Avec 190 boutiques, 10 millions de visiteurs par an et 62 700 mètres carrés… les Terrasses du Port doivent massivement réchauffer et rafraîchir toute l’année. Dans le but d’économiser 70% de ses émissions de gaz à effet de serre, le centre comercial raccorde le réseau de géothermie marine Thassalia, filiale d’Engie Solutions, installée sur le Grand port maritime de Marseille (GPMM). Un contrat de 10 ans scelle ce raccordement qui s’inscrit dans une démarche plus globale du groupe Hammerson (Les Terrasses du Port) de réduire sa consommation énergétique au cœur du quartier Euroméditerranée.
La géothermie marine exploite la différence de température entre l’eau chaude de surface et l’eau froide des fonds marins, qui est pompée grâce aux canalisations. Sur la côte, des échangeurs et des pompes à chaleur permettent de produire, selons les besoins, du chaud à 60 degrés ou du froid à cinq degrés grâce à l’eau marine, qui est ensuite acheminée jusqu’aux bâtiments raccordés au réseau de trois kilomètres.
Un réseau de 3km pour optimiser la distribution d’énergie
Inaugurée en 2016, la filiale Thassalia développe rapidement son tissu de client dans le quartier Euroméditerrannée, à l’instar des Docks Villages, du cinéma de la Joliette, de la Tour La Marseillaise, des logements et bientôt la Cité scolaire Internationale de Marseille. « Cette distribution au niveau du quartier permet de “foisonner” les besoins » analyse Patrick Berardi, le directeur général de Thassalia. Autrement dit, les bâtiments raccordés ne manquent pas d’électricité car ils n’en demandent pas la même quantité en même temps. Quand le cinéma en tire majoritairement le soir, le centre commercial en puise plutôt la journée, ce qui permet de « n’utiliser que 65% de la puissance de la centrale » explique Mr. Berardi.
Pour raccorder la centrale de géothermie aux Terrasses du Port, dix mois de travaux ont été nécessaires pour une enveloppe globale de trois millions d’euros (1,4 million pour les travaux et 1,6 million pour le raccordement). Marie Canton, la directrice des Terrasses du Port, explique cet investissement. « Avec Thassalia, nous achetons la juste quantité nécessaire et cela 24h/24h et 365j/365j » contrairement aux anciennes installations.
Pour Michel Mathieu, directeur des opérations Sud-Est chez Thassalia, l’énergie maritime véhiculée par la centrale assure aussi « la réduction d’îlots de chaleurs urbains ». En effet, « quand on fait du froid, il faut rejeter du chaud » alors que la solution de géothermie est « prête à consommer » explique Patrick Berardi. La formation de ces îlots présente des problèmes majeurs en ville qui favorise le réchauffement climatique, comme le spécifie un rapport de l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam) en 2018, structure qui soutient en parralèle Thassalia à hauteur de 3,3 millions d’euros.
Une volonté globale, plus écologique
Marie Canton, rappelle que « le centre ne pourra jamais être zéro carbone du fait de son activité commerciale », mais elle présente les projets [en cours et futurs] pour minimiser l’impact énergétique de ce temple de la consommation. Lors de la construction du centre en 2014, une déchetterie est intégrée, en partenariat avec Veolia, afin de valoriser 80% des déchets. Puis, en 2020, 5 000 mètres carrés de ferme photovoltaïque sont installés sur le toit pour produire 20% de ses besoins en énergie, soit 1 446 MWh par an.
D’ici 2022, une station de micro-méthanisation, méthode naturelle de dégradation des déchets organiques sans oxygène, ainsi qu’un centre de tri seront utilisables. Marie Canton explique ce choix stratégique par la volonté de « maîtrise des coûts et des transports. » Dans le même sens, le raccordement à Thassalia permettrait, à terme, de réaliser des économies financières sur le coût de l’énergie. Selon la directrice, un an d’exploitation sont requis pour analyser si l’énergie distribuée par Thassalia représente autant un avantage économique qu’écologique.
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