Le port de Marseille Fos veut déployer rapidement la connexion électrique des navires à quai. Cette volonté s’accompagne d’une nouvelle annonce faite par Jean-Marc Forneri, président du conseil de surveillance et Hervé Martel, président du directoire, vendredi 28 juin. Le Conseil de surveillance a voté dans l’après-midi un plan d’investissement supplémentaire de 20 millions d’euros pour la connexion électrique des navires à quai (Cenaq). Ce projet a été lancé il y a plus de deux ans sur les ferries, mais le Port souhaite toujours « continuer ce que nous avons commencer en l’appliquant aux navires de croisières ». Le pari actuel des dirigeants du Port est que 50% des navires accostant à Marseille Fos soient branchés à quai d’ici 5 ans.
Une décision accélérée par le pic de pollution actuel
Ce plan d’investissement est une nouvelle étape dans la volonté de connecter électriquement les navires à quai. Il intervient après la signature d’un accord avec Martine Vassal et le Département le 5 juin dernier. Cette décision intervient alors qu’un pic de pollution touche actuellement la cité phocéenne et l’ensemble des Bouches-du-Rhône. Jean-Marc Forneri explique que c’est un « sujet d’actualité en raison de l’épisode caniculaire et de la détérioration de la qualité de l’air dont les navires sont un des facteurs mais aussi un sujet de fond pour nous (…) nous prendrons le temps d’assurer un service de qualité mais nous sommes conscients qu’il faut aller vite ». Hervé Martel observe : « on a accéléré la prise de décision mais c’est en préparation depuis longtemps ».
Un investissement des collectivités territoriales
Les collectivités territoriales, la Région, le Département et la Métropole, participent au financement des 20 millions du plan, la répartition n’a pas encore été définie. Ce budget se compose de 18 millions d’investissement et de 2 millions pour la recherche. Hervé Martel souligne la nécessité « d’un soutien fort des collectivités pour que le prix de l’électricité vendue aux navires ne soit pas trop élevé ». Huit millions d’euros supplémentaires sont aussi nécessaires pour transformer l’électricité de 50 à 60 Hz, un enjeu technique représentant une étape vers la connexion électrique à quai. Les navires payeront plus cher ce nouveau branchement, le Port justifie cette augmentation pour amortir son investissement et en raison d’équipes supplémentaires qui surveilleront les connexions électriques.
Pas une obligation pour les navires
Cette technologie permet d’éviter des émissions notamment la pollution des bateaux à base d’oxyde de souffre et microparticules. Des lois existent déjà en Alaska ou en Californie par exemple afin d’obliger tous les bateaux à utiliser le branchement à quai. A Marseille « le branchement sera un choix de l’armateur, un service supplémentaire mais pas une obligation » précise Jean-Marc Forneri. « Un navire branché à quai pendant une escale produit 0 pollution » explique Hervé Martel. Il rajoute à propos des ferries déjà branchés à quai « ce sont déjà 10 à 15% de pollution en moins sur le port de Marseille ». Sachant que les bateaux de croisières, qui vont bientôt être connectés, consomment quatre fois plus que les ferries.
D’autres mesures en place et à venir
Le branchement à quai n’est pas la seule piste à examiner pour réduire les émissions du Port. D’autres initiatives existent déjà comme le premier navire propulsé au Gaz naturel liquéfié (GNL) qui a été reçu à Marseille ainsi qu’un bateau disposant d’un filtre diminuant de 70% ses émissions d’oxydes d’azote, NOx. Les modifications des normes environnementales comme sur la qualité du fioul sont des éléments essentiels aussi selon les dirigeants du Port, mais elles sont actuellement bloquées au niveau européen par Malte et Chypre.
Les mesures de limitation de vitesse annoncées le 27 juin sont en vigueur jusqu’à décision contraire. Le président du Conseil de surveillance en profite pour expliquer « une diminution de deux nœuds de différence c’est 1/3 d’émissions en moins ». Certaines personnalités proposent même de réduire de 2 nœuds la vitesse de l’ensemble de la flotte mondiale pour améliorer la qualité de l’air globale.
Un plan général pour la fin d’année
La suite de l’ambition pour le port de Marseille Fos est l’utilisation bientôt d’une « énergie autoconsommé à 100% » produite à partir de toitures photovoltaïques. Aujourd’hui le Port achète une électricité « 100% renouvelable » à Enedis. Un projet dans ce sens sera présenté au Conseil de surveillance du port de Marseille Fos avant la fin d’année. Cinaq va s’intégrer dans un programme de plus grande ampleur et avec un plus grand budget à venir prochainement. « Cette décision fondamentale s’inscrit dans un plan stratégique qui sera public en novembre » conclut Jean-Marc Forneri.
Liens utiles :
>[Canicule] Limitation de la vitesse des navires dans le port de Marseille Fos pour diminuer leurs émissions
>[Environnement] Le Département aide le port à accélérer sur le branchement électrique des bateaux
>Pollution : Corsica Linea va brancher trois navires à quai
>Gomet’ Premium : Pollution maritime, le port veut changer dʼair