ENGIE organise, le jeudi 12 décembre, à Martigues, une matinale dédiée aux défis de la décarbonation dans la région Sud. Pourquoi cette initiative ?
Ludovic Parisot (*): L’objectif est simple : accompagner le territoire et nos clients, tout en apportant une meilleure visibilité sur les enjeux de la décarbonation, tant sur le plan technologique que législatif.
Nous souhaitons également renforcer nos liens avec l’écosystème local. La zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer fait partie des deux secteurs géographiques industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre en France. ENGIE y est déjà bien implanté, mais nous avons l’ambition d’intensifier notre présence en développant de nouvelles infrastructures en faveur de la décarbonation.
Elengy, par exemple, participe activement à un projet de pipeline CO2, dénommé Rhône C02, qui connectera à terme Fos au bassin industriel lyonnais. Ce pipeline, ainsi que celui qui sera mis en œuvre entre Manosque et Fos, dédié lui au transport d’hydrogène et imaginé par GRT Gaz, répondra aux besoins des industriels. Elengy, initie par ailleurs des études liées à la création d’un port d’importation d’ammoniac vert. Ces grandes infrastructures vont nécessiter des investissements importants et nous souhaitons les mettre en lumière auprès l’ensemble de l’écosystème local. Ces initiatives donneront naissance, à terme, à une nouvelle économie verte. Les industriels, tout en étant des clients potentiels de ces futurs ouvrages, disposeront d’outils industriels concrets pour répondre à leurs obligations environnementales. Cela ne sera pas juste une relation classique fournisseur-client, mais bel et bien un partenariat fondé sur des objectifs communs avec, à la clé, une décarbonation régionale renforcée.
Quel est le cadre législatif qui réglemente ces transformations ?
Ludovic Parisot : Le Pacte vert européen structure la vision environnementale de l’Europe avec des déclinaisons très précises. L’approche « Fit for 55 » vise, par exemple, une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 1990. Cette ambition pousse les acteurs économiques à adopter des pratiques de production moins émettrices de CO2 et à substituer les énergies carbonées. La France a le devoir de s’aligner sur ces réglementations européennes, il s’agit également là d’une demande citoyenne croissante.
La pérennité de la mise en œuvre du Pacte vert a été confortée suite aux dernières élections européennes. À l’échelle nationale, les moyens alloués à cette transition seront potentiellement réévalués lors des prochains projets de loi de finances, mais les objectifs environnementaux demeureront inchangés. Les investissements nécessaires pour les industriels sont considérables, d’autant plus qu’ils doivent continuer à produire tout en faisant face à une concurrence mondiale, notamment chinoise. Il est crucial de trouver un juste équilibre entre les exigences environnementales, qui augmentent le coût des produits finis, et la nécessité de rester compétitifs face à des produits étrangers souvent moins contraints sur le plan écologique.
Pourquoi avoir réuni des intervenants publics et privés lors de cet événement ?
Ludovic Parisot : L’idée est d’abord de poser les bases du débat. Nous avons la chance d’accueillir François Gemenne, auteur principal du 6e rapport du GIEC, qui interviendra pour rappeler les fondamentaux du climat et l’urgence d’agir. Il soulignera également le rôle prépondérant du secteur industriel dans la mise en œuvre des solutions nécessaires pour préserver notre environnement. Après cette intervention, une première table-ronde réunira des acteurs publics, comme l’ADEME et la DREAL, qui présenteront les grands axes et options pour la décarbonation, chacun dans son rôle respectif : l’Ademe pour l’accompagnement et la Dreal pour les aspects réglementaires. L’association PIICTO interviendra également pour partager notamment l’approche Syrius, qu’elle pilote, visant à accélérer la décarbonation de la zone industrielle de Fos-sur-Mer.
Nous poursuivrons ensuite avec une table-ronde plus opérationnelle. Des représentants de l’industrie, comme Lafarge et LyondellBasell, détailleront leurs initiatives en matière de décarbonation. France Chimie apportera également sa vision. Un focus particulier sera également fait sur la construction de l’écosystème hydrogène que nous sommes en train d’imaginer, avec l’ensemble de nos partenaires, entre Manosque et Fos-sur-Mer. Ce projet s’intégrera à terme dans H2med, le réseau de transport d’hydrogène qui vise à relier le Sud de l’Europe au Nord.
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Comment cet événement a-t-il été conçu ?
Ludovic Parisot : Cet événement est le fruit d’une collaboration avec plusieurs partenaires : le Medef Sud, l’UPE 13, KSI (la junior entreprise des étudiants de Centrale Méditerranée), l’école Centrale, Piicto, et Gomet’, notre média partenaire. Nous les remercions tous chaleureusement ainsi que les collaborateurs ENGIE qui ont travaillé à la préparation de cette rencontre. Avec KSI, nous avons souhaité impliquer les étudiants ingénieurs, car ce sont eux qui seront au cœur de la transition énergétique dans les décennies à venir. Ils seront les acteurs de la décarbonation. Afin de les associer pleinement à cet événement, nous avons décidé de produire une revue de 20 pages, rédigée par les étudiants de KSI, sur les technologies de décarbonation. Ce support, qui met en exergue les avantages et les limites de ces mêmes technologies, sera remis sur place aux participants. Les étudiants ayant contribué seront eux mis en avant, ce qui leur permettra de valoriser leurs compétences et de se faire connaître de futurs employeurs locaux. C’est là aussi une manière de connecter les talents avec les entreprises du territoire et de rendre l’événement utile à tous dans une logique d’écosystème intégré.
Lien utile :
Ludovic Parisot (ENGIE) : « Partageons nos trajectoires de décarbonation »
(*) Ludovic Parisot est le directeur régional d’ENGIE pour la région Provence Alpes Côte d’Azur, la Corse et Monaco.