La décentralisation du marché de l’énergie fait partie de l’ADN de l’entreprise. « L’énergie de demain devra être produite au plus près du consommateur. Nous en sommes certains », insiste le patron. Malgré les blocages réglementaires en France, il mise sur le développement d’un nouveau modèle : les PPA (Power Purchase Agreement), des contrats d’achats de gré à gré entre le producteur et le consommateur. Pour Pierre de Froidefond, « c’est quelque chose qui rejoint le principe des Amap qui défendent la production locale de l’agriculture paysanne ». En avril 2017, un décret a été publié permettant le développement de ces contrats. Le groupe a donc lancé en début d’année sa propre offre de vente d’énergie verte en direct baptisée Respeer. Elle permet au consommateur professionnel d’acheter des blocs d’énergie verte disposant de « vraies » garanties d’origine : « Pour chaque Mwh que l’on produit, on fournit un certificat assurant la provenance. Nous assurons à nos clients que notre électricité est produite à 100 % en France. Actuellement, les gros énergéticiens français vont acheter leurs garanties d’origine à des producteurs éoliens danois. Ensuite, il la colle sur un Mwh nucléaire et le revend comme une énergie verte. Ce procédé dévoie le principe de base », dénonce Pierre de Froidefond.
Conscience écologique et baisse des coûts
Pourtant, les entreprises sont en demande de consommer plus propre et local : « On est fortement sollicité, assure-t-il. Les entrepreneurs sont de plus en plus conscients de leur impact environnemental et veulent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. C’est la première raison pour laquelle ils viennent nous voir ». De plus, CVE profite d’une baisse du coût de l’énergie solaire qui est devenue compétitive dans certaines zones de France.
Actuellement, un client paie entre 70 et 110 euros un MWh issu du nucléaire et le photovoltaïque fait désormais jeu égal et pour Pierre de Froidefond, son prix va encore baisser : « Quand on regarde dans le monde entier, on se rend compte que le solaire est en passe de devenir l’énergie la plus compétitive. Sur de gros projets à Dubaï et au Portugal, on est parvenu à sortir un MWh aux alentours de 20 euros. Les modules et les batteries ne cessent de baisser et le rendement augmentent, on va y arriver en France aussi », estime-t-il.
Enfin, CVE assure une stabilité du prix sur 20 ans, « ce qui rassure à long terme le client », ajoute Pierre de Froidefond. Autant d’argument favorable au développement de son entreprise. Les grands groupes français commencent à s’y mettre via des appels d’offres comme Aéroport de Paris, La Poste, SNCF… Il vient d’ailleurs de signer son premier contrat de vente direct et espère convaincre également les institutions. CVE va notamment équiper la future halle du J1 en panneaux solaires et s’intéresse de près aux projets de grand port maritime de Marseille, un potentiel client très important. En attendant, ces plus beaux succès sur ce modèle vert et décentralisé sont à l’étranger.