Les entreprises sont au cœur de la transition écologique : conscientes de l’importance de leur rôle, elles doivent aujourd’hui redéfinir ce qui constitue le succès à travers des critères nouveaux, bien au-delà de la performance financière. C’est précisément cet objectif que poursuit la 4e session 2024 de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) avec son parcours Provence Méditerranée, invitant à la transformation des entreprises du territoire à l’occasion d’un programme innovant qui allie rigueur méthodologique et réflexion collaborative. Objectif : aider les décideurs à adopter des stratégies écologiques ambitieuses, viables et mesurables.
Un format structuré et professionnel
Le parcours CEC s’est déroulé sur deux jours d’échanges intensifs, accueillis par l’École Centrale Méditerranée, un lieu propice à l’innovation et à la réflexion. L’organisation de cet événement a été à la hauteur des attentes des participants, offrant un cadre idéal pour mêler réflexion, information et partage d’expériences concrètes.
Le premier jour a permis de poser les bases du changement, en abordant la nécessité pour les entreprises de s’engager au-delà de la simple réduction de leur empreinte carbone. Lou Welgrin, experte de Carbone 4, a rappelé que les actions des individus ne suffisent pas. Selon le rapport de Cabon4 « Faire sa part », les entreprises doivent être les moteurs d’une transformation systémique. « Produire en juste quantité, avec pertinence et en harmonie avec le vivant » a-t-elle insisté, une philosophie qui doit guider toutes les entreprises dans leur transition.
Au-delà de la décarbonation, il est essentiel que les entreprises réévaluent la pertinence de leurs productions et leurs impacts environnementaux. Ce principe a été renforcé par Stéphanie Brunengo, qui a présenté l’évolution du cadre réglementaire, soulignant la nécessité pour les entreprises d’anticiper les changements législatifs en matière de protection de l’environnement.
Les enjeux locaux ont également été mis en lumière par Renaud Balaguer (Cerema), qui a abordé la question de l’adaptation aux impacts croissants du changement climatique, notamment les vagues de chaleur et les pénuries d’eau. Pour lui, l’avenir des entreprises réside dans leur capacité à s’intégrer dans des dynamiques locales et à coopérer avec les territoires.
Des témoignages inspirants pour l’action
Lors de ces deux jours, des témoignages d’entreprises ayant déjà amorcé leur transition écologique ont illustré les bénéfices de cette démarche. Sophie Robert-Velut, directrice de la RSE d’Expanscience, a partagé l’exemple de son entreprise qui, face à une dépendance de 97% à la biodiversité, a adapté ses pratiques en relocalisant ses productions et en développant des projets innovants, comme la « fontaine à vrac » en coopération avec ses concurrents. Ce témoignage a démontré que des engagements ambitieux pouvaient aussi devenir des opportunités stratégiques. Mais surtout qu’ils étaient possibles, contrairement à ce qu’on laisse trop souvent entendre !
Mickaël Cornou, de l’entreprise Interface, a présenté les avancées de la « Mission Zéro », une initiative fondée sur le biomimétisme, qui a permis de développer des produits durables à partir de matériaux recyclés, comme des fibres issues de filets de pêche et des dalles sans colle inspirées des pattes de gecko. Ces exemples ont permis aux participants de prendre conscience de l’impact positif que la transition écologique peut avoir sur la compétitivité et l’innovation des entreprises.
Des objectifs mesurables et transformateurs
Le second jour a été axé sur l’identification de leviers d’action concrets pour aider les entreprises à avancer sur la voie de la transformation. À travers des ateliers collaboratifs, les participants ont travaillé à la définition d’objectifs ambitieux, mais surtout mesurables, pour piloter leurs transitions écologiques. Cette méthode collaborative a permis de créer un véritable esprit de cohésion et d’échange, avec des acteurs provenant de différents secteurs d’activité. Les travaux en « Cordées », des groupes d’entreprises réunis par grand type de filière, ont donné aux participants l’opportunité de confronter leurs défis et d’envisager des actions communes face aux enjeux qui les rassemblent.
Le moment fort, « central » de cette journée fut l’intervention de trois étudiants de Centrale Méditerranée et d’une jeune activiste, Alizée Le Fur. Leur message était clair : « Le plus gros risque aujourd’hui est de ne pas en prendre. » Ce rappel à l’urgence climatique envoyé par des jeunes très matures par ailleurs, a suscité des réactions de soutien et de compréhension, une ou deux un peu moins compréhensives quand même, mais s’est terminé par un message très factuel : à la question « Qu’aimeriez-vous demander à ces 120 dirigeants de faire puisqu’ils sont là, face à vous, comme première action importante ? », les étudiants ont répondu : « rien, il sont déjà là, à la CEC ».
Alumni CEC Provence Corse : l’ancrage sociétal, levier d’une entreprise performante et moderne !
Dans sa feuille de route CEC, CORSICA linea va au-delà de la décarbonation de son outil naval pour s’interroger sur l’ensemble de sa chaîne de valeur commerciale. Premier employeur de marins français en Méditerranée, CORSICA linea considère son engagement sociétal comme une responsabilité vis-à-vis des territoires qu’elle dessert, à commencer par la Corse.
Consciente de son poids économique sur le tissu économique de l’île, la Compagnie a fait le choix de proposer une offre de restauration alimentée de 100% de produits d’origine ou transformés en Corse. Cette approche en circuit-court de notre consommation alimentaire répond tout à la fois à des exigences de qualité de service à bord, à des considérations sociétales en tant que moteur économique du territoire ainsi qu’à des préoccupations environnementales en favorisant la proximité géographique.
A horizon 2030, CORSICA linea s’est engagée à mener une réflexion avec l’ensemble des écosystèmes locaux concernés pour encourager l’autonomie industrielle de la Corse, notamment en matière agro-alimentaire. Cet état d’esprit territorial se reflète dans toutes les directions de l’entreprise, notamment dans la stratégie Achats qui privilégie systématiquement les approvisionnements et prestataires locaux, en Corse ou à Marseille. CORSICA linea est convaincue que la réussite de son ancrage territorial de proximité est un levier incontournable de performance et de modernité sur le long terme.
Vers une économie régénérative
Loin d’être une contrainte, la transition écologique représente aujourd’hui une véritable source d’opportunités. Les deux jours de la session CEC ont montré que les entreprises doivent repenser leur modèle économique pour devenir des acteurs régénérateurs au service de la société, du vivant et au final de l’économie.
Les discussions et les ateliers ont permis d’illustrer que les transformations nécessaires, loin de limiter l’innovation, en sont un moteur puissant, invitant les entreprises à saisir ces nouvelles perspectives pour anticiper l’avenir. Surtout en période de crise et d’incertitudes…
Retour sur les trois sessions précédentes de la CEC Provence Méditerranée 2024 :
Entreprendre avec le vivant : intégrer la biodiversité dans la stratégie des entreprises
Entreprises pour le Climat : comment engager son entreprise vers un cap régénératif ?
Convention des entreprises pour le climat : un appel urgent à l’action