Le bail est officiellement signé. L’entreprise californienne Nautilus data technologies va implanter, dans le port de Marseille, un centre de données flottant, installé sur une barge d’environ 70 par 16 mètres. Elle en a fait l’annonce dans un communiqué en ligne, publié le 6 décembre dernier. Alors que le secteur numérique est souvent pointé du doigt pour sa forte consommation en électricité, Nautilus revendique au contraire la faible empreinte environnementale de ses installations. Et pour cause, la technologie de refroidissement imaginée, au terme de six ans de recherche, « ne consomme pas d’eau, et utilise 30% d’énergie en moins ». Elle profite de la fraîcheur de l’eau, en surface, pour refroidir naturellement ses centres de données – une méthode qui présenterait des avantages à la fois économiques et écologiques. Fondée en 2015, Nautilus se targue même de développer, ni plus ni moins, « la solution la plus durable disponible sur le marché ».
En France, la start-up nantaise Denv-R propose elle aussi une solution de data center flottant, plus petite et destinée aux centres-villes. Toutefois, ses structures sont pour l’heure moins puissantes que celles commercialisées par Nautilus. La jeune société tricolore prévoit d’inaugurer en juin 2023, sur la Loire, à Nantes, un démonstrateur technologique chiffré à 900.000 euros.
De son côté, le Grand Port maritime (GPMM) se réjouit de l’apparition prochaine d’un « centre de données qui ne gaspille pas nos ressources et fonctionne avec moins d’énergie », souligne Hervé Martel, le président du directoire. L’équipement de 7,5 mégawatts nécessite un délai de construction de « douze mois, ou moins », avant d’être opérationnel. Toutefois, ni Nautilus ni le Port ne renseigne un calendrier précis des travaux. La société californienne vient de mettre en service un premier data center flottant à Stockton, près de son siège, et travaille en ce moment sur plusieurs dossiers. En plus du chantier marseillais, elle souhaite déployer un autre data center flottant, à Los Angeles.
Marseille poursuit son accélération numérique
Nautilus n’a pas choisi de s’implanter à Marseille par hasard. La cité phocéenne est devenue, ces dernières années, un point d’accueil fiable et un carrefour éminemment stratégique pour les professionnels du numérique, notamment américains. C’est « une passerelle transatlantique et un point d’agrégation, reliant l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie », reconnaît Nautilus. Marseille dispose en effet d’un arsenal de 16 câbles sous-marins atterrés à son port. Ces autoroutes de fibres optiques transportent environ 98% du débit internet mondial. Elles parcourent le globe, et relient entre eux les différents hubs de télécommunications. Marseille est aujourd’hui le septième pôle internet mondial, et poursuit son objectif d’intégrer le top 5, malgré les contestations des écologistes locaux.
À Marseille, l’exploitant principal de fermes de données se nomme Digital Realty (ex-Interxion). Le groupe US dispose sur le port d’un campus composé de trois centres achevés (MRS 1, 2 et 3) – en attendant la livraison complète du petit dernier, MRS 4, prévue au premier semestre 2023. Contrairement à Nautilus, le fournisseur Digital Realty utilise un processus baptisé river cooling. Une technologie qui permet d’éviter l’usage de groupes froids, et donc de limiter la consommation énergétique des bâtiments. Pour l’heure, on ne connaît pas l’emplacement exact du data center annoncé par Nautilus. Ce nœud d’informations flottant devrait sortir de terre dans un rayon de « moins de trois kilomètres de la station d’atterrissement du câble la plus proche », renseigne tout de même l’Américain.
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