Si la réputation des deux roues n’est plus à faire sur le marché de la mobilité, les trois roues s’imposent de plus en plus. A Salon-de-Provence, l’entreprise Damius en a même fait son fonds de commerce et commercialise depuis 2016 des tricycles électriques. Mais oubliez le tricycle de votre enfance : électrique et aux lignes épurées, ceux-ci sont bien réservés à un public adulte.
Le nec plus ultra du tricycle
Et contre toute attente, le concept séduit : Damius s’est même offert une apparition à l’écran dans le film Presque, qui met en scène le comédien Bernard Campan et le philosophe Alexandre Jollien. « Notre clientèle, ce sont principalement les personnes âgées, handicapées ou qui ont perdu l’équilibre, suite à un AVC par exemple. Mais nous avons de plus en plus un public actif qui vient vers nous dans une approche de cyclo-logistique » détaille Damien Gran, fondateur de l’entreprise – Damius pour les intimes, d’où le nom de sa boîte.
Cet ancien pilote de Formule 1 a dans un premier temps dirigé une société de réparation et de location de voitures de rallye, Delta Racing. C’est en 2012 qu’il découvre l’industrie du cycle, en créant l’entreprise de revente Allo Tricycle. Mais rapidement, Damien Gran constate un manque de qualité et une nécessité constante de réparation sur les modèles conçus par les entreprises avec lesquelles il travaille, d’autre part une inadaptabilité des produits aux personnes auxquels ils étaient destinés, majoritairement handicapé ou âgé.
Las de proposer aux clients des modèles peu solides, il imagine son propre tricycle, résistant et au top de la technologie. Il lance les études pour son modèle phare, « Evasion », en 2015, et Damius voit le jour dans la foulée. De fabrication 100% française, le trois-roues comporte un système électrique complet permettant de passer jusqu’à sept vitesses (bridée à un maximum de 20 km/h), tout en restant silencieux. Un écran est également intégré au guidon et permet de régler la puissance souhaitée ainsi que différents paramètres. Surtout, le design est pensé pour garantir une stabilité optimal : enjambement bas pour monter facilement sur le tricycle, ou encore freins de parking. Le tout au prix de 2989 euros, un coût « supérieur au prix du marché » reconnaît Damien Gran, mais qui s’appuie sur une fabrication locale et de qualité pour justifier le prix.
L’entreprise salonaise a été lauréate en 2021 du plan France Relance, qui lui a permis de bénéficier d’une aide de 125 000 euros pour se développer et faire face aux conséquences du covid-19. Cela a permis notamment à l’entreprise d’investir dans un robot de soudure pour concevoir ses trois-roues. La production du modèle Evasion sera assurée par une machine, et les soudeurs pourront ainsi se concentrer sur la fabrication de nouveaux modèles.
Aujourd’hui, l’entreprise figure parmi les leaders de ce secteur peu connu. Parmi les autres entreprises qui exercent cette activité figure notamment l’entreprise française CyclO2, mais également l’anglaise Jorvik ou encore l’espagnole Monty. Mais « Damius est la seule entreprise à concevoir elle-même ses tricycles en France», affirme Damien Gran.
De nouveaux modèles basés sur l’IA prochainement commercialisé
En effet, à côté de ce modèle Evasion, le plus vendu par l’entreprise à ce jour – trois mille exemplaires vendus depuis 2016 -, quatre nouveaux modèles entreront en production prochainement et sont déjà disponible en pré-commande sur internet : le tricycle Suprême, le quadricycle Ultime (4989 euros chacun), tous deux déclinés en version cargo. Egalement électriques et équipés d’un moteur de la marque française Valeo, ces nouveaux modèles ont pour particularité de s’adapter à l’utilisation grâce à une intelligence artificielle. Une technologie qui tend à se répandre dans le secteur de la mobilité décarbonée : l’entreprise marseillaise Iweech, qui commercialise pour sa part des vélos électriques, a également lancé des produits utilisant l’IA pour permettre à l’usager de rester dans sa zone de confort en pédalant. Ils comprendront par ailleurs deux roues motrices à l’arrière ainsi qu’un système antivol. Toutefois, la production de ces modèles a pris du retard en raison de délais de livraison du moteur Valeo, ralentis par la crise du covid.
Un déménagement à Miramas en 2023 pour internaliser davantage la production
Chez Damius, tout – ou presque – est fabriqué sur site : Damien Gran dessine lui-même les modèles, qui sont ensuite modélisé grâce à un service dédié et prototypé avec une imprimante 3D. Derrière l’espace showroom, dédié à l’exposition des modèles et l’accueil, un quinzaine d’ouvriers s’activent dans l’atelier pour souder les cadres, manuellement, fixer les pédales ou encore assembler les rayons des roues … Quelques pièces d’usinage sont toujours fabriquées par des sous-traitants en Asie, en Espagne, ou encore en Italie, mais Damius compte réinternaliser une partie de cette production sur son futur site de Miramas : en effet, l’entreprise prévoit de déménager de son site salonais de 800 m² pour un plus grand, de 1600 m², dans la commune voisine.
« Cela nous permettra de répondre à la demande croissante et de développer les nouveaux modèles de vélos », détaille Damien Gran. La famille Damius souhaite aussi s’agrandir et envisage des recrutements, pour avoir un effectif d’une trentaine de personnes à l’horizon 2024.
Une levée de fonds de 1,3 million d’euros prévue en 2022
Pour l’heure, la société se finance uniquement via le recours à l’emprunt et ne requiert pas l’apport d’investisseurs. Toutefois, en 2022, Damien Gran envisage une levée de fonds d’1,3 million d’euros auprès des fonds d’investissements dont BPI. Selon le fondateur de Damius, plusieurs structures seraient intéressées pour le rejoindre au capital de l’entreprise, où il siège actuellement seul.
Son activité a permis à Damius d’atteindre les 2,5 millions de chiffre d’affaires sur l’année 2021 et s’attend à un montant similaire pour 2022. Sur l’année, l’entreprise ambitionne de commercialiser mille vélos bien que des problématiques d’approvisionnement en matière première – notamment en caoutchouc – soient redoutées, en raison de la guerre en Ukraine. Après un effet “vague” à la sortie du confinement, Damius table aussi sur un « retour à la normale » des ventes pour 2022.
Liens utiles :
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