Le confinement ne touche pas encore à sa fin. C’est en substance le message qu’ont voulu adressé Philippe de Mester, directeur général de l’ARS Provence Alpes Côte d’Azur, et Pierre Dartout, préfet de la Région Sud, dans un point téléphonique à deux têtes tenu vendredi 10 avril avec la presse. Ils exhortent notamment les citoyens à ne pas relâcher le confinement, alors que les chiffres de l’épidémie de coronavirus s’améliorent petit à petit au niveau national.
Pierre Dartout n’y va pas par quatre chemins. Après un préambule dans lequel il a tenu à « rendre hommage à ceux qui sont en première ligne », le préfet de la Région Sud embraye en rappelant « l’interdiction des déplacements non-impérieux », particulièrement alors que le spectre des vacances scolaires se profile. « Nous serons présents le long des routes et des autoroutes » prévient-il, ajoutant : « nous sanctionnerons si cela s’avère nécessaire ». « Il est indispensable qu’il n’y ait pas de relâchement » abonde-t-il, dans un « appel à la responsabilité » qu’il lance dans son costume de représentant de l’Etat sur le territoire.
S’il y a un relâchement, il y aura une reprise de l’épidémie. C’est de l’arithmétique »
Philippe de Mester (ARS)
Un point de vue corroboré par Philippe de Mester, qui tire lui aussi la sonnette d’alarme : « Tout va dépendre du respect du confinement. S’il y a un relâchement, il y aura une reprise de l’épidémie. C’est de l’arithmétique » déroule-t-il, « il faut tenir ». Et de rappeler les chiffres : « 9 700 personnes testées positives en région Paca », et encore « 400 tests positifs supplémentaires hier [ndlr : le 9 avril] ». Il rappelle également que 135 des 580 établissements accueillant des personnes âgées dans la région ont dû déplorer un cas de coronavirus, pour un total à ce jour de 105 décès dans les Ehpad.
Marché aux puces : « Les conditions de sécurité n’étaient pas respectées »
Annoncée jeudi 9 avril par communiqué, la fermeture de la grande halle du marché aux puces de Marseille a fait l’objet d’une clarification de la part du Préfet. « Les conditions de sécurité n’étaient pas respectées » déplore-t-il, promettant de « faire en sorte que des solutions de substitution puissent être trouvées, de façon à ce qu’un approvisionnement de proximité puisse être garanti à la population dans cette partie de la ville où il n’y a pas de commerce alimentaire ». Pour les autres marchés de Marseille, il explique : « il y a eu des demandes de dérogation, qui n’ont pas été acceptées parce que nous considérons que sur Marseille les besoins en approvisionnement sont satisfaits ».
En ce qui concerne le problème persistant de certaines lignes de bus bondées, notamment dans le nord de la cité phocéenne, Pierre Dartout précise qu’il s’entretiendra prochainement avec Martine Vassal, présidente de la Métropole et du Département, à ce sujet, sans plus de précisions. Quant à la possibilité d’une durcissement des règles de confinement sur le pratique du jogging, tel qu’il a été observé à Paris, il déclare : « nous n’avons pas constaté la nécessité d’avoir un texte particulier sur les horaires de jogging ».
Pas encore de stratégie précise sur la question du dépistage
Quant à Philippe de Mester, questionné sur la stratégie de l’ARS en matière de dépistage, il commente : « on monte en puissance », en soulignant la « bonne anticipation » qui fut celle de l’IHU Méditerranée, qui aujourd’hui lui permet de mener des tests à grande échelle. Tout en rappelant que jusqu’à maintenant, l’ARS « privilégie les tests pour les personnes les plus fragiles », il ne fixe pas de calendrier précis à l’évolution de cette stratégie. Il précise également que, conformément à un décret publié le dimanche 5 avril, les laboratoires vétérinaires peuvent pratiquer des tests de dépistage. « La capacité de dépistage a augmenté » peut ainsi affirmer le directeur de l’ARS, sans toutefois pouvoir fournir de chiffres précis.
Concernant les masques, il précise que : « ça reprend, il y a des arrivages », sans pour autant se prononcer sur la nécessité de voir chaque citoyen en porter un dans l’espace public : « il y a un débat » admet-il, en évitant soigneusement de prendre parti : « Je ne suis pas scientifique, j’écoute et j’applique les consignes ». Si les stocks de masques semblent se reconstituer petit à petit, Pierre Dartout et Philippe de Mester se félicitent que la Région Sud puisse aider les autres régions en difficulté. « On est amenés à dépanner telle ou telle région en matériel médical » indique le préfet, tandis que le directeur de l’ARS évoque le départ de personnels soignants volontaires vers l’Île-de-France. Une solidarité entre régions qui laisse espérer que le sud-est de l’Hexagone restera globalement épargné par le coronavirus.
Liens utiles :
> L’actualité de l’épidémie de coronavirus à suivre dans notre rubrique santé.
> Coronavirus : Didier Raoult dénonce le danger du confinement dans les Ehpad