Le président de Digital Realty (Austin, USA) en France, Fabrice Coquio, a peu apprécié les sorties récentes des adjoints de la ville de Marseille contre son activité et les projets de développement qu’il mène dans la ville depuis bientôt une dizaine d’années (lire notre précédent article). Des élus écologistes et de gauche en appellent à un moratoire sur les nouveaux projets de data centers.
« J’aurais bien aimé que l’on relaie aussi les propos de Martine Vassal qui a un autre poids que quelques élus de la ville de Marseille quand elle déclare très clairement qu’elle a une autre lecture et qu’elle y croit (la présidente du Département et de la Métropole a tenu sa cérémonie des vœux à la presse au sein des locaux de Digital Realty sur le port en janvier, NDLR). Certains avis, légitimes et respectables de monsieur Lhardit ou monsieur Barles (respectivement adjoint à l’économie PS et à la transition écologique EELV auprès du maire de Marseille, NDLR) ne représentent qu’eux mêmes. Je n’ai pas compris, sauf erreur de ma part, qu’ils s’exprimaient au nom de la ville de Marseille. Par contre Martine Vassal, elle s’exprime au nom de la Métropole et du Département.»
Le patron, qui utilise d’habitude un ton plus policé, défend son bilan : « En quelques années, entre nous et les sous-traitants nous avons créé près de 500 emplois. Il y a combien d’entreprises sur Marseille qui ont créé 500 emplois à Marseille durant les huit dernières années ? Moi je n’en connais pas. » Alors, pour le patron de l’ex-Interxion France, « être pointé du doigt après avoir investi 400 millions d’euros sans compter les investissements de [nos] propres clients, je me demande si ce n’est pas un abusé. »
A ceux qui trouvent que ce bilan est certes très honorable mais que l’on n’est loin des milliers d’emplois que certains espérés attirer auprès des Gafam et du secteur des technologies, Fabrice Coquio rappelle ce qu’il déclarait au milieu des années 2010 à l’heure de ses premiers investissements. « Quand monsieur Gaudin nous a accueilli et a facilité notre arrivée, j’avais expliqué qu’il y allait avoir des créations d’emploi par nos clients et par nos sous-traitants mais que nous restions un métier d’infrastructures . Et je disais qu’avant que les commerciaux, les comptables et autres fonctions supports s’installent au plus près de nos hubs, cela mettrait au moins 10 ans. »
L’exemple de Cap Gemini à Saint-Denis (93)
Il prend pour illustration les bureaux installés sur le port : « Regardez sur MRS3, nous avons déployé 4000 mètres carrés de bureaux pour héberger 400 personnes : pour mon personnel, les sous-traitants mais surtout parce que mes clients demandent à avoir du personnel sur place. Il y a des salariés d’Oracle ou de Microsoft en permanence dans nos bâtiments. Pour l’instant ils ne sont pas visibles parce que sont des techniciens. Il n’y a pas d’agences visibles mais ça va venir. C’est exactement ce qui s’est passé en Seine Saint-Denis qui accueille la plus grand site de data centers de France. Il a fallu sept à huit ans pour que Cap Gemini rapproche ses 200 ingénieurs et techniciens à proximité des sites de St-Denis.»
Mais l’horizon des 10 ans approche… « Il y a peut être des phénomènes d’accélération a mettre en place, reconnaît-il mais quand on construit un pont, personne ne se demande combien il a créé d’emploi, les data centers sont des infrastructures. Cela prend du temps. Nous en sommes juste à déployer les structures de cloud et de cloud souverain qui va être allumé pour début 2024 avant les JO. »
Pour ce défenseur fidèle de l’attractivité de Marseille, les retombées pour le territoire sont directes. « Aujourd’hui les clients finaux de nos data centers comme le GPMM la Société des eaux de Marseille, Naturex, la Snef, … profitent d’une meilleure compétitivité grâce à la connectivité. Capaix, le réseau du pays d’Aix a économisé 40% de frais télécoms à partir du moment où il s’est connecté à nos data centers. »
Data centers : « C’est devenu un argument extrêmement fort pour la Métropole »
Fabric Coquio ne se lasse pas de vanter les mérites de la plateforme qu’il a créé dans la cité phocéenne. « Grâce à la présence de notre hub, le prix des bandes passantes et de liens telecoms pour le monde entier se sont écroulés. On a connecté plus de 200 réseaux sur le hub de Marseille. C’est énorme. Il n’y a jamais eu une telle progression dans le monde sur les dix dernières années. »
Et pour aider à trouver « des phénomènes d’accélération » dans la création d’emplois, Fabrice Coquio travaille depuis des années en aidant les acteurs du développement économique du territoire afin de bien valoriser le volet numérique.« C’est devenu un argument extrêmement fort pour la Métropole» souligne-t-il. Et de conclure : « il y a les gens qui veulent l’entendre et il y a les démagos. » A bon entendeur…
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