La directrice et co-fondatrice du festival Marsatac, Béatrice Desgranges, a accordé à Gomet’ un entretien à l’heure où le rendez-vous électro et hip-hop ouvrait ses portes vendredi 20 août 2021 après plus de deux ans de disette. Impression et ambition intactes.
Le choix du Parc Borély, lieu complètement à l’air libre, a été déterminé par les contraintes sanitaires. Peut-il devenir le lieu pérenne d’accueil de Marsatac ?
Béatrice Desgranges : Bien évidemment, lorsque on la chance de pouvoir se tenir dans un site aussi beau, on a envie de rester. Mais aussi on se souvient nous de l’époque où se tenaient Aires Libres sur les pelouses du Parc Borély. C’était en 2005 et 2006. Un événement gratuit, uniquement en journée et consacré aux musiques électroniques. Nous étions partenaires et nous avions fait un Aire libre au parc Longchamp quand nous étions encore à la Friche de la Belle de Mai. Cela fait donc longtemps que nous avons envie de prendre possession d’un tel lieu, d’installer nos esthétiques dans un parc comme celui-ci.
Qu’est-ce qui a été décisif cette année pour que le site soit ouvert à Marsatac ?
B. D. : C’est une sorte d’alignement des planètes. La contrainte sanitaire liée au Covid nous a poussés à chercher un lieu qui soit tout en extérieur pour ne pas prendre le risque d’enfermer les gens dans des halls fermés. Et de toutes façons le parc Chanot n’était pas disponible sur les dates nouvelles que nous avions choisies. L’autre élément décisif a été le croisement avec la nouvelle équipe municipale qui a été à l’écoute de cette proposition. La décision a été prise en avril.
Quelques heures après l’ouverture, quel est votre ressenti ?
B. D. : Forcément d’abord la joie d’ouvrir. Cela fait tellement de temps que l’on attendait ce rendez-vous (Marsatac a été annulé en 2020 et reporté au mois d’août en 2021, NDLR). Ensuite, moi, je ne croise que des gens hyper-heureux. Ça se voit dans leurs yeux, ils ont des paillettes. Je fais ce métier pour ça : donner des paillettes dans les yeux des gens ! Sans préjuger de la suite, car nous ne sommes pas seuls à la décision, la démonstration est faite que cela a du sens de mettre un parc de ce niveau à disposition d’une manifestation qui fait autant rayonner la ville. Cela a du sens de magnifier du patrimoine municipal, qu’il soit bâti ou végétal, pour accueillir un événement qui lui-même participe à l’attractivité et à l’image de marque très positive de la ville.
Les problèmes de voisinage de Marsatac peuvent-ils être un obstacle pour la suite ?
Béatrice Desgranges : Il est certain que poser un événement avec nos esthétiques, en plein centre-ville dans un environnement très urbain c’est un pari. Pas seulement pour nous d’ailleurs. Le festival de jazz des Cinq continents qui se déroule au Parc Longchamp depuis 20 ans a des problèmes de voisinage. Nous ne sommes pas les Eurockéennes (site naturel du Malsaucy près de Belfort, NDLR) ou Les Vieilles Charrues (petite commune de Carhaix-Plouguer, dans le Finistère, NDLR). Pour nous c’est important de garder cet ancrage. Les musiques que l’on défend, elles sont liées à l’environnement urbain. C’est pas du folk ou du blues. Notre musique est produite dans des environnements industriels, urbains, dans des villes. C’est pas forcément évident mais l’on fait tout pour rendre la cohabitation possible. Et c’est cela aussi la richesse d’une ville : pouvoir proposer ce type d’événements. Nous nous sommes implantés dans beaucoup de lieux et on a toujours réussi à se poser dans le décor le plus proprement possible.
On voit beaucoup de personnes dédiées au ramassage des papiers sur les pelouses. Cela fait partie des garanties données à la mairie ?
Marsatac a toujours rendu les sites plus propres que lorsqu’on nous les a confiés.
Béatrice Desgranges
Béatrice Desgranges : Sur la partie jardins et le respect de l’environnement, oui on nous a demandé de prendre des engagements. Sur la question de la propreté du site, c’est aussi parce que Marsatac est depuis 2008 l’un des festivals pionniers en matière de développement durable sur le territoire que l’on nous fait confiance ici. Nous avons été sur les plages du Prado, au J4, on a toujours rendu les sites plus propres que lorsqu’on nous les a confiés.
Demain la suite de notre entretien avec Béatrice Desgranges
Béatrice Desgranges, directrice de Marsatac : Hip-hop, les mécènes frileux ? (2/3)
Après-demain :
Béatrice Desgranges directrice de Marsatac : Live Nation et autres collaborations externes, « nous innovons » (3/3)
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