Emmanuel Macron, dans son discours de présentation de son plan pour « Marseille en grand », au Pharo jeudi 2 septembre (voir l’intégralité en vidéo en dernière page), n’a pas mâché ses mots pour stigmatiser les « chicayas » entre élus locaux : « je le dis avec beaucoup d’amitié et avec l’envie de réussir avec vous. Mais au fond, l’Etat peut systématiquement arriver en proposant des milliards. Si toujours l’action publique est divisée et les chicayas locaux bloquent l’avancée, ces milliards n’arrivent jamais sur le sol. Mais ça n’est pas la faute de ceux qui les ont dits, avant moi. C’est la faute d’une action collective qui n’arrive pas à s’organiser et se faire. » Au moins les choses sont nommées.
Puis en regardant Marseille, le Président se dit « frappé de voir qu’il y a tout à la fois : une énergie incommensurable, une jeunesse inédite en France et une si grande difficulté à définir ce qu’est l’intérêt général de la ville comme de la métropole. » Et il poursuit : « C’est ça le problème qu’il y a à Marseille. Et ça, ce n’est pas l’Etat qui peut le régler, il peut y aider, y contribuer, déclencher, en poser les conditions, c’est ce que je vais vous proposer, par une ambition et quelques exigences. »
Comment donc changer la donne ? En engagement une démarche partenariale, en consultant les citoyens et en innovant en matière institutionnelle. « Pour ce faire, la Métropole doit faire évoluer sa gouvernance en s’affirmant comme l’opérateur des politiques de transports dans un cadre institutionnel revisité. C’est une condition indispensable et c’est une condition préalable » souligne le Président devant Martine Vassal, la présidente de la Métropole Aix Marseille Provence, du maire Benoît Payan, de sept ministres et d’un parterre d’élus (parlementaires, adjoints de Marseille, conseillers régionaux, …) et de nombreuses personnalités du monde économique et culturel.
Un calendrier à marche forcée
Concernant les structures ad-hoc, encadrant le plan transports et le plan écoles, annoncées à la veille du déplacement présidentiel, le cadre juridique a été choisi ainsi que le calendrier : « sous trois mois, nous devons créer deux outils nouveaux : la Société publique d’intérêt national pour les écoles et le Groupement d’intérêt public pour les transports (…). Sous trois mois, nous devons recruter les chefs de projets compétents. »
Avant cela, « sous deux mois » Emmanuel Macron demande à « Monsieur le maire, Madame la présidente, et la Région » de lui « faire des propositions sur la gouvernance pour mettre en œuvre ces projets et tracer très clairement les mécanismes financiers et l’argent. Sous deux mois parce qu’il nous faut pouvoir avancer vite, parce qu’il y aura peut-être des avancées qui seront souhaitées, pleinement partenariales parce qu’il nous faudra aussi peut être modifier la loi pour le faire. »
Pression maximale sur Martine Vassal
Emmanuel Macron termine son passage sur la réforme de la gouvernance en mettant clairement la pression sur Martine Vassal, : « tout ça n’ira pas sans ces modernisations à rythmes forcés, si je puis m’exprimer ainsi, parce que si on prend le rythme naturel, ça ne marchera pas. Et donc, cette exigence, je vous la demande aussi. » Et de poursuivre : « Je sais, Madame la Présidente, que c’est l’esprit qui est le vôtre. Vous êtes aussi l’héritière, comme vous l’avez dit, Monsieur le Maire, pour ce qui est de votre situation. Je pense qu’il faut la changer maintenant. Parce que si on ne la change pas maintenant, tout ce que je vous annonce, ce seront des annonces dont on dira “Vous ne l’avez pas fait” et je n’y serai pas pour grand-chose. J’aime pouvoir rendre compte de ce que je dis, donc j’aurai la même exigence. »
L’hôte de l’Elysée salue au passage la ministre impliquée sur ces sujets, Jacqueline Gourault Ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Emmanuel Macron annonce un texte de loi qui reviendra au Parlement « tout début décembre. »