La sortie progressive des énergies fossiles en vue de la décarbonation de nos modes de vie constitue bien une révolution économique majeure. Pour ceux qui pouvaient encore en douter, le détour à Martigues jeudi 12 décembre aura dissipé tous les questions. La matinale « Les défis de la décarbonation industrielle en région sud » organisée à guichets fermés par Engie à la Villa Khariessa, avec 130 participants, a bien illustré les changements profonds et irréversibles.
Les conséquences sont en effet désormais bien palpables chez les industriels, tant au niveau des process, des feuilles de route et des premiers résultats en matière de baisse des émissions de CO2. Les témoignages des acteurs en présence, de LyondellBasell, Lafarge, SPSE, France Chimie Méditerranée, Piicto et bien sûr Engie, témoignent des efforts mis en place, des investissements réalisés et des projets proposés pour construire cette « nouvelle économie verte » qui doit aboutir en 2050 au net zéro émission carbone.
François Gemenne (GIEC) : « passer de l’acceptabilité à la désidérabilité »
Mais d’ici là, les obstacles à franchir sont nombreux. Et ils ne sont pas forcément technologiques. François Gemenne du Giec a souligné en ouverture, lors d’une prise de parole inspirante, que la bonne nouvelle était que nous disposions désormais des solutions. « Nous avons toutes les connaissances pour atteindre nos objectifs » se réjouit-il. Mais pour l’auteur principal du 6e rapport du Giec, il faut surmonter de nombreux défis, à commencer par le « climato-défaitisme. A quoi bon agir, si rien ne change ? » L’expert confirme bien que les températures vont continuer à augmenter avant que la baisse des émissions provoque un réel changement sur le climat.
En attendant, François Géhenne propose de passer de « l’acceptabilité à la désidérabilité » afin d’embarquer les opinions publiques dans un mouvement qui reste encore trop timide et fragile. Pour cela il mise sur les exemples portés par les minorités, les effets de bascule soutenus par les exemples concrets qui « font toucher du doigt les changements positifs » engendrés par les nouveaux modes de production.
Les industriels, une minorité agissante?
Pour François Géhenne, les industriels ont bien un rôle particulier à jouer, car ils comptent parmi ses minorités agissantes qui vont permettre de donner à voir avec leurs nouveaux produits. De quoi encourager les acteurs présents à la Villa Khariessa. Ces derniers, déjà très investis veulent continuer à se mobiliser, mais ils pointent des difficultés, liées notamment à la concurrence internationale. Pour se battre avec les mêmes armes, ils en appellent à des soutiens et des protections à l’entrée de leurs marchés. L’Etat s’organise localement avec le travail conjoint de l’Ademe, de la Drets et de la Dreal. Une task-force est à la disposition des entreprises pour les accompagner. L’écosystème métropolitain est désormais bien organisé. Le travail de Piicto produit des projections stratégiques. La Métropole Aix-Marseille Provence vient d’adopter une feuille de route industrielle co-pilotée avec la Région et l’Etat.
Ludovic Parisot : « avancer ensemble »
Mais l’instabilité politique, nationale comme internationale, peut fragiliser cette belle armature. « Nous sommes tous interdépendants » a justement rappelé en ouverture François Gemenne. Et si le succès de la révolution industrielle se construisait dans notre région afin d’inspirer le monde ? Ce qui est sûr, « c’est qu’il y a ici une volonté commune d’avancer ensemble » conclut Ludovic Parisot, le directeur régional d’Engie, organisateur de cet événement mobilisateur.
Retrouvez dans notre prochain numéro de Gomet’ L’Hebdo,
un cahier spécial compte-rendu des « Défis de la décarbonation industrielle en région Sud.»
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