L’entreprise américaine Digital Realty (ex-Interxion) poursuit sa conquête numérique du territoire. Après avoir obtenu la validation de l’implantation de son cinquième data center à Marseille, nommé MRS5, sur l’ancien silo à sucre, Digital Realty projette la construction d’un nouveau centre de données, cette fois-ci à Bouc-Bel-Air. MRS6, de son nom, sera deux fois plus grand – 20 000 mètre carrés de salles informatiques contre 12 000 pour MRS5 – et représente donc le double en terme d’investissement (700 millions d’euros).
Data center à Bouc-Bel-Air : une pétition lancée par des habitants
« Nous venons de déposer le dossier pour obtenir un permis de construire et les autorisations relatives aux ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement). Nous nous sommes déjà inscrits en ce sens dans le PLUi que la Métropole Aix-Marseille qui sera figé en décembre prochain », précise Fabrice Coquio, président de Digital Realty France, interrogé par Gomet’. Le choix de Bouc-Bel-Air pour implanter ce sixième data center s’inscrit dans les orientations fixées par le préfet Christophe Mirmand et a pour but de se rapprocher de la future ligne haute-tension de 400 000 volts qui doit relier Fos-sur-Mer à Joncquières-Saint-Vincent.
Prévu sur la zone des Chabauds à Bouc-Bel-Air, dans un ancien entrepôt logistique de Decathlon – dont Digital Realty conservera la structure pour s’installer – ce projet suscite néanmoins des réactions de la part des riverains qui redoutent des nuisances sonores et des conséquences environnementales : une pétition a ainsi été lancée en juin 2024 par l’association des riverains du sud de Bouc-Bel-Air, relayée sur le site de la Ville, et compte à ce jour 1098 signatures.
« Nous avons déjà plusieurs fois indiqué à la mairie et aux habitants que nos data centers ne polluaient pas et ne faisaient pas de bruit. Par ailleurs, le site se situe sur une zone d’activités, on n’est donc pas dans une zone pavillonnaire … Une demande d’ICPE a là aussi été faite auprès de la Préfecture, qui va durer minimum un an, nous verrons quels sont les résultats. Il faut différencier les opinions de la loi … », défend pour sa part Fabrice Coquio. De fait, Digital Realty tente de limiter son impact, en mettant notamment à profit les eaux impropres à la consommation pour refroidir ses systèmes.
Fin d’enquête publique et lancement des travaux pour MRS5 à Marseille
Le projet de data center à Bouc-Bel-Air n’est pour l’heure qu’embryonnaire. Le processus est bien plus avancé du côté du MRS5 marseillais, dont l’enquête publique, lancée le 27 août dernier, s’achèvera samedi 28 septembre. Les travaux pour la construction du centre de données ne débuteront qu’en janvier 2025, mais le chantier de dépollution et de désamiantage a déjà été fait sur le site par l’entreprise, qui s’est vue accorder un permis de construire par la Ville de Marseille. Lors de son entrée en service, le centre de données devrait générer environ 200 emplois, directs et indirects.
Les relations semblent s’être apaisées entre l’entreprise et la municipalité marseillaise, qui avait lancé un moratoire pour réguler l’expansion des data centers. Digital Realty participe ainsi à la commission consultative sur les data centers lancée par la Ville de Marseille et présidée par l’élu à l’économie (désormais député) Laurent Lhardit. Avec 17 câbles sous-marins reliant Marseille au reste du monde, la cité phocéenne attire les centres de données (Phocea DC, Nautilus) et a acquis la place de 7e hub numérique mondial. Et vise le top 5 pour l’année prochaine…
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