voyage à Las Vegas est voué à trouver de véritables débouchés économiques sur le marché américain.
Pour Quantia, l’entreprise qui convertie l’eau chaude en énergie, Jean-Luc Dorel vient de recevoir le prix du CES 2023 « Sustainability et eco design » qui lui permettra d’obtenir « une visibilité à l’international et trouver un partenaire pour le marché américain », explique le fondateur. En 2016, une entreprise intéressée lui avait demandé de produire 100 000 machines alors que le produit n’était qu’en phase de R&D. « Je n’avais pas compris tellement c’était énorme, mais cette année j’espère qu’on me le redemandera car le produit est prêt. Nous avons calculé le potentiel de ce marché qui serait de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires si 5% de la population américaine utilisait notre solution. La crise énergétique nous permet de surfer sur une vague colossale », raconte le dirigeant.
Une autre crise, la crise environnementale, accélère aussi le business de Chargepoly. La start-up déploie ses charges électriques mobiles rapides pour les flottes de véhicules. La start-up vient d’installer des charges pour les camions de Renault (Renault Trucks) situées à Gèze pour rouler sur la Zone à faibles émissions (ZFE) de Marseille. Sa participation au CES doit permettre à la cleantech de développer une filiale aux États-Unis. « On y va pour chercher des clients américains. Nous avons déjà recruté le patron. », annonceHadi Moussavi en avant-première. Et de poursuivre : « Il faut produire sur place si on veut bénéficier des subventions de Joe Biden. Pour la mobilité et la mobilité électrique, les US c’est le 1er marché. »
Alain Lunati évoque également la possibilité de créer une filiale américaine en 2023 au « pays de la voiture ». L’entrepreneur a fondé SP3H en 2007, une technologie de scanners optiques capables de donner la composition exacte des carburants en quelques minutes dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour lui, le marché américain représente un gros potentiel avec 300 millions de véhicules thermiques. « Malgré l’obligation de réduire ses émissions de CO2, une partie de la population américaine ne pourra pas s’offrir des véhicules électriques ou à hydrogène. Nous souhaitons donc aider ceux qui utiliseront toujours des véhicules thermiques à réduire leurs émissions », explique le patron qui a bénéficié de 600 000 euros du plan de relance et de l’Ademe en 2021.
Recherche de fonds et difficultés de recrutement
Pour financer la force de vente commerciale en France et à l’international de Quantia, Jean-Luc Dorel recherche 500 000 euros auprès d’investisseurs français. « Nous venons tout juste de recruter notre directeur export pour développer les marchés en Europe et aux États-Unis », ajoute le fondateur. De son côté, Chargepoly annonce rechercher « jusqu’à 10 millions pour passer à l’échelle ».
Les trois entrepreneurs abordent enfin les difficultés de recrutement de profils qualifiés dans la Tech. « On a embauché six personnes en 2022, on va en recruter encore une dizaine, pour arriver à 30 d’ici quelque temps. Il y a une bonne émulation. Mais la difficulté est de recruter. Mise à part des Parisiens c’est très difficile de faire venir des gens d’ailleurs. », déplore Alain Lunati. Son voisin à l’Arbois, Jean-Luc Dorel, lui tend alors une perche : « Et pourquoi on ne mutualiserait pas un salarié pour administrer nos ventes à trois ? A terme, l’un de nous pourrait l’embaucher à temps plein. » Une solution qui ne semble pas laisser indifférent les deux autres dirigeants qui s’envoleront, d’ici trois semaines, pour une aventure commune à Las Vegas.
[Replay] Le café de l’innovation en intégralité
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