Vous venez de livrer votre rapport à Gabriel Attal sur le sujet. Que préconisez-vous concrètement pour faciliter la création de ces collaborations ?
Cathy Racon-Bouzon : Nous proposons 21 mesures qui s’appuient systématiquement sur les dynamiques déjà existantes et serviront de points d’appui pour passer à une échelle plus large. Par exemple, il faut créer un cadre légale aux alliances, c’est-à-dire sécuriser juridiquement car parfois, il peut y a voir un déséquilibre entre la machine étatique et les petites associations ou les grandes et les petites entreprises qui s’impliquent. J’espère pouvoir déposer prochainement un projet de loi pour la création d’un nouveau cadre juridique. Rien n’est encore fixé mais on peut imaginer plusieurs possibilités : de nouvelles sociétés de droit commun, une charte pour définir le rôle de chacun des acteurs… Souvent, ces actions sont également trop limitées par le manque de financement. Il existe des outils adaptés comme le mécénat qu’il faut développer. Les collectivités et les mairies de secteur peuvent aussi participer matériellement en mettant à disposition des lieux inoccupés qui peuvent accueillir les alliances et devenir des centres de réflexions sur l’action sociale et citoyenne. Les alliances sont plus fortes quand elles partent d’un quartier, portée par ses habitants et soutenues par les élus de terrain.
Quelle est la prochaine étape ?
Cathy Racon-Bouzon : Il faut dès maintenant que l’Etat s’empare du sujet en jouant le rôle de facilitateur de projet. Il existe des outils de communication, des plateformes numériques qui peuvent servir de relais entre les différents porteurs de projet et tisser des liens. Je pense notamment au site « Jeveuxaider.gouv.fr » (devenue covid19.reserve-civique.gouv.fr pendant la crise) et je propose qu’on le transforme en « jeveuxagir.gouv.fr ». Cela permettra notamment de recenser toutes les actions d’intérêt général du territoire afin de les rendre visibles et lisibles. Il faut également lancer une grande campagne de communication nationale avec un numéro unique.
On commence à voir naître des professionnels du portage de projet d’alliance mais globalement, ce ne sont pas métiers encore très professionnalisés. Ne faudrait-il pas développer la formation dans le domaine ?
Cathy Racon-Bouzon : Tout à fait. Nous proposons parmi les mesures du rapport de développer la culture de la construction de projet collaboratif tout au long du parcours scolaire. Encore une fois, il faut s’inspirer de l’existant : école de la philanthropie, bâtisseurs du possible, entreprendre pour apprendre, programme Become… Au niveau de l’enseignement supérieur, les nouvelles générations doivent être formées et maitriser de nouvelles compétences dont celle du management collaboratif. Il faut encourager et multiplier les initiatives en construction comme les grandes écoles de la transition écologique et sociale.