Au cœur des débats sur le déconfinement, le couple Etat – collectivités territoriales tente tant bien que mal de fonctionner de concert. Ce mardi 28 avril à 11 heures, Gomet’ inaugurait un nouveau format d’émissions, un face-à-face politique en retransmis en direct sur Facebook. Jean-Marc Zulesi, député LREM des Bouches-du-Rhône, et Nicolas Isnard, maire LR de Salon-de-Provence, ont échangé pendant une demi-heure autour de la difficile coordination entre l’échelon national et le niveau local en cette période d’état d’urgence sanitaire.
« Etre pompier sans eau, sans casque et sans matériel, ce n’est pas possible »
Nicolas Isnard
Réélu dès le premier tour des élections municipales le 15 mars dernier à la tête de Salon-de-Provence, Nicolas Isnard voit le rôle des maires dans cette crise comme celui du « pompier de service, confronté à la réalité des choses ». Or, « être pompier sans eau, sans casque et sans matériel, ce n’est pas possible » dénonce-t-il, mettant en cause les carences de l’Etat. Il en prend pour preuve la réouverture des écoles, prévue pour le 11 mai par le gouvernement. « Si on nous impose des choses, sans le modèle pour le mettre en œuvre, ça ne pas marcher » estime-t-il, dénonçant « des décisions qui sont prises dans des hautes sphères, et dont on ne mesure pas les conséquences qu’elles sont dans notre quotidien ».
Un quotidien dans lequel les maires sont en première ligne face à l’anxiété de la population, selon le maire de Salon. « Difficile de calmer la colère de nos concitoyens face à rentrée du 11 mai, que personne n’attendait, et qui se profile dans être organisée » dit-il, estimant que « ce qui est décidé en haut n’est pas toujours lisible, ni compréhensible, ni applicable sur le terrain ». Par ailleurs, sur la question des masques, il estime que « les maires n’ont pas d’autres choix que de se substituer à l’Etat et à ses incapacités ». « On se transforme en commerciaux ! » s’exclame-t-il, confronté à la pénurie, déplorant le fait que « la fragilité de l’Etat oblige à prendre des responsabilités, des initiatives qui ne devraient pas être prises ».
Jean-Marc Zulesi : « Il faut qu’on arrive à apaiser cette société »
Élu national de la majorité présidentielle, Jean-Marc Zulesi ne nie pas le fait qu’il y ait pu avoir « quelques erreurs de communication du gouvernement » durant la crise sanitaire. Toutefois, pour lui, dans le contexte actuel, il est important de parvenir « à apaiser cette société », et ajoute : « il ne nous appartient pas de taper à longueur de temps sur l’Etat ». « Je fais partie de ces parlementaires qui veulent plus de décentralisation, de déconcentration » indique-t-il, se montrant en accord avec Nicolas Isnard sur la nécessité de ce que « les services de l’Etat soient plus réactifs, plus proche du territoire ». Néanmoins, il affirme également l’importance de « mettre en avant les services de l’Etat qui se bougent ».
« Sur la question des masques, si vous n’avez pas les services de l’Etat, la DGE, pour qu’elle réoriente notre industrie nationale et que celle-ci soit en capacité de produire des masques, si l’Etat n’est pas là, qui le fait ? Personne » abonde-t-il, notamment. « On baisse la TVA sur les masques, c’est quelque chose de positif dont personne ne parle » prend-il également en exemple, mettant en exergue une initiative prise au plan national dans laquelle il a lui même été impliquée. « L’Etat a mis tout en œuvre pour soutenir notre économie » avance-t-il enfin, invitant à ne pas tomber dans une dichotomie facile entre « les bons élus locaux » d’un côté, et « le méchant Etat » de l’autre.
Après notre débat, Jean-Marc Zulesi devait se rendre à l’Assemblée nationale pour assister, comme 74 autres députés, au discours d’Edouard Philippe qui a présenté son plan de déconfinement. Pas sûr que les précisions apportées par le Premier ministre suffisent à calmer la grogne des maires.
Lien utile :
> L’exécutif tente de déminer le terrain local avant son plan de déconfinement