Quelles sont selon vous les conséquences d’une potentielle fermeture de la gare de triage de Miramas ?
J.M.C : Des conséquences environnementales, des conséquences sanitaires avérées – on sait que ce sont chaque année 16 000 décès liés à la pollution des transports. Des conséquences économiques et sociales également, puisque ce sont 200 emplois directs et indirects qui seraient impactés, avec les conséquences que cela peut avoir sur le territoire de Miramas et au-delà. On a donc voulu en appeler à la cohérence entre les discours et les actes. Cela ne touche pas que la SNCF, cela touche également l’Etat, et il faut que le gouvernement soit cohérent. Surtout, nous avons réitéré ce que l’on avait déjà demandé il y a deux ans, M.Vigouroux et moi-même, à savoir une table-ronde au niveau du préfet, qui représente l’Etat, avec la présence d’élus, des syndicats, des opérateurs ferroviaires, des chargeurs, sans réponse jusque-là.
Quels leviers comptez-vous activer pour faire entendre vos revendications auprès du gouvernement ?
J.M.C : On avait obtenu une réponse positive du précédent préfet, avant que Pierre Dartout n’arrive. Pierre Dharreville [député PCF des Bouches-du-Rhône, NDLR] a interpellé la veille de la conférence de presse, aux questions écrites au gouvernement, le secrétaire d’Etat en charge des Transports [Jean-Baptiste Djebbari], qui a esquivé soigneusement la question, et n’a pas répondu franchement sur une volonté politique du gouvernement de développer le fret ferroviaire. Il y aura donc des initiatives qui seront prises pour obtenir cette table-ronde, dont l’invitation sera adressée à Monsieur Dartout par tous les élus qui étaient présents lors de notre conférence de presse.
Dans la mobilisation des cheminots, il y aussi le fait qu’on ait dilapidé au nom de la rentabilité financière leur outil de travail, et l’efficacité des transports ferroviaires.
Jean-Marc Coppola
Le manque de rentabilité financière du fret ferroviaire ne constitue pas pour vous un obstacle à son maintien ?
J.M.C : Le problème de Miramas maintenant, c’est que, si ça ferme, c’est le dernier triage du Sud, il n’y aura plus rien. Cela générera un trafic maritime plus intense vers les ports du Nord de l’Europe, qui redescendra en camion dans notre pays. C’est complètement dingue cette stratégie. D’ailleurs, dans la mobilisation des cheminots, il y aussi le fait qu’on ait dilapidé au nom de la rentabilité financière leur outil de travail, et l’efficacité des transports ferroviaires. Le gouvernement nous oppose la rentabilité, que le fret n’est pas concurrentiel, que ça coûte cher, c’est débile. Dans ce cas là, il faut qu’ils changent de discours sur la pollution et l’environnement.
Une stratégie de relance du fret ferroviaire est-elle possible sur notre territoire ?
J.M.C : Les investissements à réaliser ne sont pas colossaux, il s’agit vraiment d’une question de volonté politique. Lorsque j’étais élu régional, SNCF Réseaux a investi 20 millions d’euros pour rouvrir la ligne de Mourepiane à l’Estaque qui n’est toujours pas utilisée puisque le chantier de Mourepiane n’est pas ouvert. Ils n’ont pas hésité à mettre 20 millions là, et ils n’ont pas développé le ferroviaire sur le Golfe de Fos ? L’argent, il y en avait, et ils l’ont mis dans quelque chose qui ne sert à rien. Il faut arrêter avec ça, nous voulons alerter l’opinion publique, et nous pensons qu’avec la voix des médias il y aura une prise de conscience et des mobilisations.
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(*) Première publication de cet entretien le 9 décembre dernier dans notre lettre hebdomadaire Le Digest Hebdo (n°123).