L’autopartage depuis 2002 s’est installé à Marseille, d’abord de façon sporadique et confidentielle, puis avec un parc véhicules de 150 voitures sous la marque Citiz. Yvon Roche, consultant en environnement, en est le pionnier. Pour Gomet’, il fait l’état des lieux d’un service qui se présente comme un champion de la démotorisation urbaine.
Le modèle économique de la coopérative Citiz Provence a-t-il évolué depuis la création en 2002 ?
Yvon Roche : Comme consultant, j’avais fait une étude de faisabilité du projet en 1999. Le modèle économique des Suisses et des Allemands, qui avait démarré quinze ans plus tôt, semblait le plus pertinent et il le reste. Le modèle réunit des ingrédients indispensables : le choix des voitures thermiques, des utilisateurs en milieu urbain, des densités de population suffisantes pour que les véhicules roulent le matin et le soir, le week-end et en semaine avec une bonne complémentarité. Les voitures sont en libre-service à proximité du domicile, sur des emplacements réservés et, seul le choix de l’autopartage en boucle, c’est-à-dire avec un retour du véhicule au point de départ est viable. Le “free flotting”, avec la liberté de laisser le véhicule à destination (comme le service de Totem Mobi, avec ses Twizy, NDLR) est très difficile avec les publics professionnels qui ne trouvent pas la voiture à disposition. La boucle, c’est le seul modèle qui marche. Les process différents relèvent de la poésie. La voiture électrique est très difficile.
Ce modèle s’est adapté à Marseille ?
Yvon Roche : Nous avons démarré en 2002 avec deux voitures et cinq abonnés. Avec ce modèle d’Europe du Nord, chacun s’interrogeait effectivement sur la réaction des Marseillais. Nous sommes toujours sur ce même schéma et nous gérons à ce jour, 150 voitures, nous avons 2 400 contrats actifs, avec 3 600 conducteurs.
Quel est le client type de Citiz ?
Yvon Roche : Ce sont des urbains qui ont des besoins ponctuels. Ils habitent en ville, à côté de nos 60 stations. Et la zone de chalandise autour de nos stations est limitée à 400 mètres. Ils n’ont pas un usage quotidien de la voiture, ils n’ont pas besoin de véhicule pour aller travailler. Ce sont des retraités, des jeunes, nous avons 30 % d’entreprises, des architectes, des avocats, des professions libérales ou des institutions publiques ou parapubliques comme Euroméditerranée, l’Agam, la Soleam. Mais par contre nous n’avons pas ou peu d’étudiants ou de familles nombreuses.
Quelle est la course type ?
Yvon Roche : En moyenne, 60 km par déplacement en 8 ou 9 heures de courses avec un budget de 28 €. Le client Citiz a deux paramètres de paiement : le nombre d’heure et le kilométrage, l’essence comprise avec une carte de paiement Total.
Quel est le facteur déclencheur d’une adhésion à Citiz ?
Yvon Roche : Le premier est évidemment le coût. Pour un usage ponctuel quel qu’il soit, Citiz est rentable. Viennent ensuite la facilité de stationnement, nos véhicules ont soit une place en surface soit une place réservée en parking, et enfin l’aspect écologique.
Citiz est équilibrée financièrement ?
Yvon Roche : Et bénéficiaire depuis 2013 ! En 2019, le chiffre d’affaires était de 1,3 million € avec 5 salariés, nous sommes 7 depuis 2020. Nous sommes une Société coopérative de consommation, à capital variable donc avec un capital social qui augmente quand le service se développe. Nous avons commencé bas et nous avons aujourd’hui 350 coopérateurs. Chacun peut devenir sociétaire de la coopérative Autopartage Provence en achetant une part sociale à 914,69 €, remboursable en se retirant de la coopérative.