Le 1er forum Nos énergies en question(s) organisé par Gomet’, avec ses partenaires Centrale Méditerranée, le réseau Grandes écoles Région Sud et France Nature Environnement des Bouches-du-Rhône a créé un espace de croisement, d’échanges, de débats inédits.
Toutes les générations étaient représentées, des étudiants de première année au professeur honoraire, des stagiaires aux militants blanchis dans tous les combats écologiques. L’amphithéâtre Joule, si bien nommé pour cette journée à l’Ecole Centrale, offrait un temps et un lieu de rencontres parfois surprenantes.
A la tribune même, pouvaient se succéder le commissaire à l’industrialisation, Régis Passerieux, prônant et promouvant l’installation pour huit milliards d’euros de nouvelles usines dans la zone de Fos; alors que quelques heures plus tard à la même tribune un responsable associatif déplorait que l’on crée des industries de main-d’œuvre dans ces espaces-là.
Paradoxe aussi qui vit s’exprimer largement le responsable régional de RTE, Gilles Odone, avec des contestations qui ont pu se faire entendre sans cri, ni chahut, mais dans une écoute, faite de respect et de recherche du bien commun. Ce n’était pas le royaume des bisounours, car les enjeux sont importants et les arguments ont tous une légitimité. Mais chacun a pu lors de cette journée, riche et dense, présenter, développer, confronter ses analyses.
Décarbonation : un territoire en transformation
Ce qui est acté est la transformation puissante de notre territoire. Le temps des énergies subies, des solutions venues d’ailleurs est révolu. Le solaire comme l’éolien en mer se développent et vont se développer en Provence Alpes Côte d’Azur apportant une transformation géographique, urbaine, sociale, que nous n’avions pas connue depuis les deux vagues d’industrialisation de Fos-sur-Mer dans les années soixante-dix et de la microélectronique dans la Haute Vallée de l’Arc dans les années quatre-vingt-dix.
Oui, les paysages vont bouger, des vieilles industries vont se décarboner, certaines vont disparaître, d’autres naissent avec une création d’emplois, de flux et richesses à la clé et un positionnement de la métropole au cœur de ces transitions. Plusieurs intervenants ont alerté sur le fait que cette fenêtre de tir, ce temps des projets, cette attractivité reconnue ne perdureront pas si l’on ne saisit pas la balle au bond.
Une mutation bottom up
Le projet Piicto qui fédère l’ensemble des industriels réunis comme jamais autour de la décarbonation et de la modernisation de leurs entreprises, le projet Deos qui prépare le port à recevoir les activités de construction, de gestion, de maintenance des éoliennes en mer, la nomination d’un préfet comme commissaire chargé de coordonner, aiguillonner, imaginer ce développement, les concertations acceptées et promues par les différents acteurs sont des bons signes reconnus par tous.
Originalité de ces échanges : il n’y avait pas d’un côté des écologues de l’autre des entrepreneurs. Mais des entreprises soucieuses de leur impact environnemental, en recherche de solution consensuelles. Exemple les dérives de l’agrivoltaïsme ont été dénoncées par les acteurs industriels eux-mêmes ; de la même façon les professionnels de l’éolien en mer ont présenté l’ensemble des risques que fait courir la mise en place d’éoliennes en mer pour la faune, la flore, la pêche, le tourisme.
Des entreprises citoyennes
Ces entreprises citoyennes se soumettent maintenant à la concertation et ont appris le dialogue, à hauteur d’homme, sensible, parfois éruptif avec les citoyens. L’apprentissage de cette nouvelle façon d’aménager et d’industrialiser s’impose à tous.
Tant du côté des entreprises que du côté des citoyens pour appréhender des réalités complexes, c’est le terme employé par l’écologue Thierry Tatoni, vigilant sur la biodiversité, mais ouvrant, comme bien d’autres intervenants, la voie a des compromis nécessaires.
Toute production d’énergie est intrinsèquement génératrice d’effets négatifs pour la planète ou pour la société. Et si l’appel à la sobriété est bien entendu, la transition impose une mutation vers l’électricité et une plus grande production d’électricité pour qu’à l’horizon 2050 nous ayons renoncé aux combustibles carbonés. Cet impératif remet en perspective tous nos débats, mais ne résout pas magiquement le problème. Chaque projet doit prendre en compte une multiplicité d’intérêts pour beaucoup légitimes, d’externalités, négatives pour les uns ou moins pour les autres, et accepter une analyse coût bénéfice en renonçant aux idéologies et en pensant d’abord à notre futur.
A suivre, nos interviews vidéos et la publication des cahiers énergie de Gomet’ consacrés au solaire et à l’éolien
Rendez-vous le 8 janvier 2025 pour le 2e forum “Nos énergies en question(s)” dédié à l’hydrogène et au nucléaire