Alors que le débat sur l’avenir énergétique s’intensifie et que la France doit, dans les prochains mois, préciser sa trajectoire en la matière, l’annonce par le gouvernement du lancement d’une mission chargée de « repenser le soutien public aux énergies renouvelables et au stockage » a immédiatement fait réagir le Syndicat des énergies renouvelables (SER), qui craint un infléchissement de l’ambition française en matière d’énergies décarbonées.
Dans un communiqué diffusé le 4 décembre, le SER, qui représente plus de 500 acteurs du secteur, dénonce ainsi la tentation de présenter les énergies renouvelables comme un coût excessif pour la collectivité. « Cette initiative ressemble beaucoup à un acte préparatoire à une baisse de l’ambition sur les énergies renouvelables, en jetant le discrédit sur ces filières. On voudrait faire croire aux Français qu’elles représenteraient un gouffre financier qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! », met en garde l’organisation, rappelant que les dispositifs de soutien, passés comme présents, sont déjà documentés de manière exhaustive par la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
« La France n’a pas besoin d’un énième audit »
« La France n’a pas besoin d’un énième audit de filière des énergies renouvelables », souligne le SER qui dénonce « l’amalgame », jugé délibéré, entre les charges historiques de service public – par nature irrémédiables – et les dispositifs nécessaires pour soutenir, à l’avenir, l’ensemble des moyens électriques décarbonés. Le SER souligne que ces soutiens deviendront d’autant plus indispensables dans l’hypothèse où les prix de l’électricité resteraient durablement bas, une configuration qu’il qualifie d’« opportunité » pour la compétitivité, le pouvoir d’achat et l’électrification des usages.
« Les filières ENR électriques n’ont rien à cacher », insiste le syndicat, qui appelle à une évaluation plus globale, incluant l’ensemble des filières chargées de contribuer à la décarbonation, du renouvelable au nucléaire, et à la nécessité de lever les verrous réglementaires qui freinent encore le développement du stockage électrique, un levier permettant de rendre les énergies renouvelables « pilotables » et donc stratégiques dans le mix futur.
« Quand on veut tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage… » (Olivier Nyssen, président du SER)
Enfin, le SER appelle le gouvernement « à ne pas regarder le soutien public à la transition énergétique comme une simple dépense à perte » mais au contraire comme un investissement permettant de réduire progressivement la dépendance de la France aux importations d’énergies fossiles. Une trajectoire qui s’apparente, souligne-t-il, à un « rapatriement de valeur » au bénéfice des territoires et de la souveraineté énergétique nationale.
« Quand on veut tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage, conclut, dans une formule tranchante, Jules Nyssen, son président. La filière des énergies renouvelables est responsable et prête à examiner les manières d’optimiser encore davantage l’utilisation de l’argent public qui lui est consacrée mais nous souhaitons que cet exercice se fasse dans la transparence et non de manière unilatérale comme si l’on cherchait à désigner un bouc émissaire. »
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