Ce mercredi 2 mars, le recteur d’académie Bernard Beignier a remis aux élèves lauréats les prix 2016 de la campagne contre le harcèlement à l’école. Agés de 8 à 18 ans, ils se sont montrés concernés et responsables. Avec à leur actif, des campagnes dignes de professionnels de la communication.
La remise des prix « Non au harcèlement » a eu lieu mercredi 2 mars 2016 pour récompenser des travaux de grande qualité d’élèves de notre région. Dans le cadre d’une politique contre le harcèlement, scolaire mais aussi pour la première fois sexiste, des élèves de toute la France, âgés de 8 à 18 ans, ont élaboré une affiche ou une vidéo pour dénoncer ce phénomène et inciter à agir. Quarante-cinq établissements se sont alors pris au jeu. Grâce à un personnel éducatif dévoué, que le recteur de l’académie d’Aix n’a pas manqué pas de remercier, et à l’engagement de ces jeunes, le résultat est spectaculaire.
70 affiches, 32 vidéos présentées
Avec plus de soixante-dix affiches et trente-deux vidéos présentées, la tâche du jury académique est loin d’être aisée. Les élèves se sont investis pour prendre collectivement la parole afin de s’exprimer sur le harcèlement, un phénomène négligé en France qui fait pourtant de nombreuses victimes.
[pullquote]« Dans la société il y a des germes de violence à tous niveaux », « ces germes de petites violences sont comme des virus qui peuvent contaminer toute une société ».[/pullquote]
Bernard Beignier, le recteur de l’Académie Aix-Marseille, explique alors que l’objectif est de faire comprendre à la jeunesse que « dans la société il y a des germes de violence à tous niveaux », « ces germes de petites violences sont comme des virus qui peuvent contaminer toute une société ».
Prendre conscience et lutter contre les violences du système éducationnel, c’est alors combattre le début d’une plus grande violence qui s’avère désastreuse pour la société, comme le montre l’actualité récente. Soraya Jabra, l’institutrice de la classe de CM2 de l’école Abbé de l’Epée (Marseille), un établissement lauréat dans la catégorie 8-11 ans pour son affiche, trouve les mots justes pour expliquer son engagement : « Les enfants doivent se sentir protégés par l’école », dès lors « les valeurs républicaines rejoignent la lutte contre le harcèlement ». Les élèves interpellés par le recteur reconnaissent qu’ils ne se rendaient « pas compte de l’ampleur de la situation » avant ce projet. Donner la parole aux jeunes, les premiers témoins de ces violences, est un moyen efficace pour obtenir un résultat intéressant. Entre un appel à l’aide aux victimes et une condamnation percutante de la violence présente dans les cours d’écoles, la campagne de sensibilisation semble être une réussite pour l’académie.
Des campagnes dignes d’agences de communication
Lancé en septembre 2013, le prix « Non au harcèlement », organisé par le Ministère de l’Education nationale avec le soutien de la MAE, permet aux enfants de devenir les acteurs de la prévention. Les gagnants sont alors récompensés d’un montant de 1 000 € remis par la MAE, voire de 2 000 € pour les huit lauréats nationaux. Cette somme permet aux établissements de pérenniser leurs campagnes et d’accompagner la mise en œuvre des projets. Avec des affiches qui peuvent être assez violentes, comme celle du lycée professionnel Louis Blériot (Marignane) dont la qualité graphique est à saluer, ces campagnes menées par de simples élèves n’ont quelque fois rien à envier aux agences de communication. Ce prix est une bonne manière de moderniser une communication trop institutionnelle, comme le montre avec brio le lycée professionnel Martin Bret (Manosque) qui s’est orienté vers une affiche interactive avec des « flashes» permettant d’être directement redirigé vers un site de soutien aux victimes du harcèlement comme de prévention.
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La maturité du travail accompli par des élèves très jeunes est aussi sidérante : le harcèlement n’est pas un jeu, et les élèves de l’école Jean Moulin (Cavaillon), qui a même créé une brigade d’intervention contre le harcèlement, ou du collège Anatole France (Marseille) l’ont bien compris. Le coup de cœur académique a été accordé à l’école de Caromb (84) où les enfants ont réalisé une vidéo à la signature simple mais efficace : « Mobilisons-nous ensemble contre le harcèlement ». Le lycée les Iscles (Manosque) a quant à lui su émouvoir la MGEN qui lui a accordé son coup de cœur pour une affiche de belle qualité plastique avec un choix de mots perspicace : « En parler, c’est renaître ».
10% des collégiens sont victimes de harcèlement
Luc Launay, l’inspecteur d’académie, s’est dit « impressionné par la qualité de communication » des projets. Il dresse alors un constat : apparaissent « des progrès dans la gestion des situations critiques » avec notamment des protocoles de gestion du harcèlement. Toutefois, le chemin à parcourir est encore long, avec 10% de collégiens encore victimes de harcèlement selon une enquête d’Unicef. C’est seulement depuis 2012 qu’une politique active de lutte contre le harcèlement est menée par le ministère de l’Education nationale. Une action trop tardive mais qui, chez les jeunes de l’académie Aix-Marseille, semble avoir porté ses fruits. Mathilde DOUGADOS
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