Le festival vitrollais a placé sa 5e édition, qui s’est tenue du 20 au 24 juillet, sous le signe du renouveau après deux ans de restrictions sanitaires. Avec une clôture magistrale grâce au groupe mythique Toto, qui a enflammé le domaine de Fontblanche.
C’est dans le superbe cadre du domaine de Fontblanche à Vitrolles que s’est tenue la 5e édition du festival Jardin Sonore, orchestré par la société spécialisée dans l’événementiel Village 42 (Arles). Pour ce retour à la vie – après une édition 2020 annulée et une édition 2021 mitigée en raison du covid-19 -, l’équipe avait prévu du lourd. Objectif : faire revenir les festivaliers avec une tête d’affiche minimum par soir. Le chanteur M a ouvert le bal mercredi 20 juillet, puis a été relayé par le rappeur Orelsan le jeudi 21.
Vendredi soir, c’était un public moins nombreux mais néanmoins intergénérationnel et motivé qui s’est réuni pour acclamer Louane, laquelle a assuré le show bien que malade, et Francis Cabrel. Le chanteur de 68 ans originaire d’Agen, qui n’a rien perdu de sa voix et de son déhanché, a repris ses plus grands succès – la Corrida, Petite Marie, Je l’aime à mourir, Encore et encore -, pour le plus grand plaisir des nostalgiques.
Jardin Sonore : clôture rock’n’roll avec Jeff Beck, Johnny Depp et Toto
Samedi soir, l’affluence était plus importante pour une clôture très rock’n’roll : dès l’ouverture des portes à 17h, ils étaient déjà plusieurs centaines de spectateurs massés devant la scène principale du festival à attendre l’arrivée prévue pour 20h du guitariste Jeff Beck, certes, mais surtout son prestigieux invité : l’acteur Johnny Depp. Ce n’est pas tout les jours que le capitaine Jack Sparrow accoste à Vitrolles … Au total, ce sont pas moins de 6000 personnes qui se sont pressées pour cette clôture (voir l’interview du directeur général ci-dessous).
A invités exceptionnels, consignes exceptionnelles émises par la prod des artistes : pas de photos ou de vidéos dans les médias. Les appareils des photographes ont même été confisqués le temps du show (raison pour laquelle nous ne pouvons pas vous partager les images du concert dans cet article). Dans le public, deux camps se distinguent : les aficionados du rock, venus acclamer Jeff Beck ; de l’autre, les groupies et curieux venus voir de près un Johnny Depp tout juste sorti de son tumultueux divorce. Au bout de trois heures d’attente, les premiers vrombissements de la guitare électrique de Jeff Beck retentissent : son acolyte, lui, arrive quelques chansons plus tard, guitare électrique également à la main. Le show durera environ 1h30. A l’issue de leur prestation, l’acteur ne prend pas de bain de foule : les fans doivent se contenter des quelques unes de ses copies déguisées en Jack Sparrow et disséminées dans le public, qui se sont pour leur part prêtées bien volontiers au jeu des photos.
Mais c’est finalement Toto qui a véritablement enflammé la scène du festival : Rosanna, Hold the Line, et la célébrissime musique Africa repris en choeur par le public … Le groupe,qui fête ses quarante ans d’existence malgré la perte de plusieurs membres, donne toujours autant d’énergie sur scène. Entre chaque tube, Steve Lukather le guitariste et le chanteur Joseph Williams dialoguent volontiers en franglais avec le public.Un grand moment musical, marqué par une émotion collective : celle de se retrouver ensemble après deux ans de pandémie et de vibrer sur des musiques indémodables.
Trois questions à Alexandre Langlais, directeur général de Village 42
Quel bilan tirez-vous de cette 5e édition ?
Alexandre Langlais : C’est encore un peu tôt pour le dire. Globalement, c’est plutôt positif : nous avons réussi le pari de faire revenir le public, après une édition 2021 encore très marquée par le covid. Nous avons accueilli 22 000 personnes sur les quatre jours, dont 6000 pour la soirée de clôture. Aujourd’hui, la crise sanitaire est d’ailleurs encore présente et elle se ressent. J’ai la sensation que les festivals sont les derniers endroits où les gens reviennent.
Quelle est la spécificité de cette édition ?
Alexandre Langlais : Nous avons revu toute l’organisation de l’espace et ajouté une troisième scène. En outre, nous avons conservé le format de quatre jours, déjà expérimenté en 2021 (l’édition 2018 était sur deux jours, celle de 2019 sur trois, ndlr). Mais c’est un format très éprouvant pour les équipes. Nous ne sommes pas sûrs de le conserver pour 2023.
Village 42 organise de nombreux événements culturels. Globalement, comment se porte l’industrie du festival ?
Alexandre Langlais : Le modèle économique est toujours très compliqué. Il faut savoir qu’un festival n’est jamais rentable, du moins pas sur la billetterie. Pour donner une idée, l’organisation d’un festival comme Jardin sonore coûte environ 1,8 million d’euros et on estime pour l’heure les pertes entre 100 000 et 150 000 euros, sans avoir encore les retours de la consommation pendant le festival. En effet, on gagne de l’argent sur les à côtés : la buvette, les food-trucks … C’est pourquoi de nombreux festivals développent de plus en plus l’expérience, avec des jeux, du camping, des attractions … En outre, l’inflation est passée par là : elle se ressent notamment dans les prix des artistes qui demandent des cachets colossaux. Ils ne semblent pas avoir conscience de la situation des festivals.
Par ailleurs, un festival est très énergivore et polluant, entre les tourbus, les groupes électrogènes, les projecteurs … Nous subissons donc de plein fouet la montée des prix de l’essence et de l’électricité. Aujourd’hui, nous n’avons pas vraiment de moyens probants pour limiter cela, même si nous groupes électrogènes tournent au fioul vert.
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