« Nous sommes les seuls à faire une offre qui vient de l’interne, une offre issue du management », confient à Gomet’ Nicolas Ciccione et Thierry Bongiovanni, respectivement directeur e-business & relation client etdirecteur commercial retail & wholesale de Kaporal. Salariés du groupe depuis 10 ans, les managers d’une cinquantaine d’années ont déposé une offre au greffe le 22 mai dans l’espoir de sauver leur groupe. L’examen des offres de reprise aura lieu le 22 juin, afin que le tribunal de commerce de Marseille rende sa décision début juillet.
Le groupe Kaporal en six entités (441 postes en CDI)
Kaporal stores : commercialisation des produits via le réseau de boutiques succursales (303 postes)
Kaporal collection : conception et distribution des produits de la marque (31 postes)
Kaporal services : comptabilité, de l’administration des ventes et de la chaine logistique (31 postes)
Kaporal groupe : animation du groupe (36 postes)
Kaporal channels : digital, communication et force de vente (21 postes)
B&B (La Réunion) : exploitation de 4 fonds de commerce à la Réunion (19 postes)
« Nous sommes des amoureux de la marque et de cette entreprise. Nous connaissons les forces des équipes. C’est pourquoi nous proposons une offre de reprise : pas pour un projet financier, mais pour un retour à l’équilibre », assure Nicolas Ciccione. Jugeant« très complexe» l’administration de Kaporal composée de six sociétés, le repreneur propose de créer une seule et même structure qui conservera l’actuel siège social au 20 boulevard Ampère à Marseille (14e).
Construire une « équipe opérationnelle resserrée et soudée »
Cette société aura « vocation à détenir les titres de la société Kaporal Stores », entité regroupant les magasins de l’enseigne en France « laquelle regroupera en outre toutes les autres activités dans un soucis de simplification générale de l’activité et de rationalisation des coûts. »
Le binôme souhaite reprendre l’intégralité des succursales, 82 en France (Stores) et 4 à La Réunion (B & B). Les contrats à durée indéterminée et les contrats en apprentissage des boutiques en France métropolitaine (303 CDI et 27 CDD/apprentis) et à La Réunion (19 CDI) seront conservés, dans un premier temps.
Si les points de ventes sont « essentiels pour l’image de marque et les habitudes de consommation des clients », l’offre envisage de réduire les effectifs au niveau du siège social. Sur les 119 salariés en CDI répartis entre les quatre entités (collections, services, groupe et channels), 74 postes seront conservés supprimant de fait 45 postes. « Outre un endettement trop important, Kaporal a enregistré des frais de structures trop lourds par rapport au niveau d’activité suite à la crise Covid », assument les repreneurs.
Atteindre un retour à l’équilibre rapide
Pour atteindre un« rapide» retour à l’équilibre, bien que le groupe accuse d’un passif de plus de 35 millions d’euros, les professionnels insistent sur la sauvegarde d’un modèle de distribution omnicanal (retail, wholesale et digital). Dans le dossier, que nous avons consulté, le modèle commercial projette de développer davantage le wholesale (ventes aux mutlimarques en B to B) étant « l’activité la plus rentable » et d’augmenter la part du digital (ventes en ligne) en passant de 20 à 30% du chiffre d’affaires.
Les repreneurs précisent néanmoins que les entités Stores et B & B seront gardées en observation jusqu’au 30 novembre, deux mois après la fin de la période de redressement judiciaire. A la suite de cette période d’analyse, suivant les chiffres, la potentielle fermeture de sept points de vente, plutôt situés en région parisienne – qui tirent vers le bas les bénéfices avant impôts (le « EBITDA ») – pourrait être actée, entraînant 29 suppressions de postes. En revanche, Nicolas Ciccione préfère assurer que« rien n’est décidé sur ce point avant d’avoir mené la période d’observation. »
Nous voulons revenir à une gestion plus familiale de l’entreprise.
Nicolas Ciccione
L’offre spécifie que d’autres fermetures de magasins pourraient survenir après quatre exercices. « Nous avons un plan très solide là-dessus car nous sommes accompagnés par des cabinets de renom, le cabinet Mazars et le cabinet d’avocat Enthoven&Girard. On sort de la logique LBO [leveraged buy-out (LBO) ou le rachat avec effet de levier est un montage financier, Ndlr] de fonctionnement avec des actionnaires, en revenant sur une gestion plus familiale de l’entreprise. Ce n’est plus la même philosophie que l’on vient chercher », prône Nicolas Ciccione. Les repreneurs souhaitent s’assurer une part majoritaire du capital avec d’autres partenaires (80%) et partager le reste entre les salariés du groupe (20%).
Recentrer l’activité de Kaporal sur le denim
Niveau style, le directeur admet que « les collections se sont sans doute écartée de la cible d’origine » : un homme de 30 à 40 ans qui porte des jeans. « Il y a donc un fort potentiel de reconquête », espère Nicolas Ciccione confiant sur la place de Kaporal sur le marché du prêt-à-porter français (représentant 95% du chiffre d’affaires).Les collections seront ainsi recentrées sur les modèles de jean. « Nous avons perdu des parts sur le marché du denim alors que cet ADN doit faire le tronc de notre identité. »
Au même titre que l’enseigne marseillaise de doudounes Jott, les repreneurs entendent réaffirmer l’ancrage territorial de la marque, très populaire en dehors de la capitale.« Kaporal est plus une marque qui vend une émotion en région qu’une marque parisienne », rappelle le dirigeant, enthousiasmé par ce nouveau challenge.
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