Le Garde des Sceaux était à Marseille lundi 27 mars. Une courte visite au cours de laquelle il n’a pu échapper à un dossier brûlant pour la justice marseillaise : la création d’une cité judiciaire de 40 000 m². Or, l’emplacement de ce projet, censé pallier le manque de place pour le secteur, est pour l’heure toujours un mystère. Trois sites sont pour l’heure évoqués : le centre-ville, la Capelette (10e) et Euroméditerranée. Le ministre de la Justice a donc profiter de sa venue pour rencontrer le maire de Marseille Benoît Payan et le bâtonnier du Barreau de Marseille, Mathieu Jacquier. Interrogé par Gomet’ à l’occasion de sa visite à l’Hôtel de Région, Eric Dupond-Moretti affirme : « Je le dis très clairement, je souhaite que nous avancions sur ce dossier de la cité judiciaire. Les Marseillais ont le droit d’avoir une cité judiciaire. »
La rencontre a donc bien eu lieu l’après-midi. Une rencontre qui, selon nos informations, aurait permis d’acter les volontés de chacun quant au futur emplacement, bien que celui-ci ne soit pour l’heure pas encore tranché. Au cours de cette réunion, Eric Dupond-Moretti aurait exprimé sa préférence, et elle ne pencherait pas en faveur du centre-ville de Marseille … En effet, le ministre de la Justice aurait soulevé les difficultés liées au manque de foncier et aux coûts de construction que cette option soulève.
Le bâtonnier et le maire de Marseille alertent Eric Dupond-Moretti sur les conséquences pour le centre-ville
Or, cette préférence ministérielle se heurte à celle de la plupart des avocats et magistrats, dont l’activité gravite depuis toujours autour du palais Monthyon (6e). L’argument principal du ministère pour délocaliser cette activité serait le manque de foncier dans le centre-ville. « On a toute l’emprise du tribunal actuel. Soulever le problème du foncier, c’est trop facile. En matière de construction, quand on veut, on peut », réagit le bâtonnier de Marseille, Maître Jacquier, contacté par Gomet’. Le bâtonnier évoque une solution : « Pourquoi ne pas utiliser la place Monthyon (devant le palais de justice, ndlr) ? On pourrait faire plein de choses. » Il se réjouit néanmoins que le ministre ait inclut les avocats dans les négociations sur ce dossier. « Jusqu’à présent, la communication avec les services ministériels était inexistante. L’Ordre des avocats est une institution républicaine et démocratique. Je suis ravi que le ministère nous considère enfin. »
De son côté, la mairie de Marseille a fourni une réponse à l’issue de la rencontre entre Benoît Payan et Eric Dupond-Moretti et alerte aussi sur la situation du centre-ville : « Le maire a échangé avec le garde des Sceaux sur le projet de la future cité judiciaire et sur l’indispensable prise en compte du centre-ville. Le dossier avance et le maire a redit sa préoccupation pour l’avenir du centre-ville, que le ministre partage. Ils se sont accordés sur l’importance pour le ministère de la Justice de trouver des solutions pour les justiciables, les professions de justice et l’attractivité économique du centre-ville. »
Quoi qu’il en soit, l’avenir de la cité judiciaire n’est pour l’heure pas encore tranché et les discussions entre les différents protagonistes doivent se poursuivre.
Liens utiles :
> Cité judiciaire en centre-ville : « Il y a ce que l’on souhaite et la réalité » (Y. Ohanessian)
> Cité judiciaire à Marseille : le ministère plaide pour un bâtiment « neuf, moderne et durable »
> Notre rubrique politique